Archives mensuelles : décembre 2020

Bonne année 2021 !

et: poème « À toi qui me lis »

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(Cliquer sur le lien ci-dessus, pas sur l’image)

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À l’orée de cette année nouvelle 

à toi qui me lis

Je souhaite que se concrétisent les plus insensés de tes rêves ;

Que s’allument en toi les plus merveilleuses étoiles ;

Que te sourient la lune et les plus beaux astres ;

Que tu palpes chaudement tes désirs les plus ardents ;

Que s’expose ta créativité à la lumière et aux quatre vents verts ;

Je souhaite que se concrétisent les plus insensés de tes rêves ;

Que te réussissent si besoin les remèdes aussi bien aux temps pleins qu’aux vides ;

Que sur toi se déploient tous les bienfaits attendus ; 

Que tu restes toi-même ;

Que tu proposes ton cœur à la disponibilité bienveillante ;

Je souhaite que se concrétisent les plus insensés de tes rêves ;

Que tu ranges au fond de ton abîme tes vaines rancunes ;

Que tu hisses ton cœur sur les cimes du mont Tahat, Djurdjura, Blanc ou 

Kilimandjaro ;

Que tu uses jusqu’à sa dernière fibre ta mansuétude ;

Que tu soies en retour aimé par tes amis, tes proches et tous les autres ;

Je souhaite que se concrétisent les plus insensés de tes rêves ;

Faisons acte d’humilité quelles que soient notre croyance, nos certitudes ;

Regardons l’univers dans les yeux, puis posons un doigt sur un grain de poussière ;

Observons notre miroir, nous ne sommes que cette éphémère misère dont les feuilles 

                                                                              ne vivent qu’un jour ;

Oeuvrons ensemble pour que le nôtre soit le meilleur possible ; 

Marseille, le mardi 29 décembre 2020

Trois poèmes pour l’absente

La rôdeuse

Elle claudiquait. 

Résistait cahin-caha. 

Tenace.

Nous avertissait, « j’arrive ! » 

Naturellement crasse, indépassable. 

Elle sévit là comme ici.

Sans distinction au grès de son humeur. 

Les mots pour l’entraver, la juguler, 

Baignaient dans un abîme d’insignifiance. 

Elle est arrivée lourde habillée de fatalité. 

« Par ici » somma-t-elle, pointant du doigt sa cible de l’heure,

La treizième lettre recouvrait son crâne cendré. 

Elle en exhibait trois autres. 

Le mur d’effroi gesticulait, hurlait. 

Dépouillé.

Mma flotte dans son blanc lit.

Comment ne pas craindre le vertige. 

Puis elles s’envolèrent. 

Mais la rôdeuse reviendra.

C’est dans l’ordre de notre condition.

Deux ans plus tard, vendredi 25 décembre 2020

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Sur le rebord du monde

Je n’aime plus Istanbul, le Bosphore

Plus ses eaux turquoise

Ni ses bateaux vapur

Le Café Loti

Ou les îles des Princes

Ma mère est ma douleur

Je n’aime pas les bazars 

Pas les zelliges, formes et couleurs

Ni l’amabilité des Stambouliotes

Leur empathie

Pas les Temples pas les musées pas les mosquées

Le turban blanc d’Abraham

M’indiffère

Et l’empreinte du Prophète

L’épée

La barbe

Le ridicule Derviche me donne le tournis

La mélodie qu’écoulent le daf et le ney 

M’exaspère autant que les applaudissements nourris

Ma mère est ma fêlure

Elle me regarde

Persévère

Longuement

Et encore

Creuse dans mon visage

Dans mon chagrin

Ma mère est mon impasse

Que faire alors de tous les trésors 

Du reflet de la lune le soir

Seul au monde devant le plan d’eau 

Du jardin de Sultanahmet

Ou au cœur de la Küçük Ayasofya camii

Quand ma mère chemine à deux pouces 

du rebord du monde

Istanbul, vendredi 22 juin 2018, 8h30

* * *

Fêlure

Ta joue droite repose sur la paume de ta main

qui la soutient ou réchauffe.

Ou rassure.

Ton regard

si lointain jusque-là

paraît suspendu à tes pensées atrophiées.

Tu semblais méditer au néant,

absente,

te voilà confrontée à un flux de conscience

que tu vibres de tant vouloir transformer en actes de paroles

en réponse à mes interrogations.

Il me semble.

Car je ne suis pas sûr que mes questions te parviennent.

Tes lèvres rétives,

étrangères depuis longtemps à toute parole

demeurent impassibles à mes ridicules gesticulations :

Amma, kiraki, ghaya ?

Tu ne réagiras pas.

« Irrémédiable ».

Je le sais pourtant,

mais je persiste à espérer l’impossible.

Un miracle.

Tu me regardes.

Tu persévères.

Longuement.

Et encore.

Tu creuses dans mon visage,

dans mon chagrin,

pour que surgissent d’improbables souvenirs

et y arrimer la justification de ta présence, l’automne de ta vie.

