Archives de catégorie : MES CARNETS DE VOYAGES (+photos…)

De Marseille au Royaume Uni et Irlande….

De Marseille au Royaume Uni et Irlande…. mai, juin, juillet (en passant par Paris évidemment !)

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15 mai

7h30- JJ_ Le jour se lève et la mer azur nous nargue. C’est jour de grand départ…

17 mai

Bel après-midi sur France5 (enregistrement), puis un verre à « L’ Aulnay » à la mémoire de mon ami Mahmoud Bessaih.

19mai

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak vient de l’annoncer: le Centre Beaubourg, l’un des plus importants musées d’Art moderne et contemporain dans le monde, où je me trouve actuellement et où je me trouvais _ déjà _ lors de son inauguration au tout début de l’année 1977 (nous y avons suivi un cours avec Madeleine Rebéirioux devant le parvis en présence de non étudiants et de curieux très curieux), eh bien, ce magnifique Centre de la vraie grande Culture populaire, qu’on a appelé (par erreur ou incompréhension,) « L’Usine », fermera ses portes pour rénovation durant 5 ans à compter de décembre 2025

24mai

Je suis passé hier mardi 23 mai 2023 le long des quais du Nord-est parisien, venant de la gare du Nord ma station « d’entrée » dans la capitale. Quelques jours auparavant, j’avais rendez-vous au quartier très huppé des « Champs » sur la traverse entre Matignon et Marigny. Un autre monde. Il n’est pas le mien et ne l’a jamais été. Qu’à Dieu ne plaise. Des gens qui regardent les autres de haut, qui pas même vous toisent, qui passent le pas pressé sans jamais en faire un de côté, la tête mauvaise et la culotte souillée. C’est qu’ils (et qu’elles) font dans la dentelle, messieurs-dames. « Mais qu’y faisais-tu alors ? » pourriez-vous à raison objecter. « Obligations » vous répondrais-je alors, obligations. Revenons maintenant aux belles choses du nord-est. 

Je me promenais hier mardi dans les rues de Paris. Je suis passé devant les quais du Nord-est parisien. Celui de Jemmapes a bien changé, pas la façade du mythique « Hôtel du nord », albâtre, fatiguée. Qui l’accepterait ? Le temps n’invitait pas vraiment à la promenade, vent et grisaille, et cela tombait bien. Je me suis engouffré dans le café qui fait l’angle de la rue de la Grange aux Belles, le « Caoua ». Ne croyez pas que j’y suis entré par hasard. Non. Ce lieu qui a changé d’enseigne a marqué une partie de notre longue vie parisienne. Et le constat est amer. Le Pont Tournant n’est plus ni sa patronne « canal historique ». Son temps a passé et celui de Jeniya aussi. Ainsi que le nôtre, celui de tous nos amis oranais. Cela avait duré plusieurs années des 70-80. 

Les jeunes patrons m’ont dit du bien de « la vieille dame », Jeniya, qui leur a vendu le bar. Ce n’est d’ailleurs plus un bar mais une sorte de faux bistrot où l’on peut déguster un café, un laid chaud, une tartine, luncher et déjeuner sur le pouce. Au premier étage on peut même travailler (ou jouer) sur son ordinateur.

En ce temps-là, celui des années raï balbutiantes (merci Libé, merci Europe 1 !), la veille de l’inauguration du Salon du livre, au mois de mars de chaque année (ou presque), notre ami Razi prenait le train pour se rendre à Paris qu’il avait quittée pour le soleil du Sud. Il y demeurait généralement une semaine. La journée, durant le Salon, il arpentait ses allées à la recherche de nouveautés, à guetter l’arrivée des écrivains qu’il appréciait pour des interviews. Durant des heures. Sur un coin de table, entre un verre de peu importe quoi et un enregistreur, dans un brouhaha digne du bourdonnement du grand souk de Marrakech ou celui de Marseille, il préparait ses articles. La visite et le travail terminés, il errait dans la ville une ou deux heures durant, volontairement seul, à la recherche d’une respiration, d’un souffle, d’une inspiration. Le soir venu, elle le retrouvait ici même au Pont tournant. C’est ici, dans ce bar, que Razi aimait la rencontrer – lorsqu’elle ne faisait pas son cinéma – ainsi que quelques amis de jeunesse. Le Pont tournant avait longtemps été leur Mecque. Les amis s’y retrouvaient et ensemble refaisaient le tour du monde. Aujourd’hui tous les mars sont passés et les amis aussi. 

Si je suis revenu à ce qui fut Le Pont tournant, c’est pour y sentir l’arôme, les traces de mes amis, retrouver les souvenirs qu’ils y ont répandus. Nous sommes tous éparpillés. Le Pont tournant se trouve sur le quai de Jemmapes à Paris, et ce jour-là, j’y étais, Razi se demandait si sa Lolita arriverait à le situer ? Le bar-restaurant était à l’époque tenu comme un commandant tient son vaisseau ou un brigadier sa brigade. La tenancière était une fille du Bled, Jeniya la diablesse, la vraie, bent Saïda. Elle connaissait chaque client qu’elle désignait par son prénom et son origine. « Hé toi Razi fils d’Oran » ou bien « Viens que je t’embrasse Kader fils de Mascara. À tel ou tel, elle lançait parfois « Rak h’na weld el hlal ? » Toujours avec bienveillance, toujours avec cet accent qui oscille entre le parler fanfaron des parvenus de la côte ouest et le parler vernaculaire des hauts plateaux, à la frontière du feu. Jeniya était pour tous tout à la fois la sœur, l’amie, et pour d’aucuns, la mère. C’est dans ce bar que Razi retrouvait chaque année ses amis d’enfance et d’adolescence, au moment du Salon du livre. Elle, elle était jeune, trop jeune, et ses amis l’apercevaient comme cette la Lolita de Vladimirovith, maligne et luisante comme un ciel pur de mai plus que de mars au crépuscule ou à l’aube, qu’on ne quitte pas des yeux. En réalité elle était sucre perlé sa Lolita. Il l’aimait ainsi. 

Ils ont, ses amis et lui, subi les mêmes enseignants et suivi les mêmes cours durant de nombreuses années. Depuis la première année de collège à Oran jusqu’à Hammou Boutélis et lycée Lotfi. Ils ont fait les quatre cents coups ensemble, jusqu’à ce que le destin de chacun prenne son envol pour le Nord, pour telle ou telle raison, indépendamment des autres. Ils se sont perdus de vue durant de nombreuses années. Puis chacun d’entre eux – hasard encore de la vie – s’est retrouvé à 20 ou 24 ans dans la capitale française. La renommée du troquet de Jeniya les a aspirés, puis les a entraînés à un moment ou à un autre, vers lui, vers elle. 

Le Pont tournant était un lieu que le Tout-Paris des Oranais affectionnait (et ceux de province aussi). C’est-à-dire le Tout-Paris des Oranais qui n’ont rien contre les bars ni contre les soirées embrumées. Jeniya est une des premières femmes maghrébines que Razi a connues en arrivant à Paris. C’était à la fin des années soixante-dix, bien avant qu’elle ne surgisse elle, Lolita. Quant à Jeniya, elle était incontournable. Aujourd’hui il ne s’avancerait certainement pas, il n’a plus l’âge de l’observation. Ni celui du courage. D’ailleurs, où peut-elle bien se nicher ? Aucun Oranais sérieux ne pouvait imaginer visiter Paris sans faire une halte chez Jeniya. Le Pont tournant était pour le groupe d’amis plus qu’un bistrot. C’était souk el-had, la gare Centrale d’Antwerpen, le port d’Amsterdam. Le Narvik définitif. Le Pont tournant était un havre de rencontres, d’échanges de nouvelles, un monument. Il l’est demeuré peut-être, pour d’autres gens. Pourtant le Pont tournant est un lieu ridicule dans son espace. Sa surface est si réduite au rez-de-chaussée, qu’au-delà de douze pèlerins de Paris ou quinze manchots d’Adélie, il affiche complet. Souvent, le samedi soir, certains clients se tenaient devant le rideau blanc à lanières en plastique de la porte ouverte, une semelle dedans, l’autre sur le trottoir. Le premier étage était réservé à la restauration. Couscous fin de Saïda midi et soir, six jours sur sept (avec en face la passerelle Arletty, nous n’avions qu’à imaginer la légendaire scène « est-ce- que j’ai une tête… » etc). Parfois, à l’occasion d’une fête ou sur un coup de tête – une humeur – elle l’offrait à tous les consommateurs présents. Une dizaine de tables. Sur les murs du rez-de-chaussée, une série de photos en noir et blanc d’acteurs et d’actrices des années cinquante rappelaient la proximité de l’Hôtel du nord (aux façades partiellement décrépies désormais) et le pont sur lequel Arletty s’époumonait gouailleuse jusqu’à perdre le souffle un jour du tournage « atmosphère, atmosphère… », jusqu’à la bonne prise. On connaît la suite.

Lolita avait le regard intense. Elle se positionnait face à Arletty toute en noir et blanc et l’observait sans discontinuer. Ce jour-là elle avait réussi à trouver seule Le Pont Tournant. Elle aimait bien s’approcher d’elle, de la légende. Elle aimait ses yeux charbonnés, la finesse de son visage, elle disait qu’elle était zouina. Elle enviait peut-être sa renommée, elle regrettait peut-être sa disparition. Que savait-elle de sa vie ? Elle dévorait les photos incrustées dans les cadres (0.60m X 0.80m) et parfois l’oubliait, lui, Razi, dont les amis lui demandaient si elle n’était pas lunatique. Il ne leur répondait pas, mais elle l’était en effet. Tout cela a disparu. La belle Garance, à demi-nue épinglée sans amour ni respect, dans une pose suggestive, émoustillait les yeux pourpres et l’air vaseux des clients. Il faut dire aussi que ce ridicule boui-boui (21 m2 au rez-de-chaussée, un peu plus à l’étage) était – l’air de rien – affectionné par Simenon, mais si, celui-là même avec son manteau, sa pipe et son canotier, comme Maigret. Simenon s’installait toujours au même endroit, à la dernière table, dit-on, et se mettait à griffonner des histoires à trembler debout. D’autres hommes du milieu artistique y prenaient un verre, parfois plus. Marcel Cerdan et Mouloudji figuraient en bonne place sur le mur, punaisés comme Arletty, sans pitié. Pas d’amour ni de respect pour eux non plus. Ils accueillaient de leur sourire éternel chaque client attentionné. L’un était accroché à gauche en entrant, près du juke-box (qui sature l’espace), l’autre au-dessus du comptoir, près de la guêpe. Celle-ci, Cerdan et Mouloudji « Quai d’Jemmapes, quai d’Jemmapes, pour respirer un peu d’air frais de ce bon vieux quartier. Passez la monnaie, passez la monnaie… », étaient souvent le point de départ de discussions infinies et agitées – because le houblon, la mousse, bien sûr – pour impressionner ou peut-être juste un prétexte pour inviter d’autres clients pas encore éméchés, locaux ou étrangers, venus à la découverte de l’Hôtel du nord mitoyen, prêts à festoyer avec Jeniya, qui finissait toujours par offrir sa tournée. « Tu sens bon Lolita », révélaient à l’autre, certains qui l’avaient à l’œil. Ceux-là, maladifs qu’ils étaient, aimaient souvent jauger du niveau de connaissances des uns et des autres. La Lolita répondait naïvement « Ci Mirac ». Miracle, son parfum préféré, parbleu ! C’était chez Jeniya. Dans ce trou où, au mois de mars lorsque se tenait le Salon du livre, durant de nombreuses années, Razi retrouvait quelques amis de jeunesse pour des moments de fête. Et elle, au centre, rayonnante. Puis, les années passant, ses amis sont devenus louches et insupportables. Le Salon du livre et les articles de presse, il les a abandonnés. Et elle, qu’est-elle devenue ? j’aimerais tant le savoir. Lui, Razi, habite à Stockholm avec Katarina sa compagne (qu’il a connue à Paris sur les quais de Jemmapes je ne plaisante pas) et leur jeune-fille, Éva-Housia. Il ne vient plus, à ma connaissance, au Salon du livre de Paris. Il ne donne presque plus de nouvelles.

Quant à moi, si, comme aujourd’hui alors que mars est passé, je reviens malgré tout en ce lieu qui n’est manifestement plus le nôtre malgré son nom, c’est pour y retrouver les traces de mes amis. Le quai de Jemmapes a bien changé, pas la façade du mythique « Hôtel du nord ». Le temps n’invitait pas à la promenade et cela tombait bien. Je me suis engouffré dans le « Caoua », mais Le Pont Tournant n’est plus. Son temps a passé et celui de Jeniya ainsi que le nôtre, celui de tous nos amis oranais. Cela avait duré plusieurs années, les plus belles à ce jour. La mémoire, Dieu merci est plus forte que tout. Pour l’heure. Et le présent offre à qui veut une nouvelle Jeniya, une nouvelle offre faite de caoua, de laid chaud, de tartine. À propos, je vous dis bonne journée, je me dirige derechef chez Tartine (ex Trartine). N’avez-vous jamais entendu parler de Tartine ? Non ? Vous ne savez rien de Paris alors ni de la rue de Rivoli. Bonne journée.

AH. 24.05.2023, retravaillé.

24 mai

Me voilà à la BNF F. Mitterrand. On me dit ça et là « arrête avec les souvenirs ! » Mais comment faire l’impasse sur ce qui nous a façonné ? Dans ce lieu j’ai passé des journées entières, entre 600 et 900 jours ! (Plus de deux années cumulées) durant 1995-2000. Ces photos pour remercier en quelque sorte…

1_ Dimanche 28 mai 2023_ 

Hier, samedi, j’ai parcouru les boulevards Magenta, Rochechouart, Clichy. Jusqu’à la Place et la colonne Moncey. Plusieurs tréteaux remplis de livres de toutes sortes. J’achète « Serguei Eisenstein » dans la série « Cinéma d’aujourd’hui (celui des années 60) pour un euro. Des jeunes du « Mouvement fédéraliste panafricain » se préparent à une marche de ce lieu jusqu’à la Place Stalingrad. Pour l’heure ils ne sont qu’une petite douzaine à distribuer des tracts.

Au Pathé Wepler on projette plusieurs films dont, en salle 2, Omar le fraise. J’ai rendez-vous vers 17h avec mon ami H. J’ai le temps de voir le film (15 € et pas de pitié pour tous ceux qui ont passé les plus hauts caps). Que dire du film ? Une comédie sympathique dans laquelle Réda Kateb, Benoît Magimel, Meriem Amiar sont magnifiques. Un film (franco-algérien) plutôt drôle. J’ai aimé les images du désert, de la mer, d’Alger et tous ses apprentis bandits abandonnés…

À la sortie, j’ai longé l’avenue de Clichy et de Saint-Ouen, jusqu’à la poste où plonge (si on veut) la rue Lamarck. Je la remonte jusqu’à la place Froment face à la caserne des pompiers et pénètre dans le bar Le Sap’heur, dont le nom est vraiment tiré par le bout des cheveux. Un 51 s’il vous plaît. Le serveur (patron certainement, Farid) est fort sympathique. Le clientèle m’a l’air aisée, intello à l’ouïe des discussions. C’est un petit bar, mais presque toutes les tables sont prises. J’ai pensé à Kamel Daoud. Il avait été interviewé ici-même par France Culture, il y a quelques semaines. Je l’ai perdu de vue (de lecture aussi) depuis le dernier SILA et son roman photo avec Depardon.

Il a écrit ce jeudi un article sur le point (son Postillon) qui ne peut laisser indifférent. Comme très souvent : « (dans les pays dits « arabes), On y préfère Bachar el-Assad au nom de l’appartenance et de l’identité invaincue, à Zelensky au nom de la liberté universelle. » Ce qui est formidable c’est que (en vrai intellectuel) Kamel Daoud ne laisse pas indifférent. Il est rugueux, pas lisse donc et « double-face ». S’il vous plaît. Un mot à son propos. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il écrit. J’apprécie nombre de ses idées. Pas toutes. Mais j’aime beaucoup ses articles car ils secoue le vieux cocotier. D’ailleurs aussitôt le lendemain (jour saint vous rendez-vous compte !) les gardiens du Grand temple, les nationalistes-radicaux (« Le harki », « la France, la France, la France », insultes et compagnie… lui sont tombés sur la tronche (vous savez ceux qui, par exemple, tiennent à leur poste…) Ils insultent, mais n’écrivent pas des textes argumentés.

– Hé monsieur, tu t’égares…

– Désolé, oui, merci. Je reviens à ma journée.

J’ai pris le métro et me suis rendu directement à l’Opéra Garnier. Un magnifique soleil surplombe la ville. Et un chanteur fait le bonheur de la foule agglutinée sur le parvis. (Au passage, la vidéo d’hier a été vue par plus de 300 personnes) 

Mon amie M. n’est pas disponible à cette heure, mais mon ami H. est arrivé à l’heure. Salamalecs…. 

Salut Paris…

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2_ Lundi, je découvre Calais, Sangatte et se sont des images insupportables qui me viennent à l’esprit. Celles de l’intolérance, de la xénophobie, de la haine… J’y suis, au bord de la plage. Le patron du café Alexandria et ses clients semblent pourtant fort agréables reprenant les refrains des plus beaux hits des années 70. C’est vrai que c’est dimanche de Pentecôte et les esprits sont à la joie.

La traversée vers Folkestone, ce matin de mardi est plus rapide que je ne la prévoyais. 35 minutes dans le Shuttle. Pour le reste…embouteillages à l’arrivée de Londres. Situation aussi infernale que celle de Paris. Un pot, deux autour de la City…

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3_ Jeudi 1° juin 2023

Nous nous sommes (C et A) égarés dans les méandres du métro labyrinthique de Londres. C’est pourquoi nous ne sommes allés ni à Piccadilly, ni à Soho visiter le magasin « Algérian

Coffee Store ». 

