Archives mensuelles : novembre 2022

Adieu Mahmoud

Les Quais de Seine près de St-Michel

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Voilà. L’inéluctable est tombé. Mahmoud s’en est allé. Mon ami de plus de trente ans est parti dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 novembre 2022. Nous venions de l’abandonner aux siens dans la chambre 309 de l’hôpital Avicenne de Bobigny, cette ville qu’il a aimée et où il a habité des décennies jusqu’au dernier jour de sa vie. Il y a une quinzaine de jours, nous échangions au téléphone avec légèreté, peut-être un peu feinte. Si-Mahmoud avait ses croyances et ses convictions. J’ai les miennes. Parfois les unes et les autres engendraient de la friture sur nos lignes, mais rien de bien grave. Mais il ne plaisantait jamais avec ses principes. Nous avions tant de choses essentielles en commun que nous partagions. Les monuments, les amis, les voyages en faisaient partie. Les sujets tels que la découverte de nouveaux pays, de leur Histoire, de leur population, de leur culture nous rapprochaient, tandis que nous en évitions d’autres. 

Mahmoud Bessaih, dans le ferry vers Puttgarden en Allemagne _ 2009

Ces dernières années, après Guernica en Pays basque espagnol, Mahmoud avait concrétisé un autre rêve de jeunesse, visiter Cuba, découvrir les Cubains, les vrais. Il parlait avec générosité de l’accueil très fraternel des Havanais de Lavibora, de Puentes grande, des plantations, des récoltes (la zafra) et de la transformation de la canne à sucre, de leurs boutiques à bière au bord de l’effondrement, d’autres très réputées ouvertes aux touristes en mal de nostalgie ou de spleen : le bar-restaurant El Floridita que fréquentait Hemingway, les pêcheurs à la ligne et les sublimes cubaines – répétait-il. Évidemment, le grand adversaire, el gran imperialista, les États-Unis d’Amérique avec leurs gringos qui s’étaient métamorphosés. Mahmoud racontait les routes mythiques et le Bagdad Café sur « la 66 » complètement déclassé où il s’est rendu, en Newberry Springs (Californie), le désert du Mojave. Las Végas qu’il a détestée, mais qu’il lui fallait découvrir et la folie autour, Los Angeles et San Francisco… Il n’avait qu’une envie : retourner en Californie et traverser le pays d’ouest en est jusqu’à New-York, à l’image de Jack Kerouac avec la folie en moins. Il racontait avec moult détails, les rencontres, les monuments, si bien que j’avais l’impression de l’avoir accompagné.

Il est vrai que nous avons visité le pays des Cow-boys, chacun de notre côté, lui l’ouest, moi l’est. Mais il est vrai aussi que nous avons traversé ensemble une partie de l’Europe du Nord pendant des semaines en passant par Bruxelles, Copenhague, Malmö, Hambourg, presque comme des jeunes routards en ébullition. 

Lorsque, comme lui, j’habitais Paris (ou sa banlieue), nous parcourions la plus belle ville du monde de la Porte de Clignancourt à La Porte d’Orléans, de la Porte de Bagnolet à la Porte d’Auteuil. À la recherche de rien, juste pour marcher et observer, voir, écouter, échanger. Cela pouvait aller des quais de la Seine avec ses bouquinistes, de la rue de la Huchette et le Cabaret El Djazaïr, aujourd’hui disparu, à Saint-Denis, entre la basilique et la Place du 8 mai 1945 (leur 8 mai) dans un bar où nous avions appris presque instantanément son assassinat, l’horrible nouvelle de l’exécution de Matoub Lounès. Le bar se ferait soudain silencieux. La rumeur enflerait sur le trottoir à n’en plus pouvoir.

Des anciennes halles de la Villette où Cheikha Rimitti régalait la galerie avec à sa tête le dandy Jack Lang, venu en soutien à la culture algérienne, à la MJC de Bobigny avec les toutes premières interventions des frères Naoui et Khaled (j’avais écrit pour Libé un papier sur la soirée qu’ils ont intitulé « Du rail, du raï, oh yeah ! »  