La lumière qui progressivement, timidement,

jaillit du centre de l’iris, atténue ma tristesse.

Me console un temps.

Je comprends, je saisis le message de cette flamme éphémère.

Tu sembles vouloir me couvrir de 

« combien je t’aime mon fils, combien je te comprends,

combien toutefois je suis captive de la maladie d’Alois ».

La forte pression de ton autre main agrippée à mon bras me réconforte.

Un moment.

La lumière qui jaillissait de tes yeux a un instant transformé tes lèvres demeurées closes.

Tu as souri

et sous mon masque d’homme

coule mon bonheur

ou mon incessible douleur.

In : Débâcles. 2016

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CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER MARCEL KHALIFA « Ma mère » (Ommi)

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Merci à : blog.almodaris.com/

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Hocine Aït-Ahmed

photo DR _ Hocine Aït-Ahmed_ 20 août 1926 _ 23 décembre 2015

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avec des familles de ‘disparus’ – photo DR/mur FB de Hacène Ferhati

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CLIQUER ICI POUR VOIR VIDÉO INHUMATION DE HOCINE AIT_AHMED_ DEC.2015

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1_ JE VOUS PRÉSENTE QUELQUES TEXTES DE HOCINE AÏT-AHMED

2_ SUIVIS D’UN HOMMAGE DE ABBÈS HAMADÈNE qui fut un de ses conseillers.

3_ ENFIN, QUELQUES LIENS

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CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER_ FRANCE_24, le 23 décembre 2015_ LA DISPARITION DE HOCINE AÏT-AHMED


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1_ QUELQUES TEXTES DE HOCINE AÏT-AHMED

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2_ TÉMOIGNAGE ET HOMMAGE AU GRAND HOCINE AIT AHMED par Abbès HAMADÈNE

De quel immense homme la mort vient de se saisir ce 23 décembre 2015 !

L’Homme qui venait de nous quitter ce 23 décembre 2015 est un titan de l’Histoire d’Algérie, il occupait une place que rien, ni personne ne pourra remplacer. On ne mesure que partiellement, très partiellement, l’immensité de cet esprit dont les frontières sont et resteront inatteignables.

Sa disparition a été vécue, par tous les Algériens, comme un deuil de famille.

De multiples et éloquentes voix ont exprimé ce que notre pays doit à cet indomptable combattant de la liberté. Liberté qui pour lui, était indissociable de la justice, la fraternité et la solidarité.

Il faudrait des dizaines de livres pour pouvoir rendre compte de l’œuvre gigantesque et du parcours révolutionnaire exceptionnel de Hocine Ait Ahmed qui, sorti à peine de l’adolescence à 21 ans, avait dirigé l’Organisation Spéciale chargée de préparer la lutte armée.

Dans un premier temps, je vais apporter un témoignage personnel à cœur ouvert avant de faire une présentation sommaire de son fascinant parcours révolutionnaire.

Ait Ahmed : Quand la modestie donne de l’éclat à la grandeur

Je connaissais et admirais cet homme, l’un des leaders les plus imminents du mouvement national, un responsable politique énorme et hors-norme. J’ai découvert l’homme, immensément charismatique, mais simple. Il n’était pas un esprit sec comme le sont souvent les hommes politiques.

Il était d’une gaité opulente et d’une courtoisie exquise. Il avait le rire facile et cultivait l’humour avec un talent singulier. Je ne me suis jamais senti mal à l’aise en sa présence. Comment pouvais-je l’être alors qu’il était toujours respectueux, compréhensif et attentionné ? Comment pouvais-je l’être, alors que je sentais qu’avec lui je pouvais parler sans craindre d’être pris de haut ?

Avec lui, j’étais comblé de prévenances. Je me demande toujours comment un homme de cette stature pouvait consacrer du temps pour prendre régulièrement des nouvelles de ma famille, de la façon la plus naturelle et la plus sincère.

Doté d’une mémoire prodigieuse et phénoménale, il ne manquait jamais de s’enquérir de l’état de santé de tel ou tel militant ou autre compatriote dont on a évoqué la maladie un ou deux mois auparavant. Authentique générosité du cœur !!!

Je garderai à jamais ces moments passionnants d’échanges avec cet homme dont la curiosité intellectuelle s’étendait à tous les domaines de la culture aussi bien algérienne qu’universelle.

Il se plaisait à évoquer l’écrivain Indien Tagore (Prix Nobel), Camus, Juvénal, Ahmed Chawki, Al Rumi ou Shakespeare dont il aimait citer des passages entiers en anglais.

Ce qui m’a marqué aussi, c’est cette écoute affinée et aiguisée avec une faculté extraordinaire à absorber les informations, à apprécier les points de vue pour enfin les analyser et les mettre en perspective. Il ne perdait pas une miette de ce qu’on pouvait lui dire. Aussi grand dans l’écoute que dans l’expression.