Bristol se réveille sous un ciel maussade et un vent vif, piquant. L’Avon qui la traverse attend que les clients se pressent sur ses embarcations ou sur ses rives et les centaines de parcs qui l’entourent. Le soleil est agréable. Les touristes ne se précipitent pas encore dans ses marchés colorés. C’est la ville de Carry Grant et de Hannah Murray.

Visites des quais, des marchés, boats…

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4_ Dimanche 4 juin

Ah, Bristol. Ah Bristol disais-je… Si la nouvelle (bonne) reçu à Bristol se confirmait, je serais très heureux. J’y reviendrai (éventuellement). Bristol est (aussi) le pays du papier-cartonné dit « bristol » où il est né. Cette belle ville est aussi celle de Edmund Burke, un homme d’État, et philosophe du 18°, profondément conservateur. Passons donc.Nous voilà à Cardiff, la ville du rugby par excellence (Le Cardiff Rugby FC), mais comme je n’y connais rien… Déambulations dans le cœur de la ville très dynamique et jeune… Un petit tour en péniche, visite du château.

Swansea est plus petite, mais très touristique. On a retenu la superbe marina où est statufié pour toujours Dylan Thomas. Le théâtre, le musée, des places, des rues… portent le nom du grand poète, un des plus grands du siècle dernier. Après la visite du Centre qui lui est dédié, nous avons pris un verre au « No Sign Bar » où il était un client régulier (dit-on), avant de détruire son corps à New York. Il eut le temps d’écrire une épitaphe : « After 39 years, this is all I’ve done »

Loin de la confusion, telle est la voie 

Tel est le prodige que l’homme sait 

Loin du chaos parviendrait la joie. 

Cela est la beauté, disions-nous, 

Enfants émerveillés par les étoiles, 

Cela est le but, cela est le terme. 

N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres, 

Traduction d’Alain Suied. (in www. Esprits Nomades)

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Vendredi 9 juin 2023

Un saut de la poésie de Swansea à son faux passé de Far West et ses vallons et ses fermes et ses herbes verdoyantes presque artificielles. Puis au mythe de Liverpool. Double mythe : Foot et Musique : Moi évidemment, je suis plutôt Musique : It’s been a hard day’s night, and I been working like a dog/ It’s been a hard day’s night, I should be sleeping like a log/ But when I get home to you I’ll find the things that you do/ Will make me feel alright…

Lundi 12 juin 2023

Après que la fureur du quartier des Beatles à Liverpool et celui des clubs de foot fut tombée, on a poursuivi notre route, l’esprit de nouveau revigoré, plein de chants de supporters et de Révolver, Yellow Submarine, Imagine, Hey Jo, Michelle… Nous voilà Édimbourg (Edinburgh ou en gaélique Dùn Èidin… tiens tiens… on dirait que cela vient de chez moi…) célèbre ville universitaire (notamment dans le domaine de l’informatique, médecine…) Ne pas oublier le Scott Monument édifié en l’honneur du grand écrivain né à Édimbourg, Sir Walter Scott. (1771-1832)

Célèbre aussi pas son château du 10° siècle, par son Parlement… On y trouve également l’une des plus importantes bibliothèques du Royaume-Uni. Magnifique ville, très animée ces jours chauds de juin (malgré un vent irrégulier, frais : vous vous recouvrez et découvrez sans arrêt. Il fait chaud, il vente. Il fait chaud, il ne vente plus… Mais la fête est partout surtout sur les hauteurs, dans la vieille ville. Un dernier mot, n’oublions pas les maîtres à penser Adam Smith ! et David Hume Philosophe des Lumières écossaises… Mettons-nous à leur (partielle évidemment, partielle) lecture (ou relecture)… Bon courage !

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LIVERPOOL

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Jeudi 15 juin 2023

Il y a tant de choses à dire à propos du voyage en cours. Il y a tant et tant, mais les mots ne se bousculent pas, comme pour ne pas rajouter à la charge combien lourde. L’épuisement n’est jamais loin, et se manifeste même, après une mobilisation quasi non-stop de plus de 45 mois (hors vacances). Un lecteur me demande de « voyager en silence , nous on a mal de ne point voir, dit-il, ce monde », mais je trouve qu’il a tort, que partager est une belle façon d’atténuer les frustrations. Je pense que le « service minimum » à l’égard de ceux qui lisent (même sans réagir) est une nécessité. Alors voici la suite (légère donc) de ce safari sans animaux (ou presque !)

Nous avons poursuivi sur Perth. Nous y sommes entrés par le long pont qui enjambe la Firth of Forth qui ouvre sur la Mer du Nord. Un lieu important concernant la conservation de la nature.

Nous y avons traîné quelques heures dans cette ancienne capitale (pendant trois siècles) de l’Écosse (l’état d’Australie Occidentale porte ce même nom). Trois photos par ci, trois autres par-là : La Fergusson Gallery, Église méthodiste, Cathédrale Minian’s, Cinemax Playhouse, , La rivière Tay…, Canal Street, South Street, Hight Street.

Nous avons grimpé le Grampian Mountains jusqu’à Braemar et intégré le Cairngorms National Park et Tomintoul qui entame « la route du Whisky et ses distilleries à l’exemple de Dofftown et Cairgellachie…. Nous en avons visité deux (distillerie de Glenfiddish Whisy et The GlenGrant dont la production est expédiée (à 85%) en Italie, ainsi qu’une tonnellerie Speyside Copperage. Les visites sont, selon les propriétaires, gratuites ou payantes. La route est magnifique et le soleil omniprésent s’est égaré du grand sud, jusqu’ à la grande ville du nord, Inviness  (ou : Inbhir Nis) où nous arrivons.

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Samedi 17 juin 2023

De Inviness nous retenons le joli grand pont Le North Kessoc en face duquel nous nous sommes installés (South Kessoc). Puis un grand tour dans Inverness City Centre et ses nombreux pubs, restos… Le Loch Ness évidemment plus tard et son fantomatique monstre que nous avons déniché, bien sûr (voir photo) dans la ville de Fort Augustus célèbre pour ses écluses « calédoniennes ». Ne pas oublier que le terme de « Calédonie » désigne initialement le pays de l’Écosse. Plusieurs petits villages longent le Loch, chacun avec ses particularités. Beaucoup de touristes et de circulation.

Le plus beau des villages s’appelle Mallaig, à la pointe de la mer des Ibrides ; En face se trouve l’île de Skye qui, elle-même donne sur les « Na H-Eileanan Siar » (western Isles). Le tableau de l’ensemble est merveilleux. Il a plu quelques gouttes en fin de journée… Nous rencontrons ici et là des gens super sympathiques, notamment Patrick le Corse immigré à Dufftown qui nous a raconté ses succès et déboires dans le pays de madame Nicola Strugeon récemment arrêtée pour détournement de fonds…, Le Marseillais de la Ciotat enchanté avec sa compagne de l’Irlande plus que de l’Écosse, des alsaciennes rencontrées dans un café et celles (Alsaciennes) qui nous ont pris pour des touristes anglais… Et voilà Oban qui se prendrait pour elle-même, n’était ce « b » qui se prendrait volontiers pour un « r » et la ville pour Oran. Belle ville cette Oban avec ses mouvements portuaires, sa belle crique telle une peinture de Justyna Kopania.

Le monstre …

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Jeudi 22 juin 2023

Nous avons quitté la sage, pour ne pas dire quelconque, ville de Oban à une lettre d’Oran. Sur notre route tout le long, des moutons moutonnent. Il y en a partout, bien sur pattes, bien dodus. Aucun n’est porteur d’angoisse et vit sa vie tranquille… Nous également.
À Lochgilphead au moins un horodateur ne fonctionne pas, « Machine out of order ». Et c’est lui qui nous intéresse. Si j’ai un conseil amical à donner aux voyageurs qui viseraient cette contrée : « ne ratez surtout pas Crinan, à la pointe du Knapdale face à l’île plate nommée (oui, oui) « Jura ». À peine quelques dizaines de présents (résidents et autres), pour ceux qui aiment une comparaison, je dirais idem que Franine (bien avant Kristel/est d’Oran) et aussi jolie, autrement jolie, sans la montagne mais le vert beaucoup plus éclatant.
Plus bas, la ville plutôt morte de Lochgilphead. Nous étions il est vrai dimanche. Et dimanche c’est leur vendredi (après-midi) ici. Plus sympa est Invenaray avec ses longs murs blancs, à l’espagnole, et son église (ce jour-là ouverte aux pauvres auxquels on livrait pour pas cher ou même rien, des sacs de nourriture).
Stireling est une ville populaire, avec des monuments très connus comme l’hôtel, ancien collège, ses vendeurs de cornemuses et pubs sympathiques plus feutrés, moins bruyants, que les bars.
Nous sommes arrivés à Glasgow, à la gare Queen Street par le train. Nous y resterons quelques jours. Nous avons visité quelques quartiers le long de la River Clyde avec sa « Court » pas belle, ses beaux ponts suspendus, sa mosquée (turco-asiatique) sur Gorbals street, le Merchant City et City centre évidemment. 

L’exposition Bansky (la 1° exposition officielle depuis 10 ans) à la Galerie d’Art Moderne de Glasgow (photo) vient d’être annulée. Et vous savez quoi ? Nous n’en avons absolument rien à cirer. Autrement dit: « And you know what ? We have absolutely nothing to wax about » (cela se dit-il ainsi?). Tout ce qui tourne autour de cela est gonflant (gonflant pour son compte à lui le p’tit malin et ceux de ses ouailles)… allez, oust ! (et France Inter devrait elle aussi, aller se coucher avec ce type d’informations merdiques (pardonnez-moi). Oui, car grâce au wifi nous réceptionnons 24/24 depuis le premier jour nous sommes assez au courant des choses et même des pôv moutons du Sud, toujours crédules et naturellement naïfs devant des millions de couteaux plus ou moins aiguisés. Encore quelques villes et villages du sud-ouest écossais et puis, bye bye Scotland…
(Vous comprendrez pourquoi ces comptes-rendus sont brefs, ramassés et directs). 

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Mardi 27 juin 2023

En arrivant à Belfast, j’ai eu une pensée forte pour Bobby Sand et les siens « Je me tiens sur le seuil d’un autre monde tremblant. » Il est mort en mai 1981, cinq jour avant l’arrivée de Mitterrand. Nous habitions alors dans le désert. Nous avions quitté « définitivement » Paris un an auparavant. La lutte des indépendantistes Irlandais (ah Vincennes et ses faux Irlandais !!) nous touchait particulièrement… je pense à un texte. Le temps de le préparer…

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Merc 28 juin 2023

Alors que je m’apprêtais, hier mardi 27 juin à pénétrer dans Belfast (Larne), je me remémorais ces paroles du nationaliste irlandais Bobby Sands, prononcées à 27 ans, au début de sa longue et tragique grève de la faim (66 jours) : « Je me tiens sur le seuil d’un autre monde tremblant. » Ces paroles je les lis de nouveau aujourd’hui à travers un beau livre de Sorj Chalandon, « Mon traître ». Je vous les donne telles quelles et vous laisse avec l’aïd, que je vous souhaite bon. Nous disions « îd el-kbir ». Extraits :

« J’ai vraiment cru à la paix pour la première fois le lundi 22 août 1994. J’étais à Paris. La ville avait déjà son voile de septembre. Il pleuvait fin et frais. Après être allé à Belfast, au début du mois, j’avais pris quelques jours chez des parents en Mayenne. J’étais aussi allé visiter un ami à Mirecourt, un vieux luthier qui se contente aujourd’hui de trembler. J’étais heureux de retrouver mon atelier. Je rangeais l’établi en sifflotant. Lorsque le téléphone a sonné, je l’ai regardé sans un geste. C’est comme si je savais. Depuis des semaines, l’Irlande bruissait de l’incroyable nouvelle. L’IRA, l’armée républicaine, avait décidé de déposer les armes. Pas de les rendre, comme l’écrivaient les journaux. À qui l’IRA pouvait-elle donc rendre les armes ? Elle n’était ni vaincue ni exsangue. Il n’était pas question ici de reddition militaire mais de courage politique. Déposer les armes, les détruire, accepter de neutraliser son arsenal sous le contrôle d’une commission internationale indépendante, voilà ce que l’IRA proposait. En échange, Sinn Féin – son aile politique – serait associé au processus de paix. En échange, les protestants, unionistes, loyalistes, orangistes, tous devraient accepter de partager le pouvoir avec les minoritaires catholiques. Le temps des concessions grimaçait au fond des armes.

_ Tony ? C’est Tyrone. C’est fait, Tony. C’est pour mercredi minuit. Tu viens ?

J’ai éclaté en larmes. Je serrais mon téléphone à deux mains et je pleurais. C’était fait. La trêve, le cessez-le-feu, peu importe les mots qui seraient mis dessus par d’autres. C’était fait. Je viens ? Mais bien sûr, je viens. Quelques chemises dans un sac, ma casquette de pluie, le premier avion pour Dublin. J’ai tremblé jusqu’à ce que j’arrive à Belfast. J’ai tremblé vraiment, comme un jeune homme avant le bonheur. Tyrone et Sheila étaient à la gare. J’ai couru vers eux. Jamais, je n’avais couru comme cela vers personne. Je courais le long du quai vers Sheila et Tyrone, mon sac à l’épaule. Je courais vers les portes de la gare, vers la ville, vers son odeur de tourbe et de mouillé. Je courais en riant. Sheila, et Tyrone, puis Sheila encore, puis tous trois soudés, passant de bras en bras et de lèvres en peau au milieu de la gare, des regards amusés. Et puis j’ai reculé, j’ai pris Tyrone par les bras, je l’ai regardé, mon front presque à toucher le sien.

_ C’est fait ? C’est sûr ? 

_ Demain minuit, a répondu Tyrone. La cessation complète des opérations militaires. 

_ C’est ça, le communiqué ? Cessation complète ?

_ Tyrone a hoché la tête en souriant. Il m’a pris par l’épaule, lui à ma gauche, Sheila à ma droite, et nous sommes rentrés à la maison.

Juste avant minuit, le mercredi 31 août 1994, nous sommes allés dans la rue. Tyrone avait mis une chemise blanche et une cravate de laine verte. Sheila avait passé la soirée à rouler ses bigoudis. C’était comme si nous sortions. La rue était pleine de familles silencieuses. Des gamins étaient juchés sur les murs. De vieilles femmes conversaient à voix tranquilles. Un blindé, un deuxième, encore un. Pas une pierre, pas un cri. Même les hélicoptères nous semblaient de trop. 

_ Minuit ! a crié Tyrone en levant le poing.

_ IRA ! IRA ! IRA, a scandé la foule. 

Les voitures klaxonnaient. Des jeunes frappaient dans leurs mains en chantant. Une dame s’est signée au passage d’un prêtre qui observait cette humanité comme s’il venait enfin de retrouver sa trace.

J’ai regardé Tyrone. Il avait dans les yeux comme un sourire inquiet. Il m’a dit que ce serait encore long, mais que nous venions de faire le plus dur. En remontant, nous avons croisé des visages d’hommes. Certains étaient fermés. La trêve avait été décidée par le Conseil de l’Armée républicaine irlandaise. Et par lui seul. Contrairement aux règles militaires aucune convention n’avait été réunie par la direction pour voter la cessation du combat. Les hommes du rang ont appris la nouvelle à l’extérieur de leurs unités. Les politiciens du Siin Féin était persuadé que le temps était venu de renoncer aux armes. L’IRA avait décidé de faire vite. Tant pis pour les procédures. Ces visages fermés disaient le scepticisme. Pendant des jours, Tyrone a rencontré beaucoup de ces combattants. Certains étaient tentés par la dissidence. Il les a ramenés les uns après les autres, rappelant que la trêve était un ordre et qu’ils étaient soldats.

Le lendemain, Belfast républicain s’est drapé des couleurs nationales. Nous avions pris place dans une cavalcade de voitures qui descendaient Falls Road en klaxonnant. Sheila conduisait. Tyrone avait le corps passé par la portière ouverte. Il appelait les uns, les autres, saluait les trottoirs sa casquette à la main. J’étais derrière, mon drapeau à la fenêtre. Je chantais la Marseillaise en riant. Devant nous, il y avait un camion de charbonnier. Tyrone est sorti de la voiture en me demandant de la suivre. Il a rejoint le camion. Il a sauté sur la plate-forme en bois, aidé par les gamins qui s’y trouvaient. Je suis monté à mon tour, agrippant les mains qui se tendaient. Tyrone était debout, poings sur les hanches. Il semblait contempler sa ville, son peuple, son combat de simples gens. J’étais à côté de lui. J’agitais mon grand drapeau à la manière d’un ouvreur de parade. Les voitures se suivaient lentement. Chaque trottoir, chaque porte ouverte, chaque fenêtre s’agitait en main de joie. À côté de moi, un jeune homme regardait mon ami. Il m’a demandé si c’était Tyrone Meehan, le grand, le fameux, le vieux prisonnier. J’ai dit que oui. Que c’était bien lui. Le jeune républicain m’a tendu la main. Je l’ai prise. Nous nous sommes félicités d’être là, avec lui, en ce jour du début de tout. » 

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Jeudi 29 juin 2023

Hier, jour d’aïd, tout à fait ordinaire ici à Belfast. Nous prenons une Baklaoua à défaut d’une brochette de Melfouf chez un restaurateur palestinien au cœur de Belfast, dont le nom de la boutique se nomme, comme il se doit, Eddirah. J’ai peut-être forcé un peu, mais j’ai associé son nom à ce jeune palestinien, Mohamed al-durah, tué par la horde de l’armée israélienne le 30 septembre 2000. Le patron ne m’a rien dit de contrariant. Belfast est divisée en plusieurs quartiers dont Shankill, Gaeltacht, Queen’s, Cathedral Eastside, Titanic, Divis… Nous n’avons pas pu tous les visiter, mais ceux de City Hall, de Titanic, de Cathedral et de Divis (ouest), nous les avons bien arpentés de long en large. En deux mots, le Titanic, dont il est beaucoup question ces jours-ci (et qui a coulé en 1912) a été construit ici. Vous comprendrez que toute une industrie du commerce de ce paquebot soit mise en place dans cette ville voir cette construction, en 3000 toiles métalliques, qui symbolise la proue du paquebot et la compagnie, ainsi que la sirène du paquebot reproduite à l’identique juste devant.