Lorsque nous avions emmagasiné tant et tant de kilomètres dans les mollets (entrecoupés de quelques transports en métro), il ne nous restait qu’à rejoindre feu Larry et tous les Oranais de Barbès dans son ridicule bistrot à Simplon, Aïcha dans son boui-boui face au Pont tournant et au regard de Garance ou Kader rue de Lappe, rue de Lappe/Passez la monnaie /Passez la monnaie / Et ça tournait /Et plus ça tournait / Et plus ça tournait…  Je n’oublie pas notre ami commun Hadj évidemment qui était le troisième larron de toutes nos péripéties. Nous connaissions tous les recoins de la ville-Monde. Il nous arrivait de nous retrouver sur la Place de la République pour une marche ou une manifestation pour les libertés en Algérie, un colloque à l’EHESS une soirée politique à Paris 8, au Salon du Maghreb du livre, à une rencontre autour de l’Algérie avec Mohammed Harbi ou Pierre Bourdieu. Nous étions (je suis toujours) en recherche naïve d’une potion magique (puisque tout le légal devint interdit) pour chasser du pays les requins, mais les requins sont comme les loups. Et nous avons fait chou blanc. À ce jour. Les mêmes requins et leurs progénitures sont toujours là, comme par magie après le grand coup de semonce, à saigner les Algériens toujours plus que la veille, à leurs profits et à ceux de leurs premiers et seconds cercles. Et aux opportunistes évidemment qui ont acheté de nouvelles vestes à retourner chez les premières friperies. En dernier adieu j’ai fait la tournée de quelques lieux de Paris que nous fréquentions et aimions. Puis nous nous sommes, cas de force majeure, séparés. 

Mahmoud, tu es resté à Paris, alors que je suis descendu sous le soleil provençal. Je t’ai eu au téléphone il y a une vingtaine de jours. J’ai compris qu’il me fallait te rendre vite visite. Le temps au mauvais a refroidi le soleil. Il est implacable avec ou sans cache-nez et bonnet. La visite s’est transformée en à Dieu à la porte 15 du funérarium d’Avicenne.

Pour toi, je suis allé faire un dernier grand tour à la bibliothèque Mohammed Arkoun (Paris 5°), à la bibliothèque Assia Djebar (20°), au jardin Kateb Yacine (13°), la rue Frantz Fanon (20°), la place Rimitti (18°), la place Maurice Audin (5°)

Aujourd’hui,  autour de toi, au cimetière de La Senia, se sont réunis tous ses amis pour une dernière accolade. C’est le seul faux bond cher ami Mahmoud de ne pas y être, pardonne-moi. Je voudrais, pour conclure cher ami, reprendre ton cri de joie préféré que tu me lançais lors de nos retrouvailles : « Aïwa ! »

Ahmed Hanifi, 

Paris le 29 novembre 2022

Copenhague- 08.2009

Kolding (DK) dans le Jutland _ 08.2009

SOS Méditerranée, « Ocean Viking »…

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CLIQUER ICI POUR VOIR VIDÉO SOIRÉE AU THÉÂTRE DE LA CRIÉE _ MARSEILLE

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Pendant que la France nauséeuse hurlait « Retourne en Afrique ! » (au sein même de l’Assemblée Nationale) à l’endroit de Carlos Martens Bilongo, député noir de La France Insoumise, ce 3 novembre 2022, l’autre France, généreuse et porteuse d’honneur, secourait en mer des centaines d’Africains en détresse, au plus près de la mort, ou applaudissait ce secours de SOS Méditerranée avec le navire affrété Ocean Viking. Cette France généreuse est majoritaire. Elle fait honneur à la dignité humaine, à la fraternité des hommes.

Dans le cadre des Rencontres d’Averroès ((17-20 nov 2022) à Marseille, une soirée intitulée « Musique, chansons et lectures de textes » été dédiée à cette association. Des dizaines d’artistes et d’écrivains se sont mobilisés auprès de SOS Méditerranée : Abd Al Malik, Marie Darrieusecq, Laurent gaudé, Marie Ndiaye…et un texte intéressant de Kamel Daoud sur le mur érigé par les autorités à Aïn el Turk (Oran). J’y reviendrai. Nous étions plus de deux cents personnes environ à y assister.

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Qatar, la honte

QUELLE DIGNITÉ A-T-ON LORSQU’ON ACCEPTE (ON SE TAIT) LES EXACTIONS COMMISES À L’ENCONTRE D’ÊTRES HUMAINS ? QUELLE DIGNITÉ ?

6500 TRAVAILLEURS IMMIGRÉS MORTS DANS LES CHANTIERS EN 10 ANS

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Regardez les matches de la coupe du monde au Qatar, pourquoi pas si vous aimez le foot, mais regardez bien cette vidéo sur le rôle de la France (de Sarkozy) dans l’attribution de la coupe du monde de football au Qatar, sur les pots de vin et compagnie… Et sur le Qatar, un pays quasiment sans aucun droit (surtout) pour les NON-nationaux, un état quasi-esclavagiste où la démocratie est un terme illicite.