Je garderais à jamais ces moments passionnants de travail, de réflexion et d’échanges avec cet homme curieux de tout. Il avait gardé vivante cette fougueuse jeunesse, bonifiée par une intelligence aigue et une inébranlable sérénité.

Je le suis éternellement reconnaissant de m’avoir permis de le côtoyer et de travailler avec lui durant plusieurs années.

Son combat pour l’indépendance nationale :

En 1947, et âgé seulement de 21 ans, Ait Ahmed prend la direction de l’Organisation Spéciale chargée de la préparation de la lutte armée en remplacement de Mohamed Belouizdad.

Le 1er novembre 1954, il est l’un des 9 historiques dirigeants du FLN qui allaient déclencher la guerre de libération. Il était le fer de lance de la diplomatie algérienne et son théoricien. L’historien américain Matthew Connely écrivait : « Avant même le déclenchement de la guerre avec la France en 1954, les nationalistes algériens avaient une vision internationale du conflit qu’ils voulaient mener. Et l’homme qui développa cette stratégie s’appelle Hocine Ait Ahmed ».

L’acte fondateur de la diplomatie algérienne a été signé par Ait Ahmed et M’hamed Yazid à Bandoeng lors de la première conférence afro-asiatique en avril 1955. Cette conférence était la première victoire de la cause algérienne sur le plan international ! En effet, 29 pays reconnaissent le droit du peuple algérien à l’autodétermination.

En avril 1956, Ait Ahmed ouvre le Bureau du FLN à New-York et septembre de la même année la « Question algérienne » est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU, ce qui marque une retentissante victoire diplomatique de la cause algérienne. En octobre Ait Ahmed est arrêté en compagnie de Boudiaf, Khider, Ben Bella et Lacheraf.

De la prison, il continue de communiquer avec les dirigeants de la révolution en envoyant des études et rapports dont le plus important est consacré aux aspects politiques, juridiques, organiques et diplomatiques liés à la formation d’un Gouvernement provisoire.

Son combat démocratique après l’indépendance :

Grand acteur de l’Histoire contemporaine de notre pays, l’Histoire retiendra que Hocine Ait Ahmed fut le précurseur du combat démocratique.

A l’indépendance, le clan d’Oujda, conduit par Boumediene, Ben Bella et Bouteflika, s’empare du pouvoir par la force en s’appuyant sur l’Armée des frontières. La révolution est trahie et toutes ses structures et instances sont dissoutes au profit d’un clan, qui impose un système despotique dans lequel l’armée décide de tout.

C’est dans ce contexte de trahison du peuple et de confiscation de sa souveraineté que le FFS a été créé par Hocine Ait Ahmed soutenu par de prestigieux héros de la guerre de libération (dont le commandant Bouragâa) et des centaines d’authentiques maquisards de l’intérieur issus de différentes régions du pays.

Boumediene envoie ses troupes pour écraser la rébellion notamment en Kabylie. Refusant la guerre entre « frères», le FFS de Ait Ahmed fut obligé de se défendre dans un combat inégal avec des vrais maquisards épuisés par la guerre face à l’armée de Boumediene, composée dans sa grande majorité de militaires dont aucun n’a tiré une seule balle contre l’armée française.

Des centaines de militants sont tombés au champ d’honneur, des centaines sont arrêtés et torturés dans les mêmes locaux et avec les mêmes méthodes utilisées par Massu, Bigeard et Aussaresses.

Arrêté et condamné à mort, Ait Ahmed réussit à s’évader de la prison d’El-Harrach le 1er mai 1966.

Inlassablement, il a continué à mener son combat avec détermination, courage et lucidité en refusant toute compromission avec la dictature. Il a systématiquement refusé tous les postes qu’on lui a proposés.

Grâce à son charisme et sa clairvoyance, Ait Ahmed a joué un rôle de semeur d’idées et d’idéaux de justice et de liberté. Ses idées s’inscrivaient dans le prolongement des principes et idéaux du mouvement national, du 1er novembre et de la plate-forme de la Soummam.

Depuis 1962, il n’a jamais cessé d’alerter le monde sur les risques dévastateurs que peut engendrer la confiscation de la souveraineté populaire par le pouvoir militaire.

Comme il est terrifiant de devoir lui donner raison 57 ans après et un bilan désastreux du régime militaire !

Précurseur du combat politique et démocratique, il a contribué de façon significative à l’émergence d’une culture du pluralisme politique et culturel. L’Algérie lui doit aussi d’avoir inspiré, initié et favorisé l’éclosion du combat pour les droits de l’Homme dont il avait une idée noble et universelle.

Bien avant tout le monde, Ait Ahmed a cru et défendu une ligne politique basé sur un dialogue réunissant les voix qui prônent la sagesse et rejettent la violence. Il était convaincu que seule cette voie peut produire une dynamique de reconnaissance mutuelle des Algériens de sensibilités politiques différentes et opposées.