Un égaré vendeur de frites, admirateur (est-ce sûr ?) de Poutine s’est mis sur notre chemin…. Alors, va pour une photo souvenir. Des photos il y en eut beaucoup, mais nous ne pouvons toutes les afficher.

Nous nous sommes rendus dans les quartiers de lutte des années IRA. Nous avons traversé Castel street, Devis street et Falls road. De longues façades proposent des fresques du combat des républicains, qui n’était pas quoi que l’on dise, un combat religieux. Je n’y crois pas. Les traces sont très nombreuses, l’atmosphère complètement pacifiée. Dieu merci. Les héros le demeurent quoi que l’on fasse. Les identiques combats ailleurs dans le monde pour la liberté, notamment palestiniens, sont très fortement présents ici.

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Lundi 03 juillet 2023

Vendredi nous sommes arrivés à Derry. Une très belle ville d’une centaine de mille d’habitants. Longtemps elle a été appelée « Londonderry » au grand dam des locaux. Elle est traversée par la « River Foyle ». Le temps est pourri (pluie abondante, par intermittence avec le soleil…) et les gens sont en T shirt, en short, en chemise courte, en sandales, alors que nous sommes en manteau, pull, parapluie…et tout le barda… Il fait quand même moins de 18 degrés ! (ah Marseille, Marseille, tu nous manques !)

Un grand pont piétonnier (et pour les deux roues) construit pour réconcilier les deux populations Protestante et catholique, enjambe la rivière Foyle. Il forme un immense « V ». Comme à Belfast, tout un quartier garde les traces des années noires. De grandes fresques ornent les boulevards et les immeubles alentour. Mais il y a également des quartiers qui ont soutenu l’armée britannique, ce sont les « loyalistes » (photo « Londonderry West Bank Loyalists)…Nous avons visité le « Muséum Free Derry » ainsi que les monuments dédiés à la structure dite « H » de la prison de Long Kesh où furent emprisonnés les dix combattants de l’IRA durant de nombreux mois, morts des suites d’une longue grève de la faim en 1981. L’amitié entre l’Irlande et la Palestine est, ici aussi, hautement revendiquée, ainsi que la réunification avec l’Irlande « européenne ». La pratique religieuse est (me semble-t-il) assez répandue, les églises sont remplies (MAIS LA DISCRÉTION EST LA RÈGLE). Et même dans la rue on peut assister à des prières (photo), sans besoin de tintamarre… Aucune récupération idéologique, politique… n’est possible. Les Irlandais ont un haut niveau de culture générale. Nous avons assisté à un festival de musique à l’occasion de l’ouverture du mois de juillet… Une autre fois (peut-être) je vous parlerai du comportement (incroyablement civique) des conducteurs automobiles alors que nous n’avons à ce jour pas vu la tête d’un seul policier, gendarme… Une autre fois (peut-être).

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Mardi 4 juillet 2023

Nous sommes en Irlande dans le Connemara (au sud de Leenaun à l’extrême ouest de Dublin). Irlande, pays des géants Joyce, Wilde, Service, Shaw et Beckett notamment et évidemment. Et, comment dire, comme demain c’est un grand jour pour les Algériens – 5 juillet, rendez-vous compte ! (61 ans d’ indépendance !)– j’ai pensé à ce poème de Beckett (écrit directement en français) que je reprends autrement, dans la bouche de Fadia la narratrice, dans un de mes livres, parus en 2012, « La folle d’Alger ».

Je vous donne à lire un extrait de Comment dire de Beckett, puis à lire, voir, supposer un extrait de mon roman, celui de l’expression de la folie de Fadia…

« Comment dire : folie — folie que de — que de — comment dire — folie que de ce — depuis — folie depuis ce — donné — folie donné ce que de — vu — folie vu ce — ce — comment dire — ceci — ce ceci — ceci-ci — tout ce ceci-ci — folie donné tout ce — vu — folie vu tout ce ceci-ci que de — que de — comment dire — voir — entrevoir — croire entrevoir — vouloir croire entrevoir — folie que de vouloir croire entrevoir quoi — quoi — comment dire —… » (S.B.)

« On entend un bruit sec. Peut-être celui de la chute du micro ou du magnétophone qui continue toutefois d’enregistrer. Une voix dans l’appareil s’excite. Les paroles sont peu audibles. Sur fond de commentaires de la télévision on devine ces mots: « tu es au courant… tu sais… est-ce que tu sais ? » Fadia rit à gorge déployée et crie « j’ai entendu, oui j’ai entendu, louange à Dieu, Seigneur de l’Univers ! » On discerne difficilement « ta fille… ta fille… naissance… garçon appelé Amine… Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce qu’on entend ?… Allô, je viens te chercher !… » On entend des bruits de pas, rapides, lourds. Ils sont ceux de Fadia. Puis un autre bruit sec, lourd, accompagné d’un gémissement et d’une prière. Elle a dû glisser.

Fadia pleure, gémit, répète plusieurs fois: « el- hamdou lillahi rabbi el-alamine, » Louange à Dieu Seigneur des mondes, Louange à Dieu Seigneur des mondes. La prière est suivie d’un youyou étrange qui déchire pauvrement l’air. On entend des va-et-vient, comme des portes qui s’ouvrent et se ferment. Elle dit: « Mon fils, mon petit-fils, Amine! » Et toujours les commentaires identiques de la télévision: « akadet wassaïlou eldjazaïria qtiyel el-aqid Ali Cheklal el-moussemma Samir… » Et Fadia qui fredonne étrangement : « kifech n’qol, la vigne a perdu ses feuilles. Kifech n’qol, comment dire que, demain, dire que demain, Houda, demain, toi, demain toi Houda, ton frère Amine, 3023 jours, où est ton frère, toi demain, Houda. Mon petit-fils Amine. La vigne a perdu ses feuilles, elle les retrouvera bientôt. » Elle semble lire, peut-être improviser, joyeuse. Elle répète « demain, comment dire que, comment dire, ton frère Houda, 3023, tu es la vigne, ton frère la feuille. Je n’ai pas de haine, non, je suis heureuse, je suis heureuse.

Non je n’ai pas de haine. »

Et de nouveau des portes qui s’ouvrent et qui claquent. Et de nouveaux youyous étranges, de nouveau étranges. Les pas s’éloignent puis reviennent. Fadia semble danser maintenant. On entend « allô, allô ? » Et la cadence des pas, le claquement des doigts, des mains, qui marquent le rythme de la chanson. On entend Idir et Fadia qui l’accompagne :

Ayefk agimners isqaâdas afus a lalla

Yebwid asalas sakham ella j’duda

Aya Azwaw sou mendil awragh

La la la lalla la la

Aya Azwaw sou mendil awragh

La la la lalla la la … »

Mercredi 5 juillet 2023

Autour du Connemara (Clifden), Irlande- 05.07.2023

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11 juillet 2023

Nous sommes à Portlaoise ET IL PLEUT, IL PLEUT !

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Chères langues !

Chères langues !

Parlons langues. Nous sommes au Royaume Uni et en Irlande (précisément aujourd’hui à Portlaoise dans le Comté de Laoise. En gaélique on dit « Port Laoighise » (bonjour Lahouari !) Le gaélique est parlé en Écosse et en Irlande du Nord (une variante, le scot d’Ulster). Le Gallois en Pays de Galles. Dans toutes les régions l’anglais et certaines de ces langues (selon les régions) sont officielles. En Irlande la langue anglaise est « auxiliaire » du gaélique (irish) qui est LA première langue officielle et obligatoire à l’école primaire. Ces langues du peuple sont partout (chacune dans sa région, parfois elles traversent plusieurs d’entre elles). Ces langues, partout reconnues, sont utilisées non pas CONTRE, contre l’anglais qui lui est presque partout officiel, pas même contre leurs gros méchants colonisateurs anglais (1800- 1921)ou contre je ne sais quoi ou qui, mais de fait. Elles sont une réalité vernaculaire, de fait. Le celte et le gaélique existent depuis plusieurs milliers d’années avant JC, cinq à sept ou 8000 ans. Personne n’oserait y mettre le moindre grain de sel, ou de division. Ces langues, officielles ou non, sont partagées dans la vie quotidienne, que ce soit dans les médias (Télé, journaux, radios…) sur le fronton des offices publics, mais aussi dans les marchés, les commerces, dans les stades, les écoles, les cafés… partout à côté de l’anglais. On utilise même tantôt l’anglais, tantôt sa langue (ou son autre langue) maternelle. Et nulle part le gaélique ou une autre langue maternelle ne constitue un obstacle pour quiconque, pas même au niveau des panneaux de signalisation ! (photos)

Toutefois, la pratique de ces langues, même si elle résiste comme elle peut, est de plus en plus (passivement) concurrencée par l’anglais qui s’impose presque « naturellement » dans toutes les strates de la société du fait des techniques et du monde tel qu’il va. Comme dans le monde entier. Mais ces langues premières résistent disais-je grâce à des hommes comme Mairtin O Cadhain dans le Connemara, grand défenseur de la langue des Gael ses ancêtres (photo).

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9 juillet

Un extrait de Oscar Wilde sur l’Art et 2 photos de barques…

« Un artiste est un créateur de belles choses. Révéler l’Art en cachant l’artiste, tel est le but de l’Art. Le critique est celui qui peut traduire dans une autre manière ou avec de nouveaux procédés l’impression que lui laissèrent de belles choses. L’autobiographie est à la fois la plus haute et la plus basse des formes de la critique. Ceux qui trouvent de laides intentions en de belles choses sont corrompus sans être séduisants. Et c’est une faute. Ceux qui trouvent de belles intentions dans les belles choses sont les cultivés. Il reste à ceux-ci l’espérance. » 

Oscar Wilde- Le portrait de DORIAN GRAY

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Vendredi 14 juillet 2023

Fêt-nat ? alors, à nous deux (trois) Dublin !, à nous Baile Átha Cliath ! Trois ou cinq jours n’y suffisent pas. Pas plus sept ou dix. Une grande ville plutôt calme pour une capitale. Un million et demi d’habitants quand-même. La pollution est toute relative et les embouteillages idem. Le soir, disons vers 17-18 heures, les cafés et les bars/restaurants se remplissent. Le cœur palpitant de la ville est sans doute le très jeune et remuant quartier de Temple-bar (rénové, anciennement dit-on « malfamé ») et ses chanteurs de rue et ses bars remplis de Guinness brassée dans la ville-même (photo).

Nous avons hâte, comme le Bloom de Joyce, de parcourir les quartiers presque sans but (inexact) en marchant. Le max. Nous avons l’habitude. De O’Connell Street à Custom House quarter. De Saint Stephen’s Green à Old City, pour finir – évidemment – à Temple-Bar, les pieds en compote. Mais je ne peux non plus faire l’impasse du célèbre Dalymount Park le poumon (en cours de modernisation et d’agrandissement, pendant deux ans encore) du non moins fameux club très engagé des Bohemians FC de Dublin. On a commencé dans le centre de la ville par la mairie et le château qui la jouxte. Sur la O’Connell Street, de très nombreux bus à impériale vont et viennent sans discontinuer entre le monument du dit personnage historique au Musée des écrivains et la tour Parnell (dédiée au nationaliste Charles Stewart Parnell). Nous sommes passés devant la statue de James (Jim) Larkin (1874- 1947) un des fondateurs du parti Labour irlandais (avec James Connolly et William O’ Brian). J. Larkin et sa célèbre reprise de la Boétie (1530- 1563) : « Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : Levons-nous ! » (en remplaçant « tyrans » par « grands » (erreur ?) La Boetie (1530- 1563) a précisément déclaré : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

Sur la Liffey River qui traverse Dublin d’est en ouest, à hauteur du quai Custom House, une scène poignante de familles à l’époque de la « Grande Famine » (1845 à 1852), les visages émaciés, les regards vides comme hallucinés fixant l’infini et désespérant Ciel. Plus loin une réplique du célèbre bateau « Jeanie Johnston Famine Ship ». Nous avons pris le pont Samuel Beckett qui a la forme d’une harpe, situé à quelques centaines de mètres de là. Magnifique.

Entre le mémorial de la Famine et le pont, on a gravé cette déclaration de Joseph Wresinski, un des fondateurs de ATD quart Monde et initiateur de la lutte contre l’illettrisme (photo) ô combien actuelle :

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré… »  Au Saint Stephan’s Green des animateurs (ou guides ?) transmettent à des jeunes cette mémoire de la Famine irlandaise (et ses conséquences migratoires etc.)

Bien évidemment nous ne pouvions rater le Centre Joyce et le Musée de la littérature irlandaise. (de nombreuses de photos) et dans la foulée ne pas remercier les guides qui nous ont accompagnés étage après étage. Comme nous ne pouvions passer à côté du Merrion Square (il y avait – coincidence- une belle fête avec stands « kebbabs », « falafels »…) et le mémorial dédié au frasque Oscar Wilde.

Sur notre chemin, nous sommes passés devant le Palais du gouvernement au moment ou un fonctionnaire quittait son emploi sur son vélo.

Nous sommes rentrés sur les genoux après un verre au « Busquers » dans le quartier… Temple-bar, évidemment. On ne quittera pas Dublin (ou l’Irlande) sans mettre en avant la sympathie des Irlandais, toujours disponibles et leur conduite automobile extrêmement zen (ils ralentissent au passage des piétons en ralentissant à plus de trois mètres du dit-passage !) Au Musée littéraire les employées se sont pliées en quatre pour nous donner le maximum d’informations sur les auteurs Irlandais, sur leur vie, leurs œuvres…  Mais on quittera ce pays avec soulagement, s’il n’était question ici que du temps : exécrable. Pluie, sur pluie tout le temps 25 heures sur 24. Sans oublier le vent parfois.

Nous n’avons pas compris leur insistance à s’habiller léger avec des temps pareils !

Pour finir je voudrais vous offrir cet extrait de Ulysse de Joyce, c’est un monologue de Mrs Bloom, Pénélope… Unmonologue de 40.000 mots sans ponctuation (qui commence et finit par « Oui » un « Oui femelle » ) qui restituent le flux de conscience de Mrs Bloom, étendue sur son lit, cherchant le sommeil qui ne vient pas. Le monologue commence en page 1057(Gallimard/Folio) pour s’achever en page 1135, soit 79 pages sans une seule ponctuation. Un flux.

PENELOPE

Oui puisque avant il n’a jamais fait une chose pareille de demander son petit déjeuner au lit avec deux œufs depuis l’hôtel des Armes de la Cité quand ça lui arrivait de faire semblant d’être souffrant au lit avec sa voix geignarde jouant le grand jeu pour se rendre intéressant près de cette vieille tourte de Mme Riordan qu’il pensait être dans ses petits papiers et qu’elle ne nous a pas laissé un sou tout en messes pour elle et son âme ce qu’elle pouvait être pingre embêtée d’allonger huit sous pour son alcool à brûler me racontant toutes ses maladies elle en faisait des discours sur la politique et les tremblements de terre et la fin du monde payons-nous un peu de bon temps d’abord et quel Enfer serait le monde si toutes les femmes étaient de cette espèce-là à déblatérer contre les maillots de bain et les décolletés que bien sûr personne n’aurait voulu la voir avec je suppose qu’elle était pieuse parce que aucun homme n’aurait voulu la regarder deux fois j’espère bien que je ne serai jamais comme ça c’est étonnant qu’elle ne nous ait pas demandé de nous couvrir la figure mais tout de même c’était une femme bien élevée et ses radotages sur M. Riordan par ci et M. Riordan par là je pense qu’il a été content d’en être débarrassé et son chien qui sentait ma fourrure et se faufilait pour se fourrer sous mes jupes surtout quand d’ailleurs j’aime assez ça chez lui malgré tout qu’il soit poli avec les vieilles dames comme ça et les domestiques et les mendiants aussi il n’est pas fier parti de rien mais quelquefois si jamais il attrapait quelque chose de grave c’est bien avons manqué le bateau à Algésiras le veilleur qui faisait sa ronde serein avec sa lanterne et O cet effrayant torrent tout au fond O et la mer écarlate quelque fois comme du feu et les glorieux couchers de soleil et les figuiers dans les jardins de l’Alameda et toutes les ruelles bizarres et les maisons roses et bleues et jaunes et les roseraies et les jasmins et les géraniums et les cactus de Gibraltar quand j’étais jeune fille et une Fleur de la montagne oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles Andalouses ou en mettrai-je une rouge oui et comme il m’a embrassée sous le mur mauresque je me suis dit après tout aussi bien lui qu’un autre et alors je lui ai demandé avec les yeux de demander encore oui et alors il m’a demandé si je voulais oui encore oui dire oui ma fleur de la montagne et d’abord je lui ai mis mes bras autour de lui oui et je l’ai attiré sur moi pour qu’il sente mes seins tout parfumés oui et son cœur battait comme fou et oui j’ai dit oui je veux bien Oui

ahmedhanifi@gmail.com

Dublin, 14.07.2023

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19 juillet 2023

Les danses de la Mer…

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De Marseille à Tuktoyaktuk

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(POUR UNE LECTURE ORDONNÉE DE L’HISTOIRE, commencer par la page X – la dernière – et remonter jusqu’à la page 1)

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 2_ Suite et fin de l’histoire. 