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CLIQUER ICI POUR VOIR LES DESSOUS DE CE PAYS DE LA HONTE QUI ACCUEILLE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL

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suite en page 2

MARCEL PROUST

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Il y a 100 ans disparaissait un monument de la littérature française, Marcel Proust. Il est l’auteur de la phrase la plus longue de la littérature française. Elle contient 855 mots (et 56 lignes en fichier word).  Elle se trouve au début (Partie 1- 1° apparition…page 32+) de Sodome et Gomorrhe. 

Respirez !

« Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime ; sans situation qu’instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui : “Les deux sexes mourront chacun de son côté” ; exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les juifs autour de Dreyfus, de la sympathie – parfois de la société – de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu’ils sont, dépeint dans un miroir, qui ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu’ils n’avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce qu’ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la musique, la chevalerie, l’ascétisme, ont pu ajouter à l’amour) découle non d’un idéal de beauté qu’ils ont élu, mais d’une maladie inguérissable ; comme les juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d’eux, pardonnant leurs rebuffades, s’enivrant de leurs complaisances ; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable celui qui l’est demeuré davantage), une détente dans la fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu’ils soient une race (dont le nom est la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu’ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne détestent pas, que pour s’excuser, et allant chercher comme un médecin l’appendicite l’inversion jusque dans l’histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand l’homosexualité était la norme, pas d’anti-chrétiens avant le Christ, que l’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d’une disposition innée tellement spéciale qu’elle répugne plus aux autres hommes (encore qu’elle puisse s’accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y contredisent comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes ; formant une franc-maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de besoins, d’habitudes, de dangers, d’apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes, qui souhaitent de ne pas se connaître, aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l’avocat qu’il est allé trouver; tous obligés à protéger leur secret, mais ayant leur part d’un secret des autres que le reste de l’humanité ne soupçonne pas et qui fait qu’à eux les romans d’aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l’ambassadeur est ami du forçat : le prince, avec une certaine liberté d’allures que donne l’éducation aristocratique et qu’un petit bourgeois tremblant n’aurait pas en sortant de chez la duchesse, s’en va conférer avec l’apache ; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante, soupçonnée là où elle n’est pas, étalée, insolente, impunie là où elle n’est pas devinée; comptant des adhérents partout, dans le peuple, dans l’armée, dans le temple, au bagne, sur le trône; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l’intimité caressante et dangereuse avec les hommes de l’autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s’il n’était pas sien, jeu qui est rendu facile par l’aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu’au jour du scandale où ces dompteurs sont dévorés ; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d’où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale, légère auprès de la contrainte intérieure que leur vice, ou ce qu’on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l’égard des autres mais d’eux-mêmes, et de façon qu’à eux-mêmes il ne leur paraisse pas un vice. »

Le lait était noir

Un récit biographique de Mohammed Benjeddi écrit par Amira Leziar. Traduit de l’arabe par Ouahib Mortada

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Ci-après mon compte-rendu de lecture de ce livre

« Le lait était noir » est un récit biographique de l’homme de théâtre marocain Mohammed Benjeddi écrit par Amira Leziar et traduit de l’arabe par Ouahib Mortada. Il est présenté par l’Agence de L’Oriental. Le livre est paru en arabe aux éditions Yotoubia (Maroc). L’ouvrage en français, édité à compte d’auteur, comporte 147 pages. Il s’ouvre par une dédicace et une introduction et s’achève par un mot de l’auteur sur sa rencontre avec Mohammed Benjeddi, ainsi que par des témoignages d’une douzaine d’hommes et de femmes de la sphère culturelle marocaine et française. Le livre est écrit de sorte à ce que le rendu reflète au plus près la parole de l’homme de théâtre qui se veut directe, sans fioriture. Le cœur du récit se distribue en 25 très courts chapitres, y compris « Les premières années du 21° siècle » placé en fin de livre. Parmi eux ces titres « À l’école », « Les premiers pas », « Le premier grand voyage », « Rester ou partir », « La fermeture des frontières »…