Il a cru également dans la capacité des Algériennes et Algériens, si la parole leur est accordée, à entamer un travail de confrontation pacifique des idées et d’élaboration collective d’alternatives démocratiques.

Ait Ahmed a été constant dans son combat pour une assemblée constituante qui ne se limite pas à une tâche technique de rédaction d’une constitution. Il s’agit de l’organisation d’une transition démocratique avec un souci majeur : Réhabiliter la souveraineté populaire confisquée depuis l’indépendance.

Le peuple algérien a vécu la mort de Hocine Ait Ahmed avec le sentiment amer d’avoir raté le grand rendez-vous avec la liberté. Désormais, depuis le 22 février 2019, la révolution populaire pacifique à travers ses slogans, ses mots d’ordre et ses revendications marche sur les traces de ce combattant qui a consacré 70 ans de sa vie à se battre pour la liberté, la dignité et les droits fondamentaux des Algériennes et Algériens.

((Je partage à nouveau avec vous ce texte avec une petite mise à jour )

Abbes Hamadène

Le 22 décembre 2020

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3_ QUELQUES LIENS:

1_ CLIQUER ICI POUR LIRE

2_ CLIQUER ICI POUR LIRE

3_ CLIQUER ICI_ UNE MINE D’INFORMATIONS

La jeune poétesse Latachi Imène

PRIX MAURICE-KONÉ LA DIFFÉRENCE 2020 

Une jeune poétesse algérienne nominée

LIBERTÉ _ 22 Décembre 2020 _ par M. Laradj

La jeune poétesse Latachi Imène a été sélectionnée pour le prix Maurice-Koné pour son poème Différente dans votre monde. Elle a dû faire face à une redoutable concurrence où, selon les organisateurs, les textes reçus pour cette édition 2020, qui a par ailleurs couronné le Malien Serges Cyrille Koko, se sont avérés denses et très difficiles à départager pour les catégories adultes. Les écrits ont été notés sur le respect du thème, l’originalité, l’orthographe et la grammaire, les qualités esthétiques et stylistiques.

“Pour cette édition unique sous Covid-19, les concurrents se sont exprimés poétiquement sur la notion de différence sous un angle bien particulier, dans cette édition tout aussi particulière où tous les textes sont parvenus cette année exclusivement en français, de poètes d’Afrique, d’Europe et des Amériques.” Les organisateurs ont constaté que les poètes auront relevé le défi, et certains seront allés véritablement en profondeur, sondant une notion de la différence comme elle est rarement perçue.

Pour la première fois depuis la création du concours, la différence décrite dans les poèmes dépassait le cadre des relations entre humains. Tout heureuse de cette nomination, la jeune Imène Latachi expliquait sur le site du prix poétique : “J’écris, car je ressens une sorte de soif. J’écris, car ‘vivre’ me fait ‘souffrir’ et qu’‘écrire’ me ‘délivre’.” Et de poursuivre : “L’université a changé ma façon de voir les choses, notamment grâce à mes enseignants de littérature. J’ai, de ce fait, commencé à écrire pour faire ressortir le meilleur de moi-même. Il me semble que j’écris aujourd’hui pour m’épanouir, et pour faire passer en revue les maux de ma société.” Imène Latachi a déjà à son actif deux recueils de poésie Lumière dans les ténèbres, publié en 2017 à l’âge de 

20 ans, et Mirage, édité deux ans après. Rappelons que Latachi est licenciée en littérature française à l’université Belhadj-Bouchaïb de Aïn Témouchent et directrice du magazine Dya. L’édition d’une version en papier et la création d’un site pour ce magazine, ainsi qu’une bibliothèque numérique de 12 000 ouvrages font partie de ses projets. M. Laradj     

« Le Masque et la plume » et Yasmina Khadra

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POUR ÉCOUTER « Le Masque et la plume » CLIQUER ICI

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L’éminente émission « Le Masque et la plume » qui se consacre depuis des décennies au cinéma, au théâtre et au livre (sur France Inter) assassine l’écriture de Yasmina Khadra, précisément son livre « L’Équation africaine » que ces spécialistes radiophoniques démolissent sans peine et dans l’esprit de l’émission, la bonne humeur et non sans faire un commun mea culpa sur leurs critiques antérieures sur cet écrivain qu’ils ont « à tort » (ils le reconnaissent) encensé. C’était une mode peut-être, un besoin d’exotisme peut-être encore de cette Algérie mal, très mal en point des années noires dont certains ont opportunément tiré profit, hélas, les « réseaux » aidant. L’émission date du dimanche 18 septembre 2011. Je la découvre aujourd’hui.

Des phrases plates sont ainsi relevées telles que « Une sueur froide me verglace le dos… Une couche verglacée me cimente le dos… Un livre écrit avec des phrases de série B et toutes les phrases de série B font des livres Z… Un livre accablant, épuisant, sidérant. » Etc. Je vous laisse écouter. Les critiques vont jusqu’à se demander « Y a-t-il un éditeur et que fait-il ? »

Très dur. 