De Marseille à Tuktoyaktuk- [29/30 et 30/30] : 

Omar active le démarreur et enclenche la vitesse automatique. La Ford Fiesta fait quelques dizaines de mètres, s’engage dans la Dempster. Elle semble prise de soubresauts. Omar recommence la manœuvre. L’engin a des ratés. Il avance encore de quelques mètres et les convulsions reprennent. Il finit par s’immobiliser. Il ne peut plus avancer. Le moteur ne démarre plus. Le voyant « moteur » reste allumé de manière permanente. Véro descend du véhicule, se met à l’arrière et pousse de toutes ses forces. Omar s’irrite, s’énerve. Il commence à pester, « il faut revenir à la station ! »

Arrive un 4X4 sorti lui aussi du motel. Il s’arrête à leur niveau. Trois des occupants en descendent. Ils se mettent à l’arrière de la Ford et poussent à leur tour autant qu’ils peuvent jusqu’à la station. Omar se précipite vers la boutique, oubliant de remercier les trois hommes. Il demande au patron de lui porter secours. Peu après arrive un mécanicien. Il commence par essayer de faire redémarrer la voiture, mais n’y parvient pas. Il s’informe sur ce qui s’est passé. Omar dit qu’il n’en sait rien. Le mécanicien s’acharne à trouver l’origine de la panne. Au bout de longues minutes, il demande à Omar s’il a bien mis du carburant. Omar répond par l’affirmative, « oui, ici-même, j’ai rempli pour 60 $ ». Le mécanicien vérifie la jauge, puis demande à voir le certificat d’immatriculation du véhicule. M. Beauséjour, le patron, arrive à son tour. Le mécanicien demande à Omar le type de carburant qu’il a pris. « Diesel » dit Omar. L’intuition du mécanicien se révèle exacte. La tête qu’il fait est à la hauteur de la gravité de la situation : « You didn’t put the correct fuel ! » Puis il s’adresse à son patron en lui montrant le certificat d’immatriculation. M. Beauséjour est bilingue. Il écoute son employé avant de traduire aux Marseillais. Omar avait globalement compris le mécanicien. Il sursaute et répond que sur la carte grise il est bien indiqué « gazoline ». « Précisément, dit le patron, gazoline, mais vous vous êtes servi en diesel. » « Hé bien oui, j’ai mis du diesel, ou gazoline comme vous dites ». Omar était jusque-là persuadé que l’on disait ‘gazoline’ au Canada, comme on dit ‘diesel’ ou même ‘gasoil’ en France ou en Algérie ou en Belgique. « No » fait M. Beauséjour, « Oh no ! » Omar ne sait plus. Tout se confond maintenant dans son esprit. Le patron voit l’effroi plaqué sur le visage des Marseillais. Il tente de les rassurer, de dédramatiser autant qu’il peut, en demandant à son employé de vider le réservoir du véhicule. Le mécanicien ouvre la trappe puis le bouchon et essaie d’introduire dans le bec de remplissage un tuyau qu’il est allé chercher dans un hangar afin d’aspirer le carburant, mais en vain. Impossible d’ouvrir l’obturateur. Omar et Véro se regardent. Ils sont complètement abattus. Ils prennent de plus en plus clairement conscience que le rêve de voir Inuvik et sa mosquée est en train de s’évanouir. Ou de s’effriter. De s’évaporer. En ce moment précis leur esprit est confus. Énervement et tristesse se mélangent. Omar pose la paume de sa main sur son front. Il s’éloigne, revient, la main immobile sur sa tête. Il ne sait plus quoi faire, quoi dire. Véro est dans le même état. Sa main, placée sur sa bouche, est figée. Ses yeux sont absents, vides maintenant de toute expression. M. Beauséjour rejoint son bureau où il entreprend par téléphone les démarches nécessaires. Il revient au bout de quinze minutes. Il lève les bras comme pour invoquer une fatalité. Omar demande à téléphoner à l’agence. La communication qu’il a avec l’employé de Budget est houleuse. « Les frais de remise en état du véhicule reviennent à la charge des clients. » dit l’agent. « Et l’assurance, et l’assurance ! » crie Omar, mais c’est en vain. Il est là au bord de la crise de nerfs, d’une attaque. M. Beauséjour demande à son chauffeur-mécanicien de se préparer à transporter la Ford jusqu’à Whitehorse sur le camion de dépannage et l’autorise à emmener dans sa cabine les deux Marseillais, si toutefois ils acceptent cette offre qui est aussi celle de l’agence de location. Les gestes qu’effectue Omar suffisent pour expliquer qu’ils n’ont de choix que celui d’abandonner aux portes de la station-service leur rêve de fouler les espaces d’Inuvik, les tapis de la mosquée des Inuits et les sous-sols gelés de Tuk, Tuktoyaktuk.

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Lors du retour vers Whitehorse, les premiers kilomètres se font dans un silence de désolation. Le chauffeur, embarrassé, tente de temps à autre de détendre l’atmosphère, notamment lorsqu’il s’approche d’une aire de repos ou d’un Tim Horton. Il parle du temps qu’il fait, propose un café à emporter, mais manifestement, le cœur de ses passagers n’y est pas. 

Au fil des kilomètres, il réussit à détendre l’atmosphère. Il leur parle des problèmes des régions du Nord, de la vie quotidienne. Véro et Omar lui expliquent combien ce voyage leur tenait à cœur. Ils en parlent encore, lui essaie de les réconforter. Il leur demande s’ils tiennent à s’y rendre, à Inuvik, à Tuk. L’atmosphère est détendue. Il s’appelle Boogie Anaviak. Il leur parle de sa famille, du territoire du grand Nord, l’isolement, l’irruption malsaine des compagnies pétrolières. Il leur dit les difficultés de la Dempster. « L’avion s’est beaucoup mieux ». C’est cher mais pas trop. Et d’autres choses encore. Véro et Omar lui donnent quelques informations sur la vie quotidienne en France, en Europe, les distances tellement petites entre les villes, innombrables, la pollution. Les kilomètres défilent et la discussion roule aussi vite que le camion-dépanneur. Boogie leur offre un café chez Tatchun Centre, près de la station-service de Carmacks, là-même où ils ont fait le complément de carburant, celui qu’il ne fallait pas. Ils continuent d’échanger. Les Marseillais sont-ils sur le point d’oublier leur mésaventure ? Boogie dit qu’un de ses proches travaille chez Alkan Air, une agence de voyage à Whitehorse spécialisée dans les vols charters en monomoteur vers Inuvik. Il nous aidera avec plaisir. Le vol c’est plus cher, mais très agréable. À Inuvik, vous irez dans ma famille, « no problem ». Boogie habite à Inuvik « à cause du travail », le reste de sa famille réside à Tuk.

La discussion se poursuit jusqu’à Whitehorse. À cette heure-là, l’agence Budget est fermée ainsi que le parking où ils ont stationné le Westfalia. Ils prennent une chambre dans le même hôtel que le conducteur, le Yukon Inn, dans le centre-ville. Leur discussion se poursuit avec Boogie au restaurant de l’hôtel et une bonne partie de la soirée avec photos et vidéos de son ordinateur. Il leur parle de la « Tundra mosque » avec grand sourire. Il y était le jour du grand repas, « itw as a great party, o yah ! »  « I’m here, look ! » Il est assis avec des amis, il porte la même casquette qu’aujourd’hui, ce que fait remarquer Omar en riant.

Le lendemain matin, devant l’agence de location, juste avant de restituer le véhicule endommagé, Omar propose à l’homme, désormais leur ami, les jerrycans de carburant dont ils n’ont plus besoin, non sans préciser « diesel », sans rire et sans faire de l’esprit, ce serait malvenu. Le chauffeur-mécanicien accepte et les remercie chaleureusement. Bien sûr, ils échangent leurs coordonnées téléphoniques.

  • On te rappellera demain, promis. Nous avons besoin de réfléchir un peu plus.
  • N’hésitez pas surtout.

À l’agence de location de voitures, l’employé leur rappelle ce qu’il leur avait signifié la veille au téléphone, à savoir que « les frais de remise en état du véhicule ne sont pas pris en charge par l’assureur, car manifestement l’incident vous incombe à vous, pas à notre agence. » Carte bleue : 1600 dollars canadiens. Ils ont transféré leurs effets dans le Westfalia stationné dans le parking de la société.

Le temps ne permet pas à Omar et Véro d’envisager un nouveau départ en direction d’Inuvik ou de Tuktoyaktuk, à tout le moins par route. Ils sont fatigués. Ils ont besoin d’un temps de repos, de remise en état. Et puis leurs jours sont comptés. Ils en discutent entre eux. Ils n’excluent pas du tout la proposition de Boogie. Dans l’esprit de Omar, deux visions complémentaires se côtoient. La première est celle d’une barge transportant une petite mosquée sur le Mackenzie, de Hay River à Inuvik. La seconde est celle d’un petit avion l’emportant lui et Véro encore plus haut dans les Grand territoires. Fouler le plancher tapissé de la mosquée d’Inuvik et les sous-sols gelés de Tuktoyaktuk ne peut demeurer un rêve inassouvi. C’ est une promesse dont il est impossible de faire l’impasse. Ils se décideront le lendemain.

* * *

Quant à moi, je vous remercie d’avoir partagé ce carnet de voyage, du premier au dernier jour de ramadan. Il n’est pas le premier. Il ne sera pas le dernier. Merci encore. Je vous dis joyeux aïd.

Ahmed HANIFI. 

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ET BELLES VIDÉOS À LA SUITE

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Asie centrale, Mai 2022

Samedi 7 mai 2022

Nous y sommes donc depuis hier matin samedi 7 mai. ‘Y’ renvoie à la belle orientale, Tachkent. Capitale de l’Ouzbékistan. J’ai cherché Youssef Z. mais pas la moindre ombre. Je lui avais promis pourtant promis que je passerai. Dix heures d’avion c’est éprouvant. Je vous donne en aperçu ces quelques images. La suite viendra au fur et à mesure de notre (V et moi) enfoncement dans le pays. Car nous avons l’intention de nous y égarer. Lundi est jour férié (libération des nazis par l’armée soviétique, à l’époque, armée de l’URSS et donc de l’Ouzbekistan). Un petit tour au nord-est de la capitale, visite de mosquées puis en son cœur avec Timur. On voit à l’image Timur (Grand conquérant (et massacreur)) ou Tamerlan sur son cheval de guerre.

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Mon SILA au jour le jour : mardi 29 mars 2022 et fin

Mon SILA au jour le jour : mardi 29 mars 2022 et fin

Oui, c’est mon dernier jour au SILA.

Mais avant de prendre la route, je prépare une courte vidéo de remerciements aux participants à l’atelier d’écriture créative que j’ai animé le 5 courant à Oran ainsi qu’aux responsables de l’Institut français à Oran.

Je file au SILA vers 13 heures. Je me rends au stand de Livrescq. Échanges avec Nadia S. Puis je me rends au stand de Frantz Fanon. Rabeh Sebaa dédicace ses ouvrages. Je lui dédicace mon recueil, il m’offre Fahla dédicacé.

Un dernier tour à la brasserie. On se prépare au match retour comptant pour les éliminatoires de la coupe du monde au Qatar. L’Algérie reçoit le Caméroun. Le match ne commence qu’à 20h30 et non à 17 heures comme je le croyais moi qui commençais à m’installer.

Je m’arrête là. Exténué. Je dois préparer mes affaires pour demain.

Je vous dis à bientôt et merci pour votre suivi.

Mon SILA au jour le jour : lundi 28 mars 2022

Mon SILA au jour le jour : lundi 28 mars 2022

J’achève d’écrire et de mettre au propre le texte concernant la journée d’hier dimanche au SILA et le poste sur Facebook, sur mon site web et sur mon blog (du boulot !) Si le Si la fa mi ré do… Je recommence : si le SILA fonctionnait comme une organisation respectueuse de ses visiteurs et de ses intervenants en proposant un programme détaillé, global, c’est-à-dire informer sur les intervenants (avec trois lignes de présentation), préciser les dates et heures d’intervention, les stands concernés, (ce qui est le minimum syndical de la moindre organisation de quartier proposant des intervenants), quitte à payer une pub quotidienne dans les journaux (le SILA – ou sa hiérarchie – peut se le permettre non ?). Et si le SILA (ou sa hiérarchie ne peux pas) je leur propose de vendre un dépliant simple avec les éléments dont j’ai parlé d’une, de deux ou de trois feuilles 21X27 ou feuillets de 10X17, aux visiteurs intéressés bon sang. Et s’ils n’ont pas d’employés à même de faire ce travail, je me propose d’y plonger bénévolement ! (qu’ils me paient le voyage seulement et je fais le reste) Tant qu’à faire…

Je disais donc que si le SILA fonctionnait comme une organisation respectueuse de ses visiteurs et des intervenants en proposant un programme détaillé, je le feuilletterais d’abord et préparerais ma journée en conséquence, avant de sortir de l’hôtel. Mais tel n’est pas le cas. Nous sommes à 25 années de SILA (quelle importante expérience !) et nous avançons comme des pieds nickelés, comme des débutants. Les gens errent au gré du vent (il y a un vent étrange à l’intérieur) dans les allées de « la foire ». Moi aussi, du coup, j’y vais plus ou moins au pif en passant et repassant devant les mêmes stands. « Tel auteur est programmée ? » les réponses entendues : « euh, je sais pas » « c’est pas ici » « c’était hier » « allez voir là-bas », « attendez, je demande à mon collègue » et j’en passe.

C’est le trafic et le hasard qui règnent. Je n’ai rien écrit à ce propos le premier jour en me disant que le lendemain, peut-être que. Je n’ai rien écrit le deuxième jour en me disant que le lendemain, peut-être. Je n’ai rien écrit le troisième jour en me disant que le lendemain… nous voilà bientôt à la fin du salon et c’est kifkif, du premier au dernier jour. Alors oui, peut-être que « le SILA est le plus important (en quantité) salon du livre du monde », mais c’est surtout le plus b… (en 6 consonnes et 4 voyelles). Ils doivent bien se marrer tous ces étrangers qui en ont fait l’expérience ! Ah je sais. D’accord, d’accord certains me diront « oui mais nous sommes les meilleurs, Wane tou tri… » je leur dirais gentiment « allez, passez, s’il vous plaît, passez. J’en ai ras la casquette de votre ‘Nous’ exacerbé », idiot, insensé.

C’était un coup de gueule pour un espoir d’amélioration. On peut toujours rêver. Quant à l’hôtel qui m’héberge bon sang (pour 3500 da il est vrai), je pourrais écrire trois pages sur les économies de bout de chandelle : PQ, serviette, eau, pas de beurre, le même petit récipient de confiture qui circule de client à client sans qu’il (le client) le sache…et sur cette télé qui ne diffuse que très médiocrement trois ou quatre chaînes à vomir sauf une (TV5 Monde). Les images à l’écran sautillent sans arrêt au point que cela donne envie de sautiller comme un malade avec elle. Comme je ne le suis pas, j’ éteins. « T’as qu’à aller au Sofitel ou au Soltane hôtel » diraient d’aucuns. Oui mais.

Excusez-moi, je sors du sujet, qui est le SILA. Je finis juste pour dire que tous les employés de l’hôtel sans exception aucune sont formidables. Le trafic ne vient pas d’eux évidemment. Mais Allah ghaleb. Venons-en à nos agneaux si vous le voulez bien, (jusque-là je parlais des moutons). Les journaux présentent des programmes incomplets, favorisant ceux de telle maison d’édition… négligeant les autres.

J’achète Liberté. « El Watan khlass ». Je me trouve au SILA vers 13 heures. Bouche de métro « Boumendjel ». Vous vous souvenez de la petite musique « Ikhwani ma tensaouch echchouhada aa ! » (lire mon texte du 25 mars), vous vous en souvenez ? Eh bé elle est là encore ce matin. Purée, comment m’en défaire ? Vous me diriez « n’y pense plus ! » Sauf que c’est elle qui pense à moi.

J’ai oublié de vous dire qu’il on ne court pas comme les malades de Paris. Ni derrière un bus, ni vers une bouche de métro, ni pour rattraper un tram sur le point de déguerpir. On attend le suivant. Dans le métro, une dame (vieille) qui voulait s’assoir entre moi et une femme sur ma droite, me dit « pousse-toi » avec un geste de sa main droite significativement désagréable. Je ne lui ai pourtant rien dit, rien fait. Je ne la connais pas. Ma casquette a dû la perturber. Meskina.

Peu avant de prendre le tram, à Ruisseau, j’achète El Watan. Mais avant de prendre le tram il me faut trouver un café… cela devient urgent. Je n’entrerai pas dans les détails, mais lorsque vous aurez mon âge vous comprendrez tout le drame (n’exagérons rien) lié à la question de la prostate, de l’urètre, de la vessie… Alors vite un café. Ce sera le joli « Café little Alger » à deux cents mètres de la station. Une café, une bouteille d’eau (150 ? je ne sais plus). Très joli et très propre, au rez de chaussée, à l’étage, aux wc (avec douche je vous promets !). Retenez son nom (photo).

J’ouvre Liberté. Les pages centrales, « Culture », sont consacrées à la littérature.

a- un article sur Lynda Chouiten : « De retour aujourd’hui au SILA »

b- un autre sur « la restitution des œuvres d’art à l’Afrique »

c- un texte sur « L’intertextualité et la question migratoire »

d- un article sur la rencontre avec Kamel Daoud et son dernier ouvrage avec Depardon : « Notre livre est un regard dans l’histoire » (je me suis demandé en lisant cet article, si sa signataire était bien présente à l’intervention de K. Daoud. « Ya comme un décalage » comme qui dirait.

e- un entretien avec Jamila Rahal « L’Histoire est le fil conducteur de ce récit romanesque. »

Noter pour la suite (El Watan) que Kamel Daoud et Jamila Rahal furent (ou sont) journalistes.

El Watan consacre trois pages à la littérature (pages « Culture » 17, 18, 19).

La page 17 est réservée à des journalistes du même journal ! (on n’est jamais mieux servi que par soi-même mon frère ! pas de retenue. Aucune. Bla hachma, bla… 

D’abord un trois quart de page est consacré au journaliste maison (j’apprécie l’écriture de ses reportages) Benfodil « Homme de lettres, de planches et de médias notre confrère et ami… » (c’est en tout cas sincère et lacrymal). Vive nous, vive l’Algérie.