L’introduction présente la cité minière de Jerada (60 kms au sud d’Oujda) et la famille de Mohammed Benjeddi dont le père, Abdelkader, qui est mineur. Dès sa première enfance Mohammed fait face à des problèmes de santé qui l’ont éloigné de ses parents. Tout petit il souffre des jambes et des bras qu’il ne peut bouger. Il n’est pas le seul dans Jerada. Plusieurs enfants de la ville sont hospitalisés. Autre mal, Mohammed boite et souffre d’une protubérance dorsale. Ses camarades de classe se moquent de son handicap, mais ne peuvent faire mieux que lui dans l’apprentissage scolaire. Il est le meilleur de la classe. Le hasard a voulu que Mohammed connaisse les premières planches à l’école grâce à son maître d’école qui lui propose d’interpréter le rôle d’un personnage d’une pièce de Maxime Gorki où il est question d’un boiteux. Mohammed découvre un nouvel univers, encouragé par ses parents et ses enseignants. À la fin d’un spectacle de fin d’année qui se déroule au sein de la mine, Mohammed reçoit les encouragements du directeur. 

Il poursuit ses études dans un lycée d’Oujda, en interne. C’est par le journal local où son nom est écrit en toutes lettres qu’il apprend qu’il est admis au bac. Sa mère fête l’événement par une zerda où sont invités famille et voisins, et offre à son fils des vêtements neufs. La suite des études se déroulera à Oujda. Mohammed suit également les cours de la faculté de lettres de l’université de Fès, à distance. Il a un rêve, celui de voyager à l’étranger. Il se rend donc en Espagne où il se fait voler les documents de voyage, échappe à une tentative d’attentat à la bombe qui s’est révélée fausse. Il poursuit son voyage en France. Il se rend chez sa sœur, en attendant une convocation pour travailler, puis à Paris « la ville envoûtante ». Sa rencontre avec une voisine de sa sœur causera des problèmes familiaux. Il revient à Oujda où il commence à enseigner, précisément dans sa ville natale, Jerada. Mais pas pour longtemps. Il sera « disqualifié » pour cause de mauvaise santé, alors qu’un médecin le déclare apte. Il constitue un dossier prouvant qu’il est à même physiquement et mentalement d’assumer sa mission d’enseignant. Il apprendra que c’est à la suite d’une plaisanterie (la sienne) visant un médecin, que Mohammed s’est retrouvé « disqualifié de la fonction d’enseignant pour raison de santé ». Il passa des mois entre Oujda, Fès, Rabat, de ministère en ministère. Au ministère de la Fonction public on le décourage « cela prendra beaucoup de temps » lui dit-on. Et ce temps, Mohammed veut le mettre à profit.

Il se rend de nouveau en France (St Quentin) où il rencontre plusieurs artistes, participe à des projets culturels, mais le climat familial ne l’incite guère à rester en France. Ses va-et-vient reprennent entre les différents ministères. Au lycée Jerada où il enseigne, il réalise avec ses élèves une pièce de théâtre. Plus tard il participe à la mise en place du premier festival de théâtre scolaire. Il mettra en scène Al Maghout, réalise des émissions de radio, rencontre des artistes algériens, coordonne les activités de l’Alliance française à Oujda. Après la mort de son père en 2005, il quitte l’Éducation nationale après 37 années de service. Il se détache de l’Alliance française et s’installe dans un petit village, à Tafoughalt.

Mohammed Benjeddi poursuit néanmoins ses activités artistiques. Il participe avec sa troupe Comédrama au Festival d’été de Bruxelles alors que sa santé est très fragile. Le diagnostic des médecins est sans appel. Il rentre alors en urgence au Maroc puis repart en France sur insistance de son fils pour intégrer le CHU de Montpellier. La solidarité entre les artistes va formidablement jouer par l’intermédiaire d’une de ses amies, Danielle Pugnale, qui ouvre une cagnotte sur les réseaux sociaux pour aider Mohammed. Et c’est un grand succès. Les dons affluent de nombreuses régions, de nombreux pays. L’opération médicale est couronnée de succès. À son arrivée à l’aéroport d’Oujda l’artiste est accueilli par une foule importante. On organise une soirée spéciale à son honneur.

Mohammed Benjeddi, dans son entretien avec Amira Leziar l’auteure de son récit biographique, se souvient d’une belle rencontre alors qu’il était en France pour une nouvelle hospitalisation et un contrôle. Une rencontre en Normandie d’une vieille dame. C’était à la suite d’un « week-end théâtral » à Rouen. Une de ses amies qui l’accompagnait lui présenta sa tante qui avait vécu au Maroc. Et à Jerada où elle était infirmière à l’hôpital de la compagnie des mines jusqu’en 1960 et son départ pour la France. Elle a connu « Kader » le père de Mohammed et surtout la vérité sur la composition du lait qu’on distribuait aux familles. « Il y avait du lait mélangé avec des particules de goudron qui tombaient des grandes chaudières où se faisaient le remplissage des bouteilles de lait… » qui causera tant de ravages chez les enfants de Jerada. 