D’autres, bien avant ces critiques, comme Leïla Sebbar avaient dit que « Yasmina Khadra écrit comme ses pieds. » (Maghreb des Livres, Paris) D’autres ont écrit (thèse universitaire) que cet écrivain fait dans l’intertextualité et en abuse. Un peu trop au goût d’autres encore qui pensent qu’il pousse le bouchon de l’intertextualité un peu trop loin, jusqu’au plagiat. J’ai rencontré cet écrivain à Aix-en-Provence au début des années 2000, et je lui avais dit alors tout le mal que je pensais de ses tromperies et autres aventures opportunistes.

Je regrette beaucoup l’absence d’émissions algériennes sur la littérature (notamment sur Canal Algérie et la radio en français). Elles nous permettraient (si possible sans copinage évidemment) de mettre et d’émettre nos gros points noirs ou colorés sur nos propres i sans être obligés de passer par des émissions étrangères, très intéressantes par ailleurs.

LAYLA !

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CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER « LAYLA » D’ÉRIC CLAPTON

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Les paroles de « Layla » et la musique qui les accompagne, ne cessent de tourner en boucle dans ma tête depuis ce matin. Impossible de penser à autre chose. « What will you do when you get lonely, With nobody waiting by your side !… »

Cela ne vous arrive-t-il pas qu’une chanson vous empêche de penser à autre chose qu’à elle, vous bouscule, harcèle, au point de vous laisser envahir par tout ce à quoi elle renvoie, vers toutes sortes d’émois, de souvenirs ? Moi, si. Non, ce n’est pas une maladie de vieux. Cela m’est fréquemment arrivé dans ma cinquantaine, quarantaine et moins. « You’ve been running and hiding much too long, You know it’s just your foolish pride !… ». Depuis tout à l’heure, tôt ce matin en fait, elle ne cesse de tourner dans mon esprit. J’ai beau essayer de penser à autre chose, lire le journal, me forcer à écouter les paroles inutiles des commentateurs radio, à écrire n’importe quoi, « Layla » est là. « Layla » c’est une belle chanson d’Éric Clapton des années 70. J’ai entendu cette chanson ce matin sur FIP, à la suite d’autres, alors que je pédalais l’oreillette à l’oreille et le masque anti-Covid au nez (en réalité sous la bouche) le long du chemin du Mas de Rigau qui longe la ligne de chemin de fer Marseille-Arles, à hauteur du lac d’Entressen. Il était tôt et le froid vif et piquant. Les doigts ne gelaient pas, mais il me fallait bientôt les ganter. « Layla, you got me on my knees !… » J’abordais un virage lorsque, in extrémis, je fus extrait de mes pensées, à deux doigts de basculer dans un fossé. Je me suis quand même rétamé sur le chemin humide. Je me suis relevé, ai replacé l’I-Phone et les oreillettes, ajusté mon sac à dos et repris mes esprits. J’ai contourné le lac par l’ouest, traversé les champs d’orangers pour revenir par la route du vallon qui longe la A54 et que borde le canal de Langlade. D’autres chanteurs sont passés sur les ondes de la radio, mais rien n’y a fait, la voix de Clapton s’incrustait par-dessus les autres voix, les autres chansons de FIP. Je me suis dit que le meilleur moyen de m’en débarrasser serait de crever l’abcès. Si cette chanson s’agrippe à mes semelles comme à ma mémoire cinq heures après signifie qu’il me faut la convoquer, elle, l’affronter, mais aussi le temps qui a été le sien, celui de « Layla ». Car cette musique, cette chanson, est plus qu’une musique, plus qu’une chanson, elle est un monde en couleurs et odorant. Celui de mes vingt ans à Oran. Vous devez connaître ce sentiment-là non ? ce sentiment qui vous plonge dans un passé – bon ou mauvais, il y a toujours, avec la patine du temps une douce amertume à la pensée d’un passé lointain – rempli d’anecdotes, de souvenirs divers, bons à redécouvrir et à regarder en face plutôt qu’en biais. Si vous n’avez pas l’âge de ces possibilités, si vous êtes encore jeune aux articulations, vous ne perdez rien pour patienter. Vous récolterez au temps inscrit les fruits de votre présent actuel.