Un quart serré est réservé à « Le Hic » : « notre collègue d’El Watan, le dessinateur, le caricaturiste, le bédéiste, celui qui croque l’actualité quotidiennement… » N’en jetez pas s’il vous plaît ! Merci pour lui.

Je vous promets que Bourdieu (Allah yerhmou) aurait complété ses thèses sur les médias français avec l’expérience algérienne ! (âynani quoi !) …

Dans le SILA j’ai l’impression de tourner en rond. Qui est où, quand ? (voir début de ce texte). Je tourne et retourne. Chez Frantz Fanon il y a l’inénarrable Laâlam (Le Soir). Un cas spécial çui-là tiens… passons. Il y a aussi le cinéaste Ifticène qui a écrit je ne sais quoi.

Mon ami FB, Lamine Benallou m’a demandé de passer le bonjour au gérant. Il est absent, alors j’ai écrit ce mot (photo) devant son livre « Les vies (multiples) d’Adam » : « Cette nuit-là je rêvai que je visitais le cimetière de la vieille ville où était enterré mon père » (incipit). 

Aux éditions Casbah, je vais à la rencontre de Lynda Chouiten qui dédicace son dernier ouvrage « Des rêves à leur portée », un recueil de nouvelles que j’achète et qu’elle me dédicace. Discussion…

Au stand officiel du ministère on vous accueille avec ce titre « Ministry Of Culture and Arts ». Le français est out. C’est pitoyable, risible et ridicule. Il y a une ancienne ministre de la culture, foulard bleu et joli sac de courses, fille de son père, chaudement applaudie et criblée de flash (pas de flash non) lorsqu’elle arrive en pleine séance.

Je rentre la tête pleine d’espoir et d’incertitude. Dans le tram, je ne sais si on rigole sincèrement ou si on se moque condescendamment (pardon !) de cette jeune fillette, a peine âgée de 8 ou 10 ans et qui porte sa sœur ou frère de deux ans sur le dos en faisant la manche. Elle parle avec un accent du sud, du grand sud. Coquine et maligne, elle s’adresse parfois à des jeunes filles en leur disant « Rabbi I zewjek, yerham jeddek twelli papicha mengoucha. Allah yaâtiq emmouh, emmouh alik, Barboussa » toute la rame est aux éclats, mais rares sont ceux qui mettent la main à la poche. Je lui donne une pièce. Elle est déjà descendue du tram à « Tripoli Taâlibi » où l’attendent cinq ou six mamas africaines assises à même le sol avec et leurs enfants demi-nus. La fillette leur remet le contenu de la boite. Cette fille est étrangère. Elle est noire. Elle mendie pour manger. Riez si vous voulez.

La Brasserie est un havre de repos. TV, brouhaha… Un match de tennis encore. Be In fait sa loi. 

Un gars (un colosse) est venu s’assoir à la table à côté (50 cmX50) de sorte qu’il me fait presque face. Il a le regard vide. Pensif. Je ne saurais dire de quel pays il vient. « Un Égyptien ? ». Ce silence est gênant. Sur ma gauche, un jeune gars chante en pianotant sur son téléphone (il porte des oreillettes). Il semble être en direct sur je ne sais quelle plateforme. Il chante sans gêne à son ami ou amie. À l’aise. On parle derrière mon dos. J’entends « Front de mer, Oran… » Je me retourne. Mais c’est bien lui ! Salamalecs… Sbaâ me donne rendez-vous pour le lendemain (mardi 29) au stand Frantz Fanon « je t’offrirai ma Fahla ». Celle qu’il a là en sa compagnie « lui pose quelques questions… »

(Encore une fois mes textes sont écrits à la volée. Je ne les relis quasiment pas. Pas le temps.)

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Mon SILA au jour le jour : dimanche 27 mars 2022

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Espace L’ivrEscQ –

Mon SILA au jour le jour : dimanche 27 mars 2022

Je me suis réveillé ce matin de dimanche « avec une heure de sommeil en plus » ai-je pensé. « 9h ? », mais il est tard. Ça ne peut être que ce satané changement d’heure pratiqué en France qui a déboussolé mon ordinateur. J’ai oublié de lui dire que nous n’étions plus en France depuis bientôt un mois. Non, il ne doit être que huit heures. « Et si je posais la question aux facebookers ? » Et ça marche. « 9h10 répond illico Khaled B. Oui mais « de quelle capitale ? » demande Kheir-eddine O., « Trop tard ! C’est déjà passé ! » me répond avec un brin d’ironie mon amie Catherine P. Ratiba B. est sans appel « 9h23 à Oran ». Oui, mais je ne suis pas à Oran. Certaines réponses sont étranges. Tenez, Farid B écrit « 9h18 mb » mb ? Ou ces deux qui se paient gentiment ma tête : Bachir M. qui se réjouit : « T’as vu ? une question que tout le monde se pose ces derniers temps » et son amie Lila M. qui lui répond : « tout le monde est devenu très bizarre ». Bizarre, bizarre, elle me trouve bizarre… Toutes ces réponses (elles sont nombreuses) m’embrouillent. Alors je le dis. Je l’écris :  « Finalement vous m’avez plus embrouillé. Vous m’avez donné l’heure qu’il était (selon que vous êtes ici ou là) au moment où je vous posais la question. Mais cette heure n’est plus la bonne à cette heure-ci. Je vous remercie mais j’abandonne… » Puis ce fut le silence. Non mais ! Finalement, mon ordinateur n’est pas si sot ou niais que ça. « 10h17 » maintenant. En France où les gens courent derrière le métro, le train, et le temps tout le temps il est 11h17, peut-être même 11h 20, ou….

Allez, rebelote ici à Alger : métro, tram, Sila. Au ‘pré carré’ Sédia j’y retrouve N. Salamalecs sincères. Une jeune femme dévouée, alerte et fort sympathique. Je lui offre mon dernier roman (2017 quand-même) « Le Choc des ombres » édité en France. Chez L’ivrEscQ je rencontre de nouvelles personnes qui poétisent amicalement ; Je me joins à leurs échanges. Nadia S. diffuse les interventions sur FB en direct. Il y a Zahra Benmeziane, membre de l’atelier d’écriture Femmes Oran,Fayza Stambouli Acitani (roman « Les murailles de l’interdit »), Ouarda Baziz Cherifi (roman « Comme un coup de massue ») Nadia Sebkhi, écrivaine et responsable du stand et d’autres. 

À Casbah éditions j’achète le dernier Anouar Benmalek « L’amour au temps des scélérats ». « Une histoire d’amour dans un des lieux les plus outragés de la planète par l’intolérance religieuse, la guerre perpétuelle, la tyrannie meurtrière : le Proche-Orient. » lit-on en 4° de couv. Je vais à sa rencontre pour une dédicace. À condition dit-il en plaisantant que je lui dédicace mon recueil de poésie. C’est fait. Il y a longtemps nous avions passé de bons moments à Paris lors d’un Salon du livre de Paris notamment… C’était en février 2011, cela me revient… une belle soirée. Il y avait Senouci (Allah yerhmeh), BHS, H (disparu) Nous nous sommes attablés à « L’Étincelle » (angle rue du Bourg Tibourg et Rivoli) à deux pas de la mairie centrale. Il y avait aussi une troublante Yas avec de grandes boucles gitanes pendues aux oreilles qui accompagnait (me semble-t-il, me semble-t-il) Anouar Benmalek. Belle soirée quoique gâchée par les interventions intempestives de notre ami (tout de même) le regretté « La Snousse »… J’écrirais des pages sur mon ami décédé (avec lequel j’ai usé mon froc sur les bancs sales d’Oran durant les exécrables années Boum – nous étions tout un groupe et j’étais (considéré) la dernière roue du carrosse)… Benmalek me donne la sensation que son esprit s’embrouille (lui aussi). Je ne le retiens pas, des personnes attendent leur dédicace.

Je ne m’attarde pas au Salon. Trop de monde, comme hier. On y étouffe. Retour au centre d’Alger. Dépose mon sac chargé. La brasserie est bondée, enfumée… S’installer près de la grande fenêtre. L’ouvrir. Regarder bouche bée le grand écran qui diffuse (Be In) une partie de tennis internationale, en direct de Miami. Et dehors c’est l’enfer des klaxons. Plus tard je prendrais une « couisse jaj » (aile de poulet 300 DA).

Mon SILA au jour le jour : samedi 26 mars 2022

Mon SILA au jour le jour : samedi 26 mars 2022

Hier soir sur Facebook, un gars (un journaliste) écrivait que l’écrivain algéro-français Anouar Abdelmalek était le Faulkner algérien. Dans ce pays on franchit les limites comme on traverse à pied une autoroute nonchalamment, sans crainte de mourir de ridicule ou de mourir tout court. Je sursaute. Il me répond « ce sont des spécialistes qui le disent ». Ce monde est décidément surpeuplé de spécialistes de tout et de rien. Faut pas prendre les enfants du Bon dieu pour des canards sauvages !

Ce matin l’employé de l’hôtel chargé du petit déj me pose cette question alors que je suis plongé dans mes pensées complexes. Il m’apostrophe « le bateau c’est aujourd’hui ? » Je suis surpris. J’ai dû mettre trois minutes sans lui répondre. Dans mes yeux il devait y avoir une lueur telle, qu’il s’est cru obligé de répéter. J’ai bien entendu lui dis-je, mais je n’ai pas compris « wallah ma fhemt ». Que vient faire un bateau ici à cette-heure-ci ? ai-je pensé.

Je lui réponds un peu au petit bonheur la chance « je ne prends pas le bateau, je suis encore à l’hôtel pour quelques jours ». Cette fois je me persuade, au vu de la tête qu’il fait, que c’est lui qui n’a pas compris où je voulais en venir. À question hasardeuse ou farfelue, réponse aléatoire ou bizarre.

Métro, tram, SILA_ Liberté titre en Une « Les verts battent les camerounais à Japoma – À un pas du mondial » La première partie en noir, la seconde en rouge. Une foule considérable dans le tram, et à l’entrée du Salon. La fouille est d’autant méticuleuse au portillon, que la densité de la foule croît. Foule et fouille rimerait. Le « trombone » de mon téléphone portable, accroché au trousseau de clé et dont la pointe a troué mon sac à dos intrigue le vigile « wechnou hadi li tchouk ? »

Ouvrir le sac à dos, extraire le trombone, sourire satisfait de l’agent de la sécurité.

Au Stand Frantz Fanon le patron, Ingrachène les bras croisés sur le ventre, semble repus. Grands sourires à la dame qui lui fait face,  ravie elle aussi. La foule dans les allées est impressionnante. On se croirait au Hammam, bain turc, sauna ou au sudatoire. Au stand de La Délégation de l’Union Européenne, deux personnes dont un conteur répondent au public : Mata Barrio Garcia-Agullo et Seddik Mahi Meslem très convaincu et convainquant. Un rapide coup d’œil au stand du Ministère de la Culture et des Arts. Un professeur d’université (Mostapha Bey ?) est en intervention. Je ne choisis pas les stands. J’avance au gré du mouvement de la foule et des espaces de respiration.

Allez, je sors m’aérer. Sandwich au fromage et eau de source (350 da) à l’un des nombreux kiosques. 

14H : au stand des éditions Sédia, la table est installée avec au-dessus trois belles piles de mon recueil. Et le calme est plat. Où sont-ils tous passés ? Le calme est trompeur, car revoilà la foule. On se bouscule de nouveau y compris dans le stand, pourtant assez grand. C’est maintenant le rush. Je signe à tour de bras. Comment se sont-ils donné le mot ? d’où me connaissent-ils ? Une ruche et photos avec. Vingt à trente minutes étourdissantes. Le summum est atteint lorsqu’un groupe d’élèves, orientés par leur enseignant se ruent sur la table. On me parle en kabyle, je réponds comme je peux, souvent en français qu’ils ont l’air de mieux comprendre que mon arabe oranais. Ils sont heureux, gesticulent, répètent à l’envie mon nom de famille…. 

Je me suis dis : « c’est pas possible, ils connaissent mes écrits ! ils les ont étudiés à l’école ! » et d’autres sornettes. Mais non, mais non, pas du tout ! Il a fallu l’intervention de leur enseignant pour que je saisisse le sens de tout ce chmilblik. Le professeur me donne la clé de ce chahut de gamins fort sympathiques. Il s’avère que mon nom de famille est porté par quelques-uns parmi eux (ou parmi leurs amis et voisins je n’ai pas saisi). Ils ont quitté le stand et celui-ci s’est apaisé. Nous avec. Je remercie N. et Z. pour ce formidable moment. Merci, merci.

15h30. Au stand Barzakh, il y a d’abord Alice Kaplan qui dédicace sont dernier écrit, un roman dont la source sont des faits réels : « La maison Atlas ». Un peu plus tard c’est Kamel Daoud qui entre. Il présente son dernier ouvrage écrit avec la collaboration de Raymond Depardon (pour les photos). Beau livre mais un peu cher quand-même : 3500 da. Je filme la séance.

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Je m’arrête là. À demain

Mon SILA au jour le jour : vendredi 25 mars 2022

Mon SILA au jour le jour : vendredi 25 mars 2022

Le temps est gris ce matin (l’auxiliaire être – et les autres verbes – seront au présent. J’adore le présent. J’abandonne le passé utilisé hier et avant-hier. Aujourd’hui c’est donc le présent. Le temps est gris et tristounet. Mais bon, ça va quoi. Les rues sont désertes. Il est huit heures du matin. Nous sommes vendredi, jour du seigneur chez nous. Il a le vendredi ici, le dimanche ailleurs. Le vendredi est un jour de repos pour beaucoup. Jour de repos et de respiration non stressée, cool.

Dans la rame de métro, (je l’ai pris à Boumendjel) nous sommes à peine une vingtaine. Direction El Harrach ou Aïn Naadja, arrêt à la station Les Fusillés, puis le tram. Prix du billet, un combiné des deux moyens de transport, 70 dinars (32 centimes d’€ environ). Il me semble avoir précisé les noms de mes arrêts dans le billet d’hier : Les Fusillés, puis La foire. Les moteurs du métro et autres portes qui s’ouvrent, se ferment, haut-parleurs, rappel des noms des stations, « prochaine station Hamma… El Hamma, Hamma, descente à droite… prochaine station Jardin d’Essai » etc. Dans la rame les gens sont silencieux. Vendredi oblige. Je descends à l’arrêt Les Fusillés, une grand esplanade bien calme. Là aussi c’est vendredi. Voilà le tram. Nonchalant. C’est vendredi. Ici Ruisseau est le terminus du tram et point de départ pour Dergana. Il est 8h35 et patientons de longues minutes avant la mise en branle du Tram. Derrière moi des collégiennes, comme nous sommes vendredi disons des jeunes filles, rigolent. J’aurais écrit « collégiennes » si nous étions un jour ouvré. Mais nous sommes un vendredi. À l’extérieur une vieille dame habillée d’une longue robe rouge tire une sorte de Caddy, rouge lui aussi. Environ 75% des voyageurs (dans le tram comme dans le métro) portent le masque de protection anti-Covid (une partie des personnes le portent sous le nez ou sous le menton). 8h42, claquement des portes. « Prochaine station Les Fusillés ». Deux fois la même station Les Fusillés ? Non, et je m’explique. La station « Les Fusillés » du métro n’est pas la station « Les Fusillés » du tram. Il y a entre les deux stations qui portent le même nom, environ deux ou trois kilomètres de distance. Le tram démarre, puis on entend « Veuillez vous éloigner des portes ». Erreur ou non ? 

9h10 : « la foire d’Alger, Qasr el maârid ». En arabe il est dit « Palais des expositions » et en français « La foire ». Beaucoup de personnes descendent. L’entrée se situe aujourd’hui, juste là à peine deux cents mètres de l’arrêt du tram (ou quatre cents). 

9h 20. Les portes du Salon sont closes. L’heure H est peut-être fixée à 10 heures, ou midi ? Il n’y a nulle information, nulle part. les gens sont courageux. « On y va âla Allah ». En attendant je prends un café bien noir (capsule) et une grande bouteille d’eau « 13 mille » (deux tickets de transport combinés). Dans ma tête un refrain patriotique trotte depuis hier matin. Dès que j’y pense je m’entends (façon de parler) proclamer « Ikhwani ma tensaouch echchouhada aa !  Mes amis n’oubliez pas les martyrs ! » (extrait du « Chant des martyrs »). Cela a commencé hier disais-je. J’étais dans un café à siroter un thé (non loin de l’hôtel, derrière la rue de Tanger) et à lire mon journal. À mes côtés deux amis blaguaient. L’un des deux, pour probablement détendre l’atmosphère entre lui et son camarade, ou pour interrompre son discours ou pour je ne sais quoi , fredonnait « Ikhwani ma tensaouch echchouhada aa ! ». Pas une fois pas deux et il recommençait « Ikhwani ma tensaouch echchouhada aa ! » M’empêchant de me concentrer sur le journal. Je lisais Liberté (qui a consacré un article sympa sur moi en page 12). Ce refrain ne me quitte plus depuis ce moment-là.

Il est 10h 17 lorsque brusquement, un mouvement de foule se manifeste devant la grande entrée. En deux temps, trois mouvements, nous voilà à l’intérieur. On circule dans les allées idéalement. Je suis persuadé que cet après-midi ce sera autre chose. Je galère au pif, à gauche à droite, derrière, devant, en haut… tout en prenant des photos et en filmant (sinon comment enjoliver cet article ?)

Me voilà devant Barzakh éditions (les plus chics, les plus réputées, les plus snobs aussi ?) À deux pas de cette maison, une autre, aussi connue, celle qui m’a fait confiance, la maison d’édition Sédia. « Tiens, bonjour madame ZG » « bonjour monsieur H » (c’est moi). Échanges polis. Je suis étonné de ne pas voir de romans, pis encore, nulle trace de mon recueil « Poèmes inédits ». What’s that ? Finalement ZG m’explique qu’ils ont trois stands au SILA et derechef m’emmène vers celui – plus grand, plus aéré – où figure en bonne place (centrale) mon recueil de poésie posé (une pile) sur une table et cerné par trois chaises en prévision du moment de dédicaces (prévu pour demain samedi 26 à 14 heures). Je salue NK qui s’y trouve. Très avenante. Échanges. Demain j’achèterai le beau livre de Ali Benmakhlouf sur les philosophes arabes que j’ai vu chez Sedia. J’aime beaucoup ce que fait Ali Benmakhlouf (j’ai lu nombre de ses ouvrages lorsque je préparais un article, long article sur Ibn Rochd (publié par Le Quotidien d’Oran).