Sur deux pages, l’auteure, explique les conditions de cette rencontre avec Mohammed Benjeddi, notamment à Montpellier où il lui conta son histoire. Une douzaine d’acteurs de la scène artistique marocaine et française lui rendent un hommage appuyé. Le dernier chapitre du livre s’intitule « Parcours de l’artiste » qui en énumère les grands axes. Ses débuts avec « Aïcha Kandicha », son parcours professionnel à Oujda, la troupe qu’il a fondée, « Comédrama », ses représentations, ses participations à différents festivals, ses beaux échanges avec les artistes algériens. Mohammed Benjeddi a reçu la médaille d’or de la Fédération internationale du théâtre en France. Il continue aujourd’hui de suivre de très près le monde du théâtre qui ne l’a jamais abandonné.

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Facebook, Twitter…

Bonjour à tous,

Six mois ont passé depuis que j’ai suspendu mes interventions sur Facebook. Je ne pouvais pas demeurer sur le réseau social. Le ronron était devenu intenable. 

Certains se souviennent de ce spectacle de fête foraine où des motards tournent à l’intérieur d’une boule de métal qu’on appelait La boule de la mort. Ils montent et descendent comme des fous, sans aucune issue que celle de tourner et tourner encore jusqu’au sifflet de l’ordonnateur tapis de l’autre côté du danger, hors de la boule, lui. Facebook m’a donné ce vertige inutile. Et puis l’on se rend compte que les Trolls sont plus nombreux que les gens de bonnes intentions. La plupart de ces Trolls (vous vous rappelez des « doubabs » ?) qui subsistent je suppose, sont malveillants. Ils ne construisent pas, ils cassent le débat, les échangent. Seules comptent pour eux les polémiques, les diversions. Beaucoup sont rémunérés, remerciés (d’une façon ou d’une autre). Mais Facebook c’est aussi des rencontres, des retrouvailles, de la joie, parfois pas. 

Il est important parfois de faire des pas de côté, des pauses, mettre à distance, pour faire le point, répondre à ses propres interrogations. Et surtout relativiser. Dans beaucoup de pays (notamment du Sud), les utilisateurs des réseaux sociaux sont une très petite minorité. Ces gens ne révolutionneront pas le monde. L’autre danger dans ces pays est la télévision qui propage le mensonge à longueur de journée. Et lorsqu’il y a 8 ou 15 chaînes c’est 8 ou 15 fois autant de mêmes mensonges répétés. De ces mensonges il en reste forcément quelque chose. Les Algériens en savent un bout.

Je reviens à la parenthèse. Ces pas de côté permettent de relativiser, de mettre en perspective, de se rendre compte combien l’homme, quel qu’il soit ne changera pas seul le monde, et combien il est petit, lui l’homme. Et combien ce réseau social et les autres débordent de vanité, de haine, parfois avec l’assentiment directs ou non de leurs propriétaires. L’exemple récent montre combien le patron de Twitter compte faire émerger tous les discours quels qu’ils soient y compris les plus nauséeux, au nom de la sacro-sainte « liberté d’expression » sans borne. C’est pourquoi j’ai définitivement clos mon compte après treize années de présence. Facebook suivra-t-il ?

J’ai mis à profit cette longue parenthèse pour voir du monde, voyager, écrire. Le monde est entrain de renforcer les aspects les moins heureux, de mettre en spectacle les côtés sombres de notre humanité. Les Droits fondamentaux de l’homme partout reculent. Depuis quelques décennies un renversement progressif des valeurs qui ont fait la fierté des hommes s’est produit.

Aujourd’hui le complotisme, les idéologies que l’on croyait définitivement balayées refont surface, avec des nuances, avec des acteurs et des victimes différentes. Le nationalisme est de retour un peu partout et les cloisonnements dangereux qui vont avec. En Europe, particulièrement en France (où nous vivons) le rejet de l’immigré, de l’immigré musulman, du musulman, de l’Arabe, du Maghrébin, de l’Africain est fortement médiatisé par des chaînes d’information comme C News ou BFM… profondément réactionnaires, sans déontologie, sans éthique, avec des objectifs toujours dictés par la seule cupidité. D’autres chaînes, publiques, sauvent souvent cet honneur perdu, heureusement.