Pour revenir à « Layla », il ne s’agit pas de tomber « bêtement » et uniquement dans la nostalgie, dans l’égotisme ou la vanité, ce serait ridicule. Il s’agit de lever le voile de l’atmosphère également et celui d’événements concrets. Voyez-vous, si j’ose dire, je suis en ce moment-même à essayer de dévoiler cette atmosphère alors-même que la chanson que j’ai un moment réussi à éloigner, à marginaliser, monte à la charge, me colle de nouveau à la tempe « Layla, I’m begging darling please !… »

Regardez deux des photos que je joins à ce texte, les deux bâtiments. Qu’y voit-on ? Sur l’une, la nouvelle maison de la radio (début des années 80 ?), la RTA, antenne d’Oran, l’autre photo montre l’immense Cité Perret (quartier Yaghmourassen, ex St Pierre) côté station d’essence et rue Mouloud Feraoun (ex René Bazin). On peut pénétrer dans la Cité Perret par le bas, coté marché et rue Serrar Mohamed, (ex Réaumur). Ces deux photos partagent un point commun. La radio. L’une montre la station de radio dominant tout l’espace, l’autre dissimule une ridicule surface à partir de laquelle on émettait les émissions, souvent de propagandes. Mais pas que.

Dans les années 70, la radio d’Oran « la chaîne3 » ne disposait que d’un trois-pièces cuisine situé au rez-de chaussée de la cité Perret (en entrant par la station-service). Et c’est là, dans ce trois pièces-cuisine qu’émettait « Radio Oran » quelques heures par jour. « Attention au direct dans 5, 4, 3, 2, 1, Relais ! » Et, le préposé à la manœuvre, d’une main tremblante, agrippée à la poignée du disjoncteur, la soulevait. Puis on entendait « Direct ! » Ah oui, c’était tout un monde. Et le technicien derrière la vitre – je ne me souviens plus de son nom – qui pointait son index et son regard vers la cabine où je me trouvais. Une grande vitre nous séparait. Car en effet, c’est dans cet appartement que j’animais l’émission « Notre discothèque est la vôtre » sous la houlette du directeur artistique et célèbre Saïm El-Hadj (parolier, poète, homme de théâtre…) J’avais 20 ans. Je me souviens de Berrichi Bachir le premier technicien-réalisateur, de Nawel autre animatrice, de Saïdi (poète de Saïda), de notre chère Sabah Essaghira que je connaitrais beaucoup mieux. Elle viendrait même chez moi à Paris (toute la famille). J’ai hélas oublié le nom du technicien. Mes collègues aimaient tous mon émission et son indicatif « Layla ». Mais pas le journal d’Oran. Le quotidien francophone, La République, avait descendu mon émission jugée « frivole » et pas « engagée ». Dans ce journal ils avaient tous la pensée rivée à l’Est. Mon émission, il est vrai, ne visait pas la lune. Ce qui m’importait c’était d’apporter, à mon humble niveau, un peu de joie durant les années noires, les années Boum. Nous avions passé l’année sans encombre, mais au printemps de 72, on invoqua l’inéluctable arabisation et mon émission bascula dans la colonne des pertes et profits du grand comptable. Gefeuert, barra. Il me faut préciser ici qu’on ne m’a jamais gratifié d’un seul centime, ni d’une seule fiche de paie, pas même fausse. L’arnaque était totale. J’étais quand même heureux de partager les chansons que j’aimais des Clapton, Janis Joplin, Creedence clearwater Revolver, Procol Harum, The Moody Blues… Ah ! Nights in white satin, Léo Ferré, Ten years after, Neil Youg, les frères Megri, Turkish Blend. Non, T.B. (Malik et Yacine) viendront plus tard, en 76.

Photo DR

Saïm El-Hadj me faisait confiance, « mais attention pas de Johnny, pas d’Enrico ! » me répétait-il en balançant son bras au bout duquel l’index menaçait, lui qui vérifiait toujours ma feuille de route que je remettais au technicien, signée par lui. Il est arrivé que sur cette feuille, Saïm El-Hadj trace au gros feutre, une ligne rouge sur le titre d’un chanteur interdit. J’entendais comme un murmure, comme un « no passaran ». J’oubliai de préciser que tous les disques que je proposais, m’appartenaient ! Oui messieurs-dames, tous.

Un jour, j’ai parlé en direct du « Whisky à Gogo », une importante boite hollywoodienne. J’en ai parlé comme ça, peut-être naïvement, qu’y a-t-il de méchant à citer le nom d’une maison où la musique coule à flots ? Mais c’est que le technicien – j’ai oublié son nom – a failli s’étrangler, et j’ai failli être viré sur le champ ! Les bougres, ils ont pris les termes « whisky » et « à gogo » à la lettre alors qu’il ne s’agissait que d’un lieu, certes chaud mais pas plus. Eux ont pensé que j’invitais les auditeurs à l’orgie. Lors d’une réunion spéciale convoquée sur le champ, dans une surenchère emballée, ils m’ont tous remonté les bretelles bien comme il faut. « Ils » se sont les employés, techniciens et responsables. J’avais 20 ans et les dards de mon esprit déjà plantés dans le grand nord. Sur mon cahier j’écrivais « On ne peut plus rien faire dans ce foutu pays. Il y a des barrages et des rafles, partout.