Je reviens sur la précédente allée. Chez Barzakh. J’achète deux romans. Le premier a bénéficié d’un grand tapage médiatique. Il s’agit de Nihed El-Alia « Minuit à Alger (une femme dans les nuits, certainement bourgeoises, d’Alger « brûlant sa vie par les deux bouts » (800 da) et l’autre, de par son auteur, se suffit à lui-même, « Maison Atlas » de Alice Kaplan (1000 da). Le boss, Sofiane Hadjadj, range, répond aux interviews, donne des ordres, s’agite… Je le salue, lui tends une main qu’il hésite à prendre. J’enlève mon masque un moment « c’est Hanifi… combien de fois n’avions- nous pas échangé à Aix, à Marseille, à Paris… » (dans les années 90 et 2000, je l’avais même soutenu dans les débats, encouragé… sa maison n’existait même pas alors). Il fait « Ah oui » pas très convaincant. J’ajoute « Vous allez bien ? » Il poursuit son rangement la tête baissée. Pas une minute à perdre. Pas le temps. Il répond toutefois, mais montre un soupçon d’agacement. Je lui montre « Minuit à Alger » et lui demande ce qu’il en pense, lui demande si sur le plan littéraire il pèse un chouia. Sa réponse « il faut l’essayer, moi je vends des livres c’est tout ». Monsieur a pris du poil de la bête et du poids. Me déçoit. Le stand est envahi de caméras. Aussitôt se rend disponible. Je règle et fiche le camp.

Voilà un stand plus sympa ! Le hasard fait bien les choses. C’est celui de LivrEscq, celui de la charmante Nadia Sebkhi. On échange longuement, on se rappelle du Forum International du Roman décembre 2015  (ici :http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2015/12/526-forum-international-du-roman.html ), un Forum qu’elle a organisé en collaboration avec le Ministère de la culture et auquel elle m’avait convié. Je la remercie encore. À ses côtés une charmante dame également qui représente le Prix littéraire Fetkann Maryse Condé (fetkann.fr)… longue discussion. Il y a aussi deux autres auteurs dont « le doyen des caricaturistes algériens ».

Je quitte le Pavillon central. Il y a deux autres ailes que je m’emploierai à visiter plus tard.

Tram, métro, hôtel… Comme c’est vendredi, la respiration et la cadence sont cool. Avant de manger il faut se serrer la ceinture. Tout est fermé (photos). Patienter jusqu’à la sortie des mosquées. Ce sera vers 14h30 et plus.

À demain pour la suite.

(et pardonnez mon écriture un peu sèche. Le travail de mise au propre, textes, vidéos, photos est exténuant).

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Image stations de métro = Google

Image stations = Google (Tram = en rouge)

Mon SILA au jour le jour : Jour de l’ouverture officielle

LES PHOTOS SE TROUVENT À LA SUITE DU TEXTE

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Mon SILA au jour le jour : Jour de l’ouverture officielle

Nous sommes jeudi 24 mars 2022. Aujourd’hui est le Jour J, ou D Day si vous préférez.

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On peut dire ici que le jour se lève non du fait de la luminosité qui pointe, de la terre qui tourne etc, ou du chant du coq (ah, « le chant du coq » ! qui se souvient de Leïla Boutaleb hein ? elle nous baratinait elle aussi, peut-être forcée), le jour se lève du fait des premiers bruits humains directs ou indirects : cris, klaxons… 7 heures. Tiens, pas d’eau chaude au cœur d’Alger à 7 heures. Trente minutes plus tard, je me suis rendu au salon de l’hôtel pour le petit déj.

Sur la route de la station de métro « Boumendjel » j’ai acheté El Watan et Liberté. Depuis que je viens à Alger (des années), je n’ai jamais pu acheter Le Quotidien d’Oran. Il n’y est pas distribué. C’est dingue ça pour le plus grand (ou l’un des plus grands) tirage de la presse francophone du pays. J’ai donc acheté la presse avant de prendre le métro, direction le Salon du livre (descendre à la station Les fusillés/ El maâdoumine, puis prendre le tram direction Dergana et descendre à la station « Palais des expositions »). 

J’ai parcouru les deux journaux. En page 2 de Liberté j’ai lu et relu un excellent article intitulé « Zemmour n’est pas une exclusivité française ». Le titre est quelque peu racoleur. Le texte traite essentiellement de l’attitude (j’allais écrire « la nature ») d’une grosse, très grosse majorité des Algériens à l’intolérance. L’article est argumenté et j’y adhère totalement (hormis quelques erreurs telles pour « se marier avec une non musulmane ? il faut se convertir », ou « nous sommes souvent racistes… même entre deux frères ou sœurs », et lorsque l’auteur (au fait il s’agit de Kamel Daoud, un nom qui bouscule, qui irrite, qui fait hérisser les cheveux, mais qui souvent dit vrai) et lorsque l’auteur disais-je dénonce avec des pincettes « le procès juste » néanmoins fait à l’Occident. Il aurait pu enfoncer le clou. Bref le reste est un régal. Écoutez ou plutôt lisez cet extrait composé de deux phrases, deux : « Peu à peu, à cause d’une école sinistrée, du manque de voyages et de rencontres, de la faillite de l’altérité, de la mainmise des féodalités sur les mentalités, d’un retour au Moyen-Âge au nom de la religion, de l’enfermement sur soi et de l’obsession des frontières, de la Religion du dé-colonial permanent, quelque chose de maladif a pris le dessus sur l’Algérie d’autrefois. Pour certains, aujourd’hui, l’Algérie, c’est pour les Algériens dans la pureté religieuse, révolutionnaire, familiale, de vertu ou d’ascendance : le reste de l’humanité est constitué de gens trop pauvres pour être intéressants, ou de colonisateurs prédateurs même s’ils sont Danois ou Sibériens, et il faut les incriminer même pour nos poubelles qui débordent dans nos rues. » C’est chaud et remuant. Mais telle est la réalité des Algériens. Il suffit d’un miroir que la majorité refuse de regarder. Le regard porté sur les noirs, condescendant et raciste, je l’ai observé plusieurs fois à Oran. Des comportements qui perturbent notre humanité (« nous sommes musulmans ! »). Et après on crie au racisme des Européens (bien réel cependant), mais regardons-nous bon sang, regardons-nous dans un lisse miroir ! !

J’ai continué de feuilleter le journal lorsque je suis tombé sur les pages centrales, consacrées au SILA. Un encart est réservé à la quatrième de couverture de mon recueil « Poèmes inédits » y compris le texte de cette même quatrième. Une belle surprise.  

Je descends à la station « Palais des expositions » du tram. On entre par le parking. 300 mètres de marche ai-je entendu. Légère brise et soleil bien timide en cette heure, 8h50. Quelques dizaines de personnes avancent, accrochées pour la plupart à leurs téléphones. Des employés semblent quelque peu perdus, « c’est par ici », un autre  « c’est par là ». Et nous, nous suivons les consignes. En fait de 300 mètres se furent deux kilomètres. Une centaine de personnes se bousculent poliment aux guichets. « Je suis auteur, s’il vous plaît, est-ce que… » Inutile de poursuivre m’a répondu l’agent en faction. « Changez de chaîne, allez là-bas chercher un badge ». On lit sur les vitres des guichets « Accord », « Casbah », « Ahaggar »… Des noms improbables. Impossible d’avoir quelque laissez-passer. Le flux des véhicules était incessant, orienté par les intempestifs coups de sifflets d’agents de la sécurité ou de police.

Les gens qui n’ont pas accès au Salon, qui ne sont ni exposants, ni gestionnaires, ni grosses légumes, ni « employés du manège » ( ?) étaient contraints d’attendre. Ils observaient le remue-ménage ou bien s’asseyaient sur les rebords des trottoirs.

Un agent de police s’est approché du petit groupe de jeunes filles assises à mes côtés. Il était 10 heures 05. Il leur a demandé si elles étaient « employées ici », puis il a ajouté qu’il était « inutile d’attendre si vous n’êtes pas invitées ou employées ici. Vous attendez pour rien. L’ouverture au public c’est demain. » L’agent ne m’a rien demandé alors qu’il a vu que je le lorgnais du coin de l’œil et de l’oreille. Sur ce, j’ai quitté les lieux par le bas. Nous étions alors devant l’entrée officielle du Palais des expositions. Au bout de la route, un véhicule de police avec quatre policiers. L’un d’eux m’a renseigné. « Non, il n’y a pas de station de transport par ce côté-ci à moins de marcher une demie heure ». En face nous avons vue sur la grande mosquée d’Alger qu’on n’hésite pas avec fierté de qualifier « la plus grande mosquée d’Afrique et la troisième plus grande mosquée du monde. » D’autres n’hésiteraient pas à protester « on aurait pu construire une dizaine d’hôpitaux avec l’argent englouti là-dedans ! » J’ai entendu les deux expressions, justes toutes les deux.

Je reviens vers « la foire » (beaucoup disent « la foire » au lieu de Salon du livre ou Palais des expositions). Le K-Way bleu que je porte introduit de la confusion chez certains qui le prennent pour un costume officiel d’un agent non moins officiel, de sorte que plusieurs automobilistes ont ralenti à mon niveau, ouvrant leur vitre et demandant « le parking kho ? » et moi je jouais le jeu « au fond à droite », avec tout le sérieux nécessaire. Ou bien « C’est la foire de quoi cheikh ? « la foire des livres ». « Que des livres ? » « oui c’est la foire que des livres ». Et le gars d’accélérer en faisant la moue. Les personnes âgées me disaient « kho » (frère), les plus jeunes « cheikh », une seule personne m’a interpellé « si el hadj » (un jour peut-être). Il y a quelques années, (1998-2000 ?), j’habitais encore à Paris, j’avais subi la même expérience devant le Centre culturel Georges Pompidou (les grands tuyaux). J’attendais un ami, debout plus ou moins en faisant du surplace. De nombreuses personnes (une demie douzaine ?) sont venues me demander divers renseignements, me prenant pour un agent de garde de la grande Bibliothèque du Centre. Là aussi je portais une sorte de K. Way bleu, comme celui que je porte aujourd’hui (mais pas le même je vous rassure et il était plus épais).

L’heure avançait et l’affluence se développait. Les gens étaient de plus en plus nombreux assis sur les trottoirs. Rien n’a changé et j’en avais assez à cette heure-là, la onzième. J’en avais assez de tourner en rond. Je suis revenu à l’entrée principale. L’agent en faction a été catégorique « pas de badge pas d’entrée ». « Et le public qui attend ? » Il attend pour rien, l’entrée c’est demain » Il a ajouté « ou en fin de journée, vers 17 heures ». Il était 11h10 et j’en avais assez. Je suis rentré comme je suis venu. Après déjeuner, j’ai fait un tour à l’Institut français… puis suis rentré raconter ma journée aux Facebookers et à ceux qui me suive sur ahmedhanifi.com.

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Mon SILA au jour le jour : moins 1

LE TEXTE suit es photos

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LE REPERE

LIBRAIRIE DU TIERS MONDE

Le MAMA

L’ex librairie Charlot

Il pleut

VUE DE LA BAIE D’ALGER à partir de LA CASBAH

CENTRE DE FORMATION

LE MAMA

LE REPERE

UN SEUL HEROS…

LIBRAIRIE DU TIERS MONDE

METRO PLACE DES MARTYRS

LA BRASSERIE DES FACULTÉS

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Comme je l’ai fait par le passé (2014, 2015, 2016 etc.) je vous raconterai, en agrémentant mes textes de beaucoup de photos, « mon Salon du livre » au gré des jours, c’est-à-dire ce que j’ai vu, entendu, mes appréciations diverses etc. Il y aura donc pas mal de subjectivité. Je vous propose d’accepter cette vision des choses qui n’est pas (ne sera) peut-être pas la réalité objective telle que d’aucuns ou vous-mêmes le souhaiteriez. Elle est (sera) la mienne.

Nous sommes au soir du mercredi 23 mars 2022. Le temps est frais, mais il ne pleut plus sur Alger. La journée a pris des rides puis s’est évanouie. Les lumières fades de la ville (et d’ailleurs) ont remplacé la naturelle. La nuit est tombée et avec elle les couleurs se sont transformées, se sont éteintes ici, se sont faites discrètes là. Les bruits (infernaux) font les 2X8+8. La soirée est en mode troisième 8, c’est-à-dire repos, mais des passants braillent toutefois de temps en temps. Là (21h10) j’entends quelqu’un hurler et hurler encore « ya zizou !! ya zizou !! » Et il recommence. Son camarade (très certainement) se met à siffler. Je ferme les persiennes et la fenêtre de la chambre d’hôtel.

Dans la journée, les hauteurs d’Alger offraient de très belles vues sur la Méditerranée, mais le beau et célèbre café- restaurant de la haute Casbah, « Le Repère » est fermé ainsi que la mosquée Sidi Abdellah à côté.  Le peuple rêve d’être un jour « le seul héros » et nous le fait savoir en ‘graffitant’ le mur. J’ai dévalé les rues du quartier (plus vite que je ne les ai grimpées). Je suis descendu jusqu’au marché Randon, place des Martyrs en passant par l’Office d’enseignement et de formation à distance (ONEFD) . Il pleuvait beaucoup alors, comme je n’avais pas de parapluie, je me suis engouffré dans le métro.

À l’entrée de la Librairie du Tiers Monde des affiches publicitaires sur « Fehla » de Rabeh Sbaa que je salue (lundi dernier à Oran, nous avions pris un verre ensemble ainsi que notre ami commun Lakhdar A. qui lui, a écrit « Formation de formateurs, manuel opératoire d’un formateur ») et sur « Chroniques littéraires » de C. Chaulet-Achour… J’apprécie beaucoup Madame C.C.A. Un jour (il y a longtemps, à Paris) elle m’avait affirmé que l’une de ses étudiantes en lettres de Cergy Pontoise, une suédo-algérienne, « qui possède des bribes de trajectoires de votre personnage » avait choisi mon roman « Le Temps d’un aller simple » pour y travailler. Je n’ai jamais lu/vu trace nulle part de cette thèse. 

Je suis passé devant le MAMA (loin, très très loin du MoMA de New York, cela va sans dire) qui fait pitié. J’ai traîné du côté de l’ex rue Charras. La librairie de Monsieur Charlot, l’ami et premier éditeur d’Albert Camus, est à l’image du MAMA, puis je suis allé du côté de la faculté et de la Grande Brasserie qui porte son nom, belle mais empestée de fumée de cigarettes que j’ai, n’ayant pas trop le choix, supportée malgré tout. Des jeunes hommes et des jeunes femmes (4 pour les premiers, 3 pour les secondes) discutaient serrés autour de chopes (pour les uns) et de rien (pour les autres). Leurs voix se faisaient volontairement hautes. Ils faisaient « journalistes » ou sont-ils étudiants (la fac est à six mètres, de l’autre côté du trottoir de Didouche Mourad). Ils discutaient du monde comme il va, les guerres, ceci, cela. L’un d’eux était volubile et parlait plus haut que les autres ; stylo, feuille et gestes larges faisant vaciller son verre. Un futur leader ? Ces jeunes m’ont plongé dans mon propre passé à Oran. Nous aussi (à leur âge) – mes amis d’alors que je ne nommerai pas ici et moi – nous discutions sans fin et faisions et défaisions le monde au mythique Majestic (place des Victoires) dans les années 70 (avant l’appel du grand Nord) en fumant, buvant, gesticulant à voix haute (je le disais il y a deux secondes). À voix haute pour que nos messages soient bien entendus n’est-ce pas ? Ou nos ego (nos différents moi). Nous étions désignés par les uns et les autres comme « les anars » (versus les « cocos », les Stals quoi, que nous exécrions, apôtres de Boum). Mais cette histoire est lointaine, laissons-la au repos qu’elle mérite.

J’ai omis les journaux. Ils ont titré à la veille du très attendu Salon comme s’il s’agissait de films du grand West : « Sila post-Covid : le défi du papier » (El Watan), « Après deux ans d’absence le Sila revient cette semaine ; À lire libre » (Liberté), « Retour après deux ans d’absence du Sila » (Le Quotidien d’Oran). Ils consacrent tous à l’événement plusieurs colonnes en pages intérieures.  Demain en effet, tel ou tel ponte inaugurera en grandes pompes le 25° Salon International du Livre d’Alger. J’en dirai un mot chaque jour jusqu’à mon départ, l’avant-veille de sa fermeture hélas.

Mars à Alger

(Reportage…. de bout en bout)

Marseille – vu du navire, la Cathédrale de la Major

Alger, jeudi 3 mars 2022- 16 h 00 : Je l’ai attendu ce voyage, pas très à l’aise, ni trop chaud entre la situation sanitaire, les élucubrations occidentales boiteuses face à l’agression russe de l’Ukraine (pays souverain jusqu’à preuve du contraire avec ou sans l’Otan, la gesticulation politique en Algérie… Mais, les billets ayant été réservés, et les rendez-vous pris en Algérie, j’ai fini par sauter d’une rive à l’autre en bateau.Le Corsica Linea largua les amarres avec une heure de retard le mardi matin. L’accueil et le traitement infligés aux passagers frise l’incorrection. Il n’y a pas de passerelle, ni d’escaliers mécaniques, ni d’aide notamment à l’égard de personnes fragiles qui durent se payer des escaliers jusqu’au haut du navire avec des chargements pas possibles (et on connaît les Algériens amoureux des valises et baluchons, lorsqu’ils voyagent ils voyagent !)