L’accueil des réfugiés ukrainiens en Europe est une nécessité pour son honneur. Le rejet simultané et clairement assumé des nouveaux boat people africains et arabes est révoltant. Le choc est monstrueux. De nombreux Européens (et Français) se sont dit révoltés par cette différenciation de l’humanité selon qu’elle est blanche ou non.  

Quant à l’Algérie, c’est avec tristesse que je l’observe. Beaucoup de tristesse. Mais aussi, hélas, avec de plus en plus de détachement. 

Le racisme qui touche les Africains en Algérie est la pire de toutes les saloperies. On ne peut jeter la pierre à l’occident d’un côté et discourir comme une fripouille, un faquin, concernant nos frères Africains dénudés qu’on ne regarde même pas dans la rue, qu’on évite, qu’on blesse. 

J’observe l’Algérie qui m’a vu naître, grandir avec beaucoup de tristesse. Je suis devenu totalement allergique aux chaînes de télévision algériennes. Je continue de lire la presse papier que je trouve routinière et aseptisée. Il ne se passe (quasiment) presque rien, hormis les chiens écrasés et le bon dos du néocolonialisme, rien sur les responsabilités internes inhérentes à l’autoritarisme. Le régime s’enfonce dans l’aveuglement et la brutalité et on ne peut rien dire. Des jeunes filles et hommes sont jetés en prison pour un oui ou pour un non, les ONG et les partis politiques vivent sous la menace constante et les entrepreneurs honnêtes sur la défensive. Les maquignons qui s’étaient repliés quelque temps sont revenus pour agrandir leurs tanières. Les petites cupidités sournoises au raz du gazon qui virevoltent derrière eux reprennent elles aussi du poil de la bête et leurs trains-trains. Les pénuries d’huile, de pain et autres produits de nécessité première ne les concernent pas. Après avoir crié plus fort que nous tous « Jazair horra démocratia » en tête des cortèges, les voilà ces frappes héraults de l’Algérie neuve. La dine, la rassa, la mella. C’est très triste et très révoltant. 

Mais l’honneur et la dignité ont la vie dure. Un arrêt, une respiration, une pause, ne sont jamais des défaites.


Je quitte Twitter

JE QUITTE TWITTER. 

Pourquoi, après 13 ans de présence, je quitte Twitter ? La raison principale est simple. La digue de la modération est en passe d’être réduite à peau de chagrin sur Twitter. Les discours ouvertement haineux, xénophobes, racistes vont se déverser plus encore sans aucune crainte à commencer par ceux du complotiste ex président des USA, grand ami du milliardaire, désormais patron de Twitter, Elon Musk. L’objectif principal du nouveau patron autoritaire de Twitter est la rentabilité et seulement cela, tout le reste en dépend. Parmi les toutes premières de ses actions figure le licenciement (par mail !) de 50% des employés de twitter. 

Il y a des limites, des « digues » que justement le nouveau propriétaire de ce réseau social semble vouloir détruire. Nous avons en France l’exemple de chaînes TV d’information notamment où le Trash, le racisme, le voyeurisme sont érigés en modèle. Les nombreuses réactions abjectes sur Twitter à la suite de l’intervention ce 3 novembre du député noir Carlos Martens Bilongo de la France Insoumise n’ont pas été supprimées de Twitter. À tous mes amis, je vous conseille une bonne lecture. Personnellement je reprendrai La société du spectacle de Guy Debord « Le spectacle est le capital à un tel degré d’accumulation qu’il devient image », mais avant tout j’émigre dès cette semaine vers Mastodon, beaucoup plus horizontal, où l’éthique semble avoir un sens (me dit-on).

Au revoir, beslama, adiós, Wiedersehen, arrivederci, Hejdå…إلى اللقاء

Ahmed HANIFI, 7 novembre 2022

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12 septembre 2022

L’hypothèse du rachat par Elon Musk du réseau social Twitter a fait grand bruit, avant d’évoluer en saga médiatique après le changement d’avis du milliardaire libertarien. Réputé pour ses positions « radicales » en faveur de la liberté d’expression, le patron de Tesla et Space X a fait craindre, d’après nombre de médias, la fin de la modération agissant comme une sorte de digue démocratique. Une digue qui a notamment permis le bannissement de Donald Trump après l’invasion du capitole par ses partisans en 2020. 
Mais le problème se situe-il réellement à ce niveau ? Est-ce que Twitter, à ce jour, soit avant d’éventuels changements dans la politique de modération, contribue positivement au débat démocratique ? Ou alors, pourrait-il jouer ce rôle si ses dirigeants étaient empreints d’une véritable « éthique » ? Il est permis d’en douter.  