On ne peut plus bouger. » Pff ! Quelques jours avant la fin de l’année 1971, les patrouilles de la police militaire et politique se faisaient remarquer plus encore et plus menaçantes que durant les autres mois de l’année. Ce jour-là, je me trouvais à hauteur des anciennes Galeries de France, en face de la célèbre crèmerie Mira, au début de la rue Larbi ben M’hidi (ex rue d’Arzew). Je marchais le long du trottoir, plutôt sur le macadam que sur le trottoir, à cause du monde. C’était en début d’après-midi, un samedi, premier jour de week-end. Dès le cinquième jour de la semaine, le vendredi, nous avions toujours les oreilles, le nez, aux aguets, à la recherche de la moindre des opportunités pour « s’évader », plus encore le samedi. Je marchais, seul, lorsque j’entendis comme des bruits de pas lourds. Je n’eus pas le temps de me retourner lorsque je reçus plusieurs coups de trique sur la tête, la nuque. « H’bat ! » me cria l’hyène, un des cinq militaires de la PM. Il répéta « H’bat ! » Je compris qu’il me fallait monter sur le trottoir. Ce que je fis, mais un autre abruti continuait à taper sur mon corps, cogner et grogner comme un porc. Il me fallait éteindre ma cigarette « T’fi ! » Eux, des militaires venus de l’est, disaient pour tout et n’importe quoi « H’bat ! » À Oran on désignait la police militaire ainsi, « H’bat » On ne devait ni fumer devant eux, ni parler à voix haute, ni traverser leur rang au risque de se faire violenter. Ils paradaient toujours en file indienne, espacés d’un mètre les uns des autres, par petits groupes de cinq, six sous un casque blanc marqué « PM ». Leur marche était martiale. Nous tremblions rien qu’à la vue de ces deux lettres atroces. Ils contrôlaient les citoyens sans aucun motif. Contrôler pour effrayer. Pff ! Deux ans plus tard, je ciselai les grillages du grand camp d’enfermement de la dictature. J’atteignis le « Grand nord » les bras en V et le cœur ouvert aux quatre vents. « Layla, you got me on my knees, Layla, I’m begging darling please, Layla, darling won’t you ease my worried mind !… » J’avais 20 ans, l’âge du refus et de tous les fantasmes. Voilà pourquoi j’ai déchiré le voile de l’enfermement et dès l’autorisation de sortie du territoire national (ASTN) en poche (cela m’a obligé à mille et une ruses et m’a pris plusieurs mois), je m’envolais en direction de mon cap nord, celui de l’air parfait, innocent. Je suis arrivé, incrédule mais heureux. Les gens ne comprenaient pas pourquoi je levais les bras en V et chantais « Layla ! Let’s make the best of the situation ! » mais ils souriaient. Les jours qui suivirent je me surprenais à parler aux arbres, aux oiseaux, aux chats et aux inconnus. Heureux. J’écrivais ci-dessus que « Layla » (et d’autres) ce n’est pas que de la musique ou des paroles, c’est Un monde.

Demain matin, comme hier et comme aujourd’hui, je m’en irai pédaler oreillette à l’oreille et masque au nez le long du chemin du Mas de Rigau qui longe la ligne de chemin de fer ou ailleurs en écoutant FIP.

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Quel déshonneur !

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Ce poème épidermique je l’ai écrit à la suite d’événements récents et des réactions nombreuses les approuvant ou les désapprouvant.(lire plus bas)

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Quel déshonneur !

Quel déshonneur que de confondre le bourreau et sa victime.

Quel déshonneur que de jeter l’opprobre sur un peuple en lutte parce qu’il ne nous ressemble pas.

Quel déshonneur que de stigmatiser un peuple colonisé au prétexte qu’il est musulman, chrétien, ou ce que vous voulez.

Quel déshonneur que de refuser d’aider les Palestiniens au motif que leurs dirigeants sont corrompus.

Quel déshonneur que d’emboucher les trompettes du colon et de s’exalter devant « la grandeur, le génie » d’Israël.

Quel déshonneur que de sacrifier sa propre mémoire et celle de ses ascendants.

Ainsi est notre humanité hélas, parfois vile.

Ahmed Hanifi

Marseille, le samedi 12 décembre 2020

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Etc.

Le rapport de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme- LADDH

(je propose cet article de El Watan, en attendant de diffuser le rapport complet de la LADDH)

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, 10 décembre 2020

« EN ALGÉRIE, ON A FAIT UN RECUL, Y COMPRIS POUR DES TEXTES ÉLABORÉS DURANT LES SIÈCLES DERNIERS».

(LE SITE DE LA LADDH EST INACCESSIBLE EN ALGÉRIE _ CENSURÉ)

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« La LADDH rend public son rapport annuel sur la situation des droits humains : ‘‘En Algérie, on a fait un recul’’

El Watan, 09 décembre 2020 _ Par Madjid Makedhi

Le rapport annuel 2020 sur la situation des droits humains élaboré par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH aile de Hocine Zehouane) dresse un constat des plus sombres. Selon le document qui sera rendu public aujourd’hui, au moment «où le monde célèbre les droits de l’homme de la 5e génération», en Algérie le pouvoir continue de brimer les plus élémentaires d’entre eux.