À bord il y a plus de sept cents véhicules et des centaines de passagers. Je suis un « piéton », pas de véhicule. On ne se connait pas, mais on discute volontiers avec le voisin. Nous sommes installés autour de l’espace bar, fermé. Il y a huit ponts et des couloirs à tous les niveaux et dans tous les sens. Peu à peu les carapaces s’effilochent, les langues se délient, avec prudence néanmoins. Un vieux monsieur de Chlef, octogénaire, il l’a dit, défile sa vie d’ouvrier, chauffeur devant nous dans la bonne humeur. Son accent et les expressions utilisées sourcés au cœur de la vallée de Chlef orientés Ténès sont à couper au couteau. Je reconnais très bien. En fermant un instant les yeux j’entends ma mère, mes grands-parents. C’est cela le retour aux sources. Celle de mes aïeux. Je n’ose pas lui dire, lancé qu’il est dans son propre miroir. Il n’a plus 85 ans mais 30 ou 40. Nous avons passé de bons moments avec lui, jusqu’à ce que, convaincu qu’il n’était plus assidûment écouté comme au début, il s’en est allé chercher un autre groupe derrière le bar ou le snack. Et recommencer probablement. Il y a dans notre jmaâ (groupe), des petits beznassis, un tenancier de bar à Lille, deux commerçants, l’un à la frontière suisse, l’autre en Suisse etc. Certains font la traversée avec leurs véhicules. La plupart sont comme moi, sans. Les sujets abordés portent sur tout ce qu’on veut sauf sur l’Algérie. J’ai fait une tentative, mais cela ne les intéresse pas. Autocensure manifeste, les regards se font fuyants. Ah, oui, ça oui, leur racisme anti-noirs « les kahlouches » disent-ils… est sans ambages, et musulmans pieux bien évidemment. Au moment de la prière ils ont presque tous interrompu leurs bavardages pour courir à la mosquée improvisée. Revenus, je constate qu’aucune grille de lecture de leur discours ne saurait les rapporter avec finesse si elle ne place en pas en son cœur l’Islam (tels qu’ils en parlent). Rien ne résiste. Dès que l’on intervient sur un sujet, hop, on étale le filtre religieux. La démocratie, les Droits des personnes, la liberté… Je prends mon appareil photos et m’en vais faire un tour à gauche à droite,

les espaces de nourriture, du vide, intérieurs, extérieurs sur les ponts. Je dois dire que, encore une fois, (c’est le même constat que je fais à chaque fois que je voyage en bateau) j’ai honte de l’attitude sanitaire des voyageurs : absolument (et pardonnez-moi ce terme, je vous promets qu’il n’est pas exagéré) dégueulasses. Les porcs feraient moins pire dans les WC. Sans parler des détritus un peu partout. Certains endroits du navire se sont transformés en immenses poubelles. Moi aussi je sais dire « ennadafatou min el iman » (la propreté fait partie de la foi), à la différence de beaucoup d’autres, je me l’applique et sans la crier dans toutes les mosquées du monde. Lorsque je reviens, la discussion est toujours effervescente. Leur ennemi juré s’appelle La France (où certains vivent). Je me dois de préciser qu’ils n’ont jamais parlé des Français, mais de França, La France. Tous (sauf le tenancier) sont ce que les binationaux appellent « des blédards ». En tête de leurs ressentiments, le président français. Certains disent qu’ils voteront Le Pen. Je ne comprends pas leur raisonnement. Mais le sujet qui les rassemble tous est la guerre que mène Poutine à l’Ukraine. Tous pour le Russe « E-Tchitchène sont avec lui, c’est des hommes ». L’agression ? « les vrais agresseurs ce sont les Occidentaux, et « le président ukrainien est un juif ». Le grand mal sous-entendu du « dernier héros européen » (dixit un facebooker), Volodymir Zelensky, c’est d’être juif. J’ai vraiment honte. La dictature ? « la dictature c’est l’Occident ». L’impasse à venir ? « Poutine est un grand stratège, il les balaiera tous ». Racisme encore et aveuglement. Je précise là aussi que nous nous sommes rencontrés sur plusieurs points concernant la responsabilité des Occidentaux dans le malheur du monde. Le manque de nuances de mes compagnons de traversée complètement noyés dans cette citation « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », et cela me sidère. Pas de pitié pour les populations ukrainiennes. Fascinés par le tsar Poutine, ils évitent de parler des souffrance du peuple ukrainien.Je suis arrivé à Alger, passage au test antigénique payant. Je suis complètement épuisé et désespéré, pas à cause de cette précaution évidemment. Je repense à la formule de Hassane Ouali de Liberté écrivant récemment (le 26 février sur twitter) : « Comment se battre pour la liberté en Algérie et avoir Poutine comme modèle !!!! Aspiration à la démocratie et Fascination pour l’autoritarisme ! »

Alger

Alger

Ce matin, j’ai pris le métro puis le tram en direction de Mohammadia… Rencontres agréables avec N. et Z…. Bientôt des ateliers à l’I.F. et le SILA (où je suis programmé – si tout baigne)J’ai parcouru El Watan (qui sombre paraît-il) et Liberté. L’article de KD in Liberté est formidable. J’en parlerai dans un post après celui-ci.

Deux semaines à Paris

JE 16.12.2021

Gare aux gares égarées de nos granges gorgées de gros gras grains d’orge. Ainsi commencions-nous avant de réciter nos classiques au théâtre de notre adolescence du Centre culturel français d’Oran. Gare aux gares… Celle-ci ne l’est pas (photo). Albert Camus ne résidait pas loin d’ici, de chez moi. Il est inhumé dans sa ville d’accueil, Lourmarin, à 57 km d’ici en passant par la D973 et la D 139. Quels mots avait-il pour les gares et pour Lourmarin ? 

Les gares : « À la gare, tout un peuple pressé absorbe sans rechigner une nourriture infâme et puis sort dans la ville obscure, se coudoie sans se mêler et regagne hôtel, chambre, etc. Vie désespérante et silencieuse que la France tout entière supporte dans l’attente… Il n’était jamais sorti de sa ville sauf un jour où, obligé de partir pour Oran, il s’arrêta à la gare la plus proche de Tlemcen, effrayé par l’aventure… L’exilé passe des heures dans des gares. Faire revivre la gare morte. » (Carnet 2)

Et à propos de Lourmarin : « Lourmarin. Premier soir après tant d’années. La première étoile au-dessus du Luberon, l’énorme silence, le cyprès dont l’extrémité frissonne au fond de ma fatigue. Pays solennel et austère – malgré sa beauté bouleversante… Arrivée Lourmarin. Ciel gris. Dans le jardin merveilleuses roses alourdies d’eau, savoureuses comme des fruits. Les romarins sont en fleurs. Promenade et dans le soir le violet des iris fonce encore. Rompu. » (Carnets 2 et 3) 

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Je 16.12.2021

Gare Saint-Charles de Marseille (1848) et son impressionnant escalier (1927) qui n’a rien à envier au Cuirassé Potemkine (Serguei Eisenstein), enfin, si, un peu quand même. Une ville qui tend les bras comme son escalier, ouverte sur la Méditerranée et le monde tant qu’à faire… près d’une vingtaine de millions de voyageurs l’empruntent chaque année. Marseille est le pays d’Antonin Artaud « Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère, et moi ; niveleur du périple imbécile où s’enferre l’engendrement, le périple papa-maman et l’enfant. » Marseille est aussi le pays de J.C. Izzo : « Les quartiers nord, avec leurs milliers de fenêtres éclairées, ressemblaient à des bateaux. Des navires perdus. Des vaisseaux fantômes. C’était l’heure la pire. Celle où l’on rentre. Celle où, dans les blocs de béton, on sait que l’on est vraiment loin de tout. Et oubliés. » (Chourmo

« Marseille est le centre du monde », entendu plusieurs fois à Marseille. Et si c’était la vérité ?

Suis dans le train. Direction…

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Ve 17.12.2021 –

Et voilà le Nord, précisément la gare Sncf Charles de Gaulle Roissy. On ne dit plus aux passagers « Terminus, terminus, tout le monde descend ». On prend des gants. Mais le résultat est le même, tout le monde descend. Il fait moins froid qu’à Marseille, mais humide. 

Le jour a atteint ses limites. On se précipite vers les proches qui attendent sur les quais ou plus haut, à l’extérieur, près des stations de taxis et du parking PCD. Beaucoup de monde, c’est la cohue. Nous quittons par l’ascenseur les quais et l’architecture métallique par certains aspects de type montagnes russes. 

« Gardez le masque s’il vous plaît ». À quelques centaines de mètres, les pistes de l’aéroport. Des avions s’apprêtent à décoller. Roissy en France (dept 95) est un village ordinaire, brusquement devenu mondialement connu avec l’ouverture de l’aéroport au début des années 70 construit sur ses terres. C’est le 9° plus important aéroport au monde avec plus de 70 millions de voyageurs. Tient v’la…

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Ma 21.12.2021 –

Quelques minutes dégagées pour ce post. Samedi fut un jour de repos total hormis une déambulation dans le village et un tour en calèche avec LN. Ce matin je me suis rendu à Paris, directement chez mon ami A. dans le 19°arrondissement, du côté de la rue de Lorraine. Cet ami ne veut pas ou ne peut pas me voir. Ce quartier particulièrement la rue de Lorraine me renvoient à une époque aujourd’hui révolue. Un temps où l’on venait au 27 (photo) de cette rue, siège de « Libé ». On sonnait, on entrait, on passait au deuxième étage filer un coup de main aux « petites annonces gratuites » souvent débordées. Puis on allait à Félix Potin en face sur l’avenue Jaurès faire des courses pour le casse-croute. Et on recommençait lorsqu’on le souhaitait.  

Au croisement de Jaurès, Stalingrad et Secrétan, j’ai choisi les quais, côté Jemmapes. Tout un flot de souvenirs émerge, notamment devant « l’Hôtel du Nord », la passerelle de la rue de Lancy où « atmosphère, atmosphère » d’Arletty prit son envol à la veille de la seconde guerre mondiale. Le minuscule café de Aïcha, « Le Pont tournant » qui était notre « siège » avec couscous garanti les samedis, et Khaled en continu grâce à nos cassettes d’Oran, est devenu « tchitchi » comme on dit au Bled, autrement « bobo ». Il a perdu son authenticité. Un peu plus bas, toujours sur le quai, « L’espace Jemmapes » qui hébergeait dans les années 70 une auberge de jeunesse que nous n’avons que trop utilisée… La Place de la République est très animée. J’ai emprunté la rue de Turbigo avec un brin de nostalgie devant le lycée Turgot où j’ai travaillé… Église St Eustache… À Beaubourg nous y avions fait cours (tous assis en rond au rez-de-chaussée) le premier mois de son inauguration (c’était en 1977/78 ) avec notre enseignante d’Histoire, Madeleine Rébérioux (future présidente de la LDH)… Chatelet Les Halles, Gare du Nord… 

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Ve 24.12.2021 _

J’ai consacré une bonne partie de la journée du mercredi à la bibliothèque de France (dénommée François Mitterrand depuis 1995). Tout ce qui se publie en France y est archivé. C’est une des plus importantes bibliothèques dans le monde. Le site de Tolbiac (photos) est le plus important parmi les sept qu’elle comporte. Son catalogue sur internet, « Gallica » (7 à 8 millions de documents consultables). Il est composé d’une grande surface en rez de chaussée avec de nombreuses salles de lecture (une dizaine ?) et par 4 tours de plus de 20 étages chacune : Lettres, Nombre, Temps, Lois. Tous mes écrits sont bien référencés dans leur « data.bnf.fr »… D’importantes expositions et manifestations sont prévues ou en cours, à nous donner le tournis : Giuseppe Penone, Beaudelaire et la mélancolie, Robert Badinter, May Angeli -cf. photos-  Amos Gitai, René Maran, précurseur de la négritude, Albert Londres, Julien Green, Sarah Hassid, Champollion…

J’ai tourné entre les salles (payer ou disposer d’un abonnement), dans les halls les salles d’expositions… et partout il y a du monde. On se croirait dans un supermarché. Cela est très réconfortant. J’y serais resté toute la soirée, mais mon ami M. m’attend au « Ville d’Aulnay », une brasserie sur la rue La Fayette, devant la Gare du Nord. Nous avons fait le tour du monde.

Jeudi, fut un jour de repos. Enfin presque. Quelques exercices physiques au manège « Royal… » pour les enfants. Et c’est casse-cou et têtes. Eh oui…

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Lundi 27.12.2021 _

Noël a franchi les limites du bonheur enfantin et il passa. « Y rvient quand papanouel ? » Dimanche matin nous avons couru au 4 bd de Strasbourg. Au théâtre libre, anciennement Eldorado, « c’était l’ancien théâtre de Bouvard, après moi je n’en sais rien » nous dit le contrôleur d’entrée du pass sanitaire… ». Je lui réponds que quant à moi, il me semble bien que dans les années de notre trafic insouciant cette salle de spectacle était un dancing, « le Kiss-Club ». Nous y avons fait les fous (limite de la légalité car parmi nos amis, certains se shootait à la … et au… La boite fut fermée plusieurs fois. Et le panier à salade qui passait par-là, repartait bien rempli. Tout est dit. Mais là, ce matin, c’est une belle salle de spectacles pour enfants où il est question de Petits ours brun… Très sympathique. Les enfants étaient pliés, les uns braillaient, d’autres parcouraient les allées, descendaient et montaient les marches, suivis par leurs parents… Plus tard, un rendez-vous nous attendait au sud de la Porte d’Orléans, au cœur du cimetière de Bagneux. Lignes perpendiculaires et croisements aussi raides qu’imperturbables, éternels.

Le clou de la virée se niche incontestablement au Bois de Boulogne, à proximité du Jardin d’acclimatation : La Fondation Louis Vuitton. Une merveille et d’architecture et d’exposition avec une série de tableaux ayant appartenu aux frères Morozov et mis en salles pour la première fois. La publicité est beaucoup plus précise : « l’une des plus importantes collections au monde d’art impressionniste et moderne. L’exposition événement réunit plus de 200 chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe des frères moscovites Mikhaïl Abramovitch Morozov (1870-1903) et Ivan Abramovitch Morozov (1871-1921). C’est la première fois depuis sa création, au début du XX ème siècle, que la Collection Morozov voyage hors de Russie. » Je vous laisse admirer.

En soirée nous avons rejoint le Café « l’Impondérable » et Youcef Zirem qui y animait la rencontre programmée, comme chaque dimanche, ce soir il accueillait le chanteur Malik Kezoui. 

Jeudi 30.12.2021 _

Sortir dans le noir alors que le jour ne l’a pas encore vaincu. Les ombres avancent masquées vers les quais. « Nous vous rappelons que les masques sont obligatoires, sur la bouche et sur le nez ». Et elles avancent les ombres sans haussement d’épaules, ni un mot. L’habitude désormais. Le virus s’installé et est décidé à ne rien lâcher. De certains voyageurs on ne voit que les trous des yeux. Leurs oreilles sont obstruées par des fils de smartphone, blancs, noirs. Des zombies les jeunes (jeunes ?) Ils ne voient presque rien, ni personne. Voilà les wagons à la queue leu leu. Un cri strident de ferraille (évidemment). On ne se bouscule pas. À quoi bon ? On a le choix : train, Transilien, RER, métro, bus, Uber, vélo, trottinette et les gambettes c’est moins cher mais plus exigeant. La Madeleine est d’une sobriété toute matinale. Personne n’a un regard pour elle à cette heure où tous les lampadaires sont encore allumés. Les guirlandes des grands magasins (des petits qui le peuvent aussi) clignotent toujours désespérément, plus lumineuses que jamais. Tout autour des consulats, ambassades… J’attends 9 heures. Je pénètre dans quelques-unes, l’été n’est pas loin et il va falloir se décider…

Quelques centaines de mètres à pied jusqu’à La Madeleine. Il pleut, il ne pleut pas. Donc ouvrir le parapluie. Puis le plier. L’ouvrir à nouveau et cetera. Il y a des choses qu’on ne maîtrise pas. Métro ligne 8 direction Créteil. Changement à la première station : Opéra. Ligne 7 direction Mairie d’Ivry ou Aragon. Sortie Jussieu. « Jussieu » est vide de ses étudiants. Quelques boutiques sont encore fermées, les tireurs de plans, photocopieurs… Pas les boulangeries-pâtisseries. Un automobiliste furieux, klaxonne à l’intention d’un vélo imprudent. Le feu vire au vert pour les piétons. Je traverse et longe l’autre facette – elle est au garde-à-vous – de la grande « Sorbonne université, Campus Pierre et Marie Curie » appuyée sur des dizaines de poteaux, on dirait des pilotis vietnamiens. Et voilà l’IMA. Je zappe l’exposition « Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire » (trop cher à mon goût). Et puis, je suis bien à « l’IMA » non ? « Monde arabe » non ? Awweh, « y-a anguille sous roche » ai-je pensé une seconde. Je monte, descends, cafétéria, terrasse, librairie. Tiens, en passant je laisse deux de mes ouvrages au « chargé de », Alain Gu. Les mettra-t-il en exposition ? J’achète des livres pour enfants et d’autres de voyages lointains… Je prends des photos (réussies et belles j’espère) de la Seine, de Notre-Dame, des rives et quais à partir de la terrasse de l’Institut. Il pleut toujours où c’est mouillé dit l’adage. J’ai pu le vérifier. Et l’argent va toujours aux mêmes. Ne dites pas que cela n’a rien à voir. Si ça a à voir ! Je remonte les quais vers le nord, Notre-Dame, Saint-Michel, à droite le boulevard Sébastopol et Beaubourg avec les pieds bientôt en compote. Il y a foule par toutes les entrées. Va pour la BPI. Il m’a fallu une heure et même plus pour m’installer dans une salle. Il m’aurait fallu recommencer l’exercice pour entrer par la porte principale et la visite du côté ouest. Il y a une foule aussi importante que celle de la BPI. J’abandonne et me dirige vers le nord. Il pleuviote toujours. Une fois oui, une autre fois non. Boulevard Sébastopol de nouveau. Je traverse Étienne-Marcel. J’évite le Forum des Halles, plus le temps. Il commence à faire sombre. Boulevard de Strasbourg, Magenta à Gauche, puis La Fayette à droite, jusqu’à la Gare du Nord. En face, à l’angle La Fayette-Dunkerque, notre cher « Aulnay ». Mon ami M. m’y attend. Un verre. Et toujours le tour du monde, de plus en plus monde flou.