Yves Marry

Cofondateur et délégué général de l’association Lève les yeux, dédiée aux enjeux des écrans et d’économie de l’attention

Depuis une dizaine d’années, les réseaux sociaux, qui permettent la transmission d’information en continu et l’échange direct entre émetteur et récepteur, se sont imposés comme les principaux lieux du débat public à l’échelle mondiale. Twitter, premier d’entre eux dans le champ de l’information, est ainsi devenue une sorte d’Agora planétaire, et il apparaît incongru de ne pas y participer lorsque l’on souhaite y prendre part. C’est pourtant la position défendue par ce billet, à l’adresse de celles et ceux qui s’engagent dans la grande « transition écologique et sociale »1 à venir, et donc dans le plaidoyer visant à la promouvoir. Citoyens, responsables politiques, mais aussi, et peut-être surtout, ONG fers de lance du mouvement social : je vais tenter d’expliquer pourquoi, d’après moi, vous devez quitter Twitter.

  1. Se reconnaîtront ici celles et ceux qui sont engagés pour agir réellement, à la racine, contre les catastrophes écologiques et sociales déjà bien commencées.

Twitter ne sera jamais ni démocratique…

Les objectifs de rentabilité sont fondamentalement antinomiques avec ceux du débat démocratique. Ce dernier nécessite une liberté d’expression s’exerçant au sein de limites collectivement définies, la possibilité d’une écoute réciproque, une ouverture aux arguments contraires. Autant de conditions ruinées par l’émergence des grandes plateformes qui ont basé leur modèle économique sur la captation de l’attention humaine, et pour qui l’impératif de profit l’emporte sur toute autre considération.

On pourrait rétorquer à ce stade qu’une version « libre » ou « éthique » – comme Mastodon – de la même application permettrait de conserver les avantages d’Internet, « horizontal », « outil d’accès à la connaissance », etc. Mais la forme capitalistique de Twitter n’est pas le seul problème. C’est même, oserais-je avancer, secondaire. Comme nous l’ont appris les précurseurs de l’écologie : la « technique n’est pas neutre »2. L’infrastructure d’Internet et des réseaux sociaux empêche, par nature, la possibilité d’un débat réellement démocratique.

Neil Postman le démontrait dès 1992 dans Technopoly3 : plus la transmission de l’information s’accélère grâce aux innovations technologiques, plus les contenus « saillants », chargés émotionnellement, sont favorisés par rapport à ceux mobilisant la raison et l’esprit critique.

Journal papier, radio, télévision, Internet, réseaux sociaux : l’histoire des médias est l’histoire d’une accélération, et ainsi d’une course effrénée vers le trash et le clash. En atteste ce qui capte le plus l’attention aujourd’hui en matière d’information : des émissions de politique spectacle comme TPMP en France, les comptes Twitter de personnalités comme Donald Trump, ou l’enchaînement de vidéos « chocs » sur Youtube et Tik Tok.

Par surcroit, loin d’une prétendue « horizontalité » liée à Internet, on communique dans ces réseaux en silo, à travers des « bulles de filtre », avec des personnes partageant nos opinions – à moins que l’on souhaite troller pour mieux gagner desfollowers, ce qui n’arrange en rien la qualité de la pratique démocratique. Cette fuite en avant se fait au détriment du journalisme professionnel et indépendant et, plus généralement, de la « vérité de fait », pour reprendre les termes d’Hanna Arendt dans sa description du risque totalitaire. 

Consacrant l’ère du clash et du bullshit4, faut-il voir en Twitter un « progrès », ou au contraire un fossoyeur de nos démocraties ?

2. Neil Postman, Technopoly, comment la technologie détruit la culture, traduit collective de l’anglais, L’Échappée, 2019.

3. Pour reprendre les termes de Jacques Ellul, Ivan Illich ou Bernard Charbonneau, qu’il est urgent de (re ?) découvrir.

4. Termes de Christian Salmon, auteur de « L’ère du clash » (Fayard, 2019) et d’Elodie Laye Mieczareck, sémiologue, dans le podcast Sismiques : « L’ère du bullshit », épisode 81, janvier 2022.