Demain est le dernier jour.

DES PHOTOS SUIVRONT

Oran-Tamanrasset

« Pour beaucoup ici la mesure du temps est une abstraction, une fantaisie étrangère dont on se moque éperdument comme on raille les instruments – la montre ou le sablier – chargés de cette énigmatique et impossible opération. Les éléments et les vicissitudes de la vie des hommes sont plus importants, parfois plus inquiétants, que l’horloge et le faux temps qu’elle dissèque. L’une et l’autre sont mis à distance par les hommes qui les observent avec le juste intérêt qu’ils leur doivent. Aucun sablier ne sied au temps éternel. » À Béni Abbès – El Ouata, 2014.Alors, installez-vous, prenez un thé, ce que vous voulez, respirez. Cool…

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Un thé à El-Ouata

Les derniers jours de janvier s’effilochent à leur tour, paisiblement, en lambeaux ou en débris, naturellement ou au gré du Zef ou du Chergui comme tous ceux qui les précédèrent. Je me trouve dans le désert algérien. À El-Ouata exactement. Latitude 29°51’50 nord, à cinquante kilomètres au sud de Béni-Abbès. Le thé rouge que je déguste sous la tonnelle qu’ombragent de respectables bougainvilliers fleuris à faire rougir de lointains congénères mieux lotis, a le goût suave de l’immuabilité.  Pour beaucoup ici la mesure du temps est une abstraction, une fantaisie étrangère dont on se moque éperdument comme on raille les instruments – la montre ou le sablier – chargés de cette énigmatique et impossible opération.  Les éléments et les vicissitudes de la vie des hommes sont plus importants, parfois plus inquiétants, que l’horloge et le faux temps qu’elle dissèque. L’une et l’autre sont mis à distance par les hommes qui les observent avec le juste intérêt qu’ils leur doivent. Aucun sablier ne sied au temps éternel.

J’arrivai à Béni-Abbès hier en fin de journée. Je passai la nuit dans l’hôtel du Grand Erg, chambre 187.  Cet hôtel est une sorte d’îlot, très peu nombreux ici, dont les responsables – ils viennent du Nord –, par souci de « bonne gestion », ont souvent les yeux rivés sur la trotteuse et la grande aiguille qui tournent sans fin, chacune à son rythme, sous un cadran impassible. « Le petit déjeuner est servi entre 7 h 30 et 9 h » m’avait-on averti. Parmi les autochtones, nombreux poufferaient de rire. Ce matin, aussitôt réveillé je pris une douche froide avant de me rendre dans la salle de restauration pour le petit déjeuner – ce fut café au lait, khobz*, mini plaquette de beurre et confiture d’orange –, que je pris bien après l’horaire indiqué. Je saluai le réceptionniste très attentionné et me rendis au cœur de la ville, à hauteur du carrefour, sous les arcades. Les boutiques étaient ouvertes. Un marchand de journaux, des vendeurs à même le sol d’amulettes, de sandales, de bracelets et autres bijoux et souvenirs. Et un café. À droite, à quelques centaines de mètres sur l’artère principale, face au café-restaurant El-Aurès, des minibus et taxis collectifs attendent les clients. Mon intention était de me rendre à El-Bayada pour découvrir ses réputés artisans qui reproduisent à l’identique des ustensiles de cuisine en terre cuite tels qu’on les fabriquait dans les temps les plus reculés. El-Bayada se trouve à quelques kilomètres au sud d’El-Ouata. Des chauffeurs de minibus accostent les passants : « Taghit, Bechar ! », d’autres « El-Ouata ! »

El-Ouata, où je me trouve devant un verre brûlant et des dunes tout autour délaissées par les ombres, est un village offert au silence et à la torpeur, posé à cinquante kilomètres au sud de Béni-Abbès. 

« À El-Ouata tu prendras un taxi » me répondit le propriétaire du minibus qui fit encaisser par son employé 80 dinars. Je m’assis au fond du véhicule, au cinquième et dernier rang, à gauche, prêt de la fenêtre. Sur ma droite un homme, vêtu d’un boubou de soie bleu et d’un chèche de même couleur mâchait une gomme. L’heure prévue pour le départ était depuis longtemps passée, mais personne ne se souciait de cette contrariété. Le véhicule démarra lorsqu’aucune place des cinq rangées de sièges n’était plus disponible, y compris les quatre strapontins du couloir. Au premier rang, deux hommes occupaient les deux sièges à côté du chauffeur. Les commentaires de l’un m’amenèrent à penser qu’il était fonctionnaire. Le deuxième, très jeune, avait en charge la vente des billets. Juste derrière le chauffeur, au deuxième rang, deux femmes discutaient. La plus jeune tenait dans ses bras un nouveau-né silencieux, emmitouflé dans une couverture en laine pourpre, complètement. Lorsqu’elle se retournait pour parler au jeune garçon assis derrière elle, je devinais les traits fins de son visage dissimulé par un âjar*. Les deux sièges de droite étaient pris par un vieux couple. Une jeune collégienne occupait le premier strapontin.

Nous abandonnâmes Béni-Abbès par l’est, par l’hôpital Mohamed Yagou. La température ne cessait de grimper. Le ciel était et demeure aussi pur que les eaux du lointain et pacifique lagon de Tetiaroa. Une traînée ridicule au loin, blanche, se lova quelque temps dans un creux de l’immensité, puis s’évapora. La route était libre. Peu de véhicules l’empruntent. Les portables ne cessaient de vibrer, de sonner, tout le long du voyage. Mélodies inconciliables. Les discussions étaient hautes et les intimités des jaseurs partagées avec les autres passagers qui ne rouspétaient pas, mais n’en pensaient pas moins : « et toi pourquoi tu es allée les voir ? Je t’ai déjà dit qu’il était inutile d’aller les voir ». Cherchaient-ils à dissimuler leur état émotionnel, leur angoisse ? Nous étions tous, j’en suis certain, tous, à des degrés divers, plus préoccupés par la conduite du chauffard qui s’imaginait à portée d’une victoire d’un rallye automobile quelconque que par le contenu imposé des échanges téléphoniques. Aucun d’entre nous n’osa rouspéter. Ceux qui téléphonaient, peut-être le faisaient-ils pour détourner leur esprit de l’inquiétude et de la peur qui l’auraient assiégé du fait de cette folle conduite ? J’eus moi-même grand-peine à prononcer ces mots à mon voisin « il roule trop vite ». Le voisin feignit l’indifférence : « Hum » fut sa seule réaction bien réfléchie. Ou complètement spontanée. Peu après le panneau qui indiquait « Béchir », le receveur descendit. Le chauffeur quitta la grande route pour se diriger vers ce village, à droite. À deux kilomètres, le hameau sorti de nulle part pointa ses premières façades ocre. Un passager descendit avec un impressionnant sac bariolé rempli d’une douzaine de baguettes de pain. Ou une vingtaine. Il ne regarda pas derrière lui, ne fit même pas un geste de bienveillance au chauffeur. Cet apparent désintérêt ne me parut pas s’inscrire dans les mœurs locales très chaleureuses, quel qu’ait pu être son sentiment d’inimitié à l’encontre du chauffeur, que néanmoins je comprenais et partageais. Le minibus revint sur sa route. À l’embranchement qu’il avait quitté, il ralentit. Le receveur reprit sa place. Dix minutes plus tard, une localité un peu plus étalée apparut. Je demandai à mon voisin si nous étions arrivés à El-Ouata. Il hocha la tête et dit : « Taansel », gêné, me sembla-t-il, par la mastication de sa gomme. Je le fis répéter. « Taamtel » fit-il en se levant, pressé sous son chèche bleu, mais je n’étais point satisfait. Il demanda de libérer le passage, pour descendre, soulagé. Lui non plus ne fit pas signe et cela me contraria. Un homme monta en articulant un « Tchalem alikum »* à l’assemblée. Il prit la place de l’homme au chèche, rota et remercia l’Invisible en faisant la main droite du front aux lèvres et en murmurant « Hamdjoullé* ». Au loin, des enfants jouaient au foot dans un mini-stade neuf de volley-ball sans gradins. L’avenue principale est bordée, de part et d’autre, de nombreux arbres. Un journal révèle : « Entamé il y a trois années, un projet permit à ce jour la plantation de 15.000 ha en brise-vent autour des périmètres de mise en valeur des terres sahariennes, à travers les daïras de Béchar, Béni Abbès, Tamtert… Ces opérations de lutte contre la désertification furent aussi marquées par la plantation de 150 ha d’oliviers et de près de 9000 ha d’espèces forestières adaptées aux conditions climatiques de la région… » Un oued sans eau traverse le village. Le pont qui l’enjambe est en travaux. A la sortie, son nom est barré d’une bande rouge. Je réussis à lire : Tamtert. Les téléphones chantaient toujours. Trois personnes dont une femme, racontaient dans leurs combinés des histoires qui nous encombraient certes, mais qui nous aidaient, car nous ne pouvions totalement les ignorer, totalement supporter la folie du chauffeur.

Le temps passa et de nouveau la fourgonnette ralentit, puis s’immobilisa. La belle jeune femme et son nourrisson – il fut silencieux ou pensif, peut-être dormit-il durant tout le transport – nous abandonnèrent à l’entrée du dernier village. Nous arrivions à El-Ouata. Le garçon qui était assis derrière elle, peut-être son jeune beau-frère, descendit aussi. Un homme les attendait. Il embrassa le jeune garçon et soulagea la femme de son sac sans la regarder. Il avançait, la main pressant celle du garçon. La jeune femme les suivait. Le terminus se trouve au centre de la daïra*, près du marché. « Tout le monde descend, Ham-waldjikum* ». Le chauffeur d’un autre minibus m’expliqua que je ne trouverai probablement pas de transport pour El-Bayada. L’objet de mon déplacement était la découverte de ce village et ses réputés artisans, à dix kilomètres d’ici. Mais « la route n’est pas bonne pour nos voitures ». Je n’irai donc pas plus au sud. 

Au café du marché, je commandai un thé rouge « dans un grand verre merci ». Puis un second. D’une fourgonnette grise, un homme extrait des plantes vertes et de jeunes arbres fruitiers qu’il dépose et déploie derrière, à même la chaussée. Quelques personnes s’avancent, interpellent le vendeur. La saveur de ce thé rouge que je savoure sur cette place cernée de dunes sans ombre « Vingt-cinq dinars le grand verre », sous la frondaison des bougainvilliers écarlates est, je l’affirme, aussi exquise que la douceur de l’éternité.  

*Khobz : pain

Âjar : une voilette. C’est un tissu triangulaire, symbole de pudeur, traditionnellement porté par les femmes voilées. Il est posé sur le bas du visage, et qu’on attache derrière la tête.

Tchalem alikum ou salam alikoum : que la paix soit sur vous

Hamdjoullé ou Hamdou Allah (lillah) :  Remerciement à Dieu

Daïra : sous-préfecture.

Ham-waldjikum ou rham weldikoum : que Dieu bénisse vos parents.

El-Ouata le 26 janvier 2014.

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2011- CANADA, USA

Un voyage qui nous a menés jusqu’au grand nord canadien, de Yellowknife à Dawson en passant par Whitehorse et Skagway en Alaska…

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2019- Périple en Europe à travers 16 pays…

Extraits de ces carnets 2019 : Nous avons entamé vendredi 7 juin un périple délié de toute heure et de jour, enfin presque. Nous sommes partis en début d’après-midi de M. Notre petite ville se situe à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Marseille. En Algérie, l’extraordinaire mouvement populaire continue, toujours en force. Sur le site d’El Watan (daté samedi 8) on peut lire cet extrait d’article : «  Les manifestants ont également scandé leurs slogans habituels, tels que «Klitou lebled ya sarakin» (Vous avez ruiné le pays, voleurs), «Gaïd Salah dégage !», «Djeich chaab khawa khawa, Gaïd Salah maa el khawana !» (Armée peuple, frères, Gaïd Salah avec les traîtres)… » En France, après avoir saturé les infos avec le 75° anniversaire du débarquement, on ne parle que de la coupe du monde femmes, avec à 21 h au Parc des Princes : France – Corée du Sud.

Le ciel était entièrement dégagé et la température agréable, une vingtaine de degrés. La veille j’avais fait le plein de carburant du camping-car que nous avons baptisé il y a quatre ans, Le Nomadeur. Nous avons traversé Valence, Vienne, Lyon. Peu avant cette dernière ville nous avons intégré l’autoroute A6 afin de passer la nuit sur une de ses aires de repos. Et c’est à hauteur de la ville de Saint-Georges de Reneins que nous nous sommes arrêtés, devant le plan d’eau de l’aire qui s’appelle Boitray. Il y a un « Autogrill » fermé, et une dizaine de semi-remorques. Trois gouttes sont tombées durant la nuit. Nous reprenons la route vers 10 heures, jusqu’ au nord de Moulins où nous faisons une pause-déjeuner vers 13 heures dans le centre commercial Leclerc. À Bonny sur Loire nous faisons le plein (il est à 1€37), km 117622.

Nous retrouvons la région parisienne dont les routes tentaculaires sont toujours encombrées de véhicules en tous genres. Arrivés à Le T. à 18h30. Nous avons roulé 800 km. Le ciel est couvert, il pleut un peu. Et il ne fait pas chaud. Voilà retrouvée toute la famille…

Dimanche, nous sommes allés en des lieux chargés de souvenirs très anciens : Soisy-sous-Montmorency, Eaubonne, Enghien-les Bains… le lundi (de Pentecôte) nous l’avons passé au Jardin d’acclimatation… pour les enfants. Mardi, hier, j’ai retrouvé mes amis El H. et M. à Paris. Nous ne nous étions plus vus depuis plus d’un an. Ensemble nous nous sommes rendus au cimetière du Père Lachaise où se déroulait un hommage à Maurice et Josette AUDIN.

(…)

Samedi 22 juin 2019. Nous sommes arrivés hier, en fin de journée,  dans le petit village de Weissbriach, dans les montagnes du sud de l’Autriche, non loin des frontières avec l’Italie et la Slovénie. Nous n’y resterons pas, mais revenons au point de départ. Le matin du mardi 18 le temps fut chaud et couvert. Nous avons programmé le GPS pour éviter les péages autoroutiers. Nous avons traversé Troyes, Bar-sur-Aube, Arc-en-Barrois… Nous sommes arrivés à Langres à 20h30. Une paisible ville moyenne Le soir, par dizaines, des enfants et leurs familles, remontaient vers le parking face au lac, lui aussi, pour récupérer leurs véhicules après une soirée qu’on devine passée au cinéma, à encourager une équipe de hand ou applaudir à un quelconque spectacle. Il y avait vraiment foule. À nos cotés, un jeune homme, assis sur une chaise pliante, une cannette dans une main, le téléphone dans l’autre, s’émerveillait du moment. De sa radio on entendait du raï moderne qu’il s’évertuait à en faire partager le plaisir à son ou sa correspondante. Il picolait tranquillement (peut-être n’était-ce que du jus de pomme ?) il nous a demandé si sa musique nous dérangeait… « pas du tout ». Une heure plus tard, alors que nous nous apprêtions nous mêmes à « baisser les rideaux », il partait en nous faisant signe. Nous avons passé la nuit face à ce lac nommé Le lac de la Liez. La nuit fut mouvementée à cause d’un fort vent remontant de la vallée qui nous a obligés à déplacer notre Chalenger ou Nomadeur.

11h30, départ en direction de Bâle.  Nous sommes passés par la trop fameuse Vesoul que nous avons voulu voir et que nous avons vue, puis Lure, Belfort, Altrich. Nous avons traversé de nombreuses pleines. Sur les champs, posés comme des trophées, des ballots de paille. De nombreux troupeaux de vaches nous regardaient passer, indifférentes. Nous avons traversé la frontière suisse à Bâle sans voir ni douanier, ni gendarme, ni aucun autre képi. Et quelle ville. Nous nous sommes englués dans ses panneaux de signalisation, souvent en allemand. Coincés entre les voies réservées aux trams et bus et les autres, vélos et voitures du quidam. Nous avons programmé le GPS pour qu’il évite les autoroutes à péage et choisisse les parcours le plus court. Le temps a été le matin, moutonneux et chaud. L’après midi a été ensoleillée et bien chaude, plus que le matin. Bâle est une ville où la circulation nous a paru très compliquée, entre les voies de tram, de bus, de vélos et de voitures… Nous nous sommes égarés dans l’une des artères de la ville. Nous étions très heureux de nous débarrasser en moins d’une heure de cette ville incompréhensible. Nous prenons la direction de Zurich.  À 20 km avant d’y arriver, nous apercevons une jolie rivière, l’Aare, avec un grand parc auto. Il était 19h30 et le jour encore vaillant. Nous nous y sommes installés pour la nuit, en son flanc, l’Aare c’est le nom de la rivière, dans le village de Wettingen. De nombreux joggers, promeneurs, longeaient le chemin dont on ne sait où il mène.

Jeudi, au réveil, la pluie tombait, fine et continue. Les moineaux du coin se sont régalés de nos restes de biscottes. L’atmosphère dégageait une odeur de bouses de vache repue de végétation suisse, bien grasse et arrogante comme des petits suisses. Nous avons pris la route en direction de Zurich vers 11 heures. De l’autoradio montait la majestueuse « Nothing compares » de Sinead O’Connor. Nous avons traversé des villes entièrement endormies et la circulation était le plus souvent fluide. Jusqu’à Zurich où nous arrivons au km 1255. etc. (cliquer sur les liens ci-dessous.

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