…ni écologique ou social

La pensée réactionnaire et xénophobe n’a jamais eu besoin d’Internet pour germer dans les esprits. Toutefois, la technologie numérique agit sur elle comme le meilleur des fertilisants. Pointer du doigt des boucs émissaires, attiser la peur et la haine, quoi de plus facile quand c’est l’émotion qui guide la visibilité, et donc la rentabilité ?

S’ajoute à ce biais la faculté de manipulation permise par les algorithmes. Plus il y a de données personnelles, plus des entreprises de marketing politique peuvent cibler les électeurs et influencer les opinions. Cas d’école, l’affaire Cambridge Analytica a révélé l’immense capacité d’influence des agences de communication sur les élections, et donc de l’argent permettant de s’offrir leurs services. Il aura ainsi suffi de cibler quelques électeurs stratégiques via les données récoltées sur Facebook pour faire bifurquer l’histoire : vote du Brexit en 2015 et élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en 2016.

Rappelons aussi, brièvement, l’immense coût écologique de la technologie numérique, longtemps vantée comme un « cloud », et toujours accolée à l’adjectif « smart ». Cette énième duperie de l’industrie numérique a été parfaitement dévoilée par P. Bihouix, G. Pitron, ou le Shift Project, entre autres5. Green IT a même calculé que Twitter émettait chaque jour autant de CO² que 20 aller retours Paris Londres en avion6

Enfin, outil de contrôle par excellence, l’Internet contemporain est-il réellement une arme des « combattants de la liberté » ou plutôt un moyen de surveillance, et donc d’oppression ? Russie, Chine, Birmanie, pour ne citer que quelques exemples récents : tous les mouvements de protestation y sont repérés, puis réprimés. Les « printemps » se sont glacés, et les oppositions meurent en silence. Ou s’organisent « en vrai ». Car quel mouvement de contestation sociale a connu plus de succès, en France ces dix dernières années, que la ZAD de Notre Dame des Landes ? Loin des hashtags et des indignations éphémères, les zadistes se sont réunis physiquement, ont éprouvé l’opposition dans leur chair, se sont liés, et ont obtenu la fin d’un projet industriel absurde.

5. Lire : Philippe Bihouix, L’Âge des low tech ;Vers une civilisation technologiquement soutenable, Seuil, 2014 ; Guillaume Pitron, L’enfer numérique : voyage au bout d’un like, Les liens qui libèrent, 2021 ; Shift Project, Rapport « Pour une sobriété numérique », octobre 2020. 

6. Lire « Combien d’énergie pour un tweet », sur le site de Green IT : w-geenit-fr/2010/06/28 

Le devoir d’exemplarité

Mais si Twitter est devenue l’agora principale, ne faut-il pas y participer, afin de ne pas « laisser la place aux adversaires » ? C’est le même argument qui incite certaines voix du progrès écologique et social à ferrailler sur CNews. Sauf que, précisément, une majorité de ce camp s’y refuse, et à raison : y aller, c’est leur permettre de ne pas parler tout seul, d’avoir quelques balles à smasher. Tout le cadre, l’armature du débat, les temps de parole, les thèmes abordés, les prises de vue, les montages post production : tout favorise la pensée réactionnaire et conservatrice défendue par le milliardaire Vincent Bolloré, dont on sait qu’il mène une croisade idéologique. Dans une moindre mesure, certes, c’est la même logique qui s’applique à Twitter. La bataille culturelle y est perdue d’avance pour le camp de la transition.

Il y a, à contrario, des avantages à quitter Twitter, au premier rang desquels le gain de temps et de disponibilité d’esprit pour communiquer autrement. Car, réjouissons-nous, les autres médias n’ont pas encore totalement disparu. La société civile peut investir pleinement les médias traditionnels, leur réserver les informations exclusives. Elle peut s’exprimer dans les amphithéâtres et les écoles, organiser des cafés débats, distribuer des textes imprimés qui circulent de mains en mains. S’impliquer physiquement, « réellement », dans la construction du monde d’après, plutôt que derrière un écran de fumée.

Pour que la planète soit préservée de la voracité des multinationales, pour que la démocratie s’impose face à l’autoritarisme, pour, comme l’a annoncé la maire de Barcelone Ada Colau l’an dernier au moment de clôturer son compte, que « l’amour l’emporte sur la haine » : quittez Twitter.

Article paru in: w.communication-democratie.org/fr/publications/2022/09/12/pourquoi-il-faut-quitter-twitter

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