«Aujourd’hui encore, à l’adresse du pouvoir politique, les militants des droits humains disent ceci : aucun discours ou programme ne peut permettre à la société de se développer sans les droits de l’homme.

Plus encore, ‘‘les droits de l’homme ou le chaos’’», précise d’emblée le rapport de la LADDH, publié à la veille de la célébration de la Journée internationale des droits de l’homme, coïncidant avec le 10 décembre.

Selon le document, «en Algérie, on a fait un recul, y compris pour des textes élaborés durant les siècles derniers». «Et si le régime continue à ne pas respecter les droits de l’homme, il aura fait le choix du chaos, qu’il assumera devant l’histoire, alors qu’ailleurs on célèbre les droits de l’homme de la 5e génération», notent les rédacteurs du rapport.

Les messages du Hirak ignorés

Rappelant l’appel de Me Hocine Zehouane à «un débat national sur les droits de l’homme» déjà fait en 2018 à l’occasion du 6e Forum sur les droits de l’homme, interdit par l’administration de la wilaya de Béjaïa, la LADDH estime que la proposition est toujours valable.

«Deux années après, et en dépit de l’avènement d’un mouvement révolutionnaire : le hirak, qui a suscité l’admiration des peuples à travers le monde entier en raison de son caractère pacifique et des très fortes mobilisations des Algériens de tout âge et à l’échelle de tout le pays où la participation des femmes a été massive et permanente, on est dans l’obligation de reprendre cette doléance dans laquelle il avait appelé à aller ‘‘vers l’agrégation de toutes les volontés’’ et, peut-être même, créer ‘‘une instance nationale avec une assise œcuménique’’», précise la même source.

«Il s’agit de se retrouver dans la matrice des droits de l’homme», appuie aussi le document. Selon le rapport, c’est la «problématique, qui se pose avec acuité, devant la dégradation de la situation des droits humains en Algérie».

Le texte relève, surtout, l’attitude du pouvoir qui a préféré ignorer les messages, pourtant clairs, du hirak pour le respect des libertés.

L’Algérie, ajoutent les rédacteurs du rapport, est loin de «construire au mieux», qui est le slogan choisi par l’ONU pour célébrer l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.

Violations de tous les droits

«En témoignent la série d’arrestations d’acteurs politiques du hirak, de blogueurs, journalistes ou même de personnes, qui commentent l’actualité nationale sur les réseaux sociaux, la fermeture de sites d’information (TSA, Maghreb Emergent, Radio M., etc.), de blogs, ainsi que l’interdiction de toutes activités, politiques et associatives, depuis le mois de décembre 2019», explique ce rapport, soulignant que l’Algérie, qui a ratifié la Déclaration universelle de 1948 au lendemain de son indépendance, ne vit pas en dehors de cette communauté internationale.

«L’adhésion quasi universelle au principe des droits de l’homme, placés sous la protection de la communauté internationale, n’est donc pas une garantie – y compris dans des Etats, qui les ont ratifiés, comme l’Algérie – contre les atteintes qui continuent à leur être portées, et que, si ces atteintes sont plus visibles que jamais – dans le cas qui nous concerne directement –, grâce à la circulation instantanée et mondialisée de l’information, on finit aussi par s’y résigner, comme à une forme de fatalité», note la LADDH.

Ce faisant, le rapport énumère la liste interminable des violations des droits, dont ceux des femmes, les libertés d’association, de réunion et d’expression ainsi la liberté de conscience qui «a même été supprimée dans le texte de la révision constitutionnelle du 1er novembre 2020».

Le rapport de la Ligue énumère également la batterie de lois liberticides sur la base desquelles sont jugés et condamnés, depuis le mois de juillet 2019, des centaines de militants et d’activistes du hirak. Il s’agit notamment des articles du code pénal, à savoir les 74, 75, 77, 78, 79, 97, 100, 144-bis, 144-bis 2, 146, 147, dont certains datent de l’époque du parti unique. »

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L’impasse budgétaire : entre déficit et opacité _ par Ahmed Dahmani

Voici une analyse proposée par l’économiste Ahmed DAHMANI

Note de l’auteur:

« Cette note traite de l’impasse budgétaire dans laquelle se retrouve le pays suite, principalement, à une gestion prédatrice et opaque des finances publiques qui ne date malheureusement pas seulement des dernières années même si ont peut noter une tendance plus forte. Le retard que j’ai pris à la publier tient au fait que je voulais tenir compte des données de la loi de finances pour 2021. « AD

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Anne Sylvestre

CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER ANNE SYLVESTRE

On l’appelait Anne, elle habitait Paris. Elle écrivait des chansons et les chantait munie de ses seules voix et guitare. Lorsque j’ai débarqué, tout jeune, à Paris, au milieu des années 70, c’est elle, et d’autres bien sûr, qui m’a fait aimer cette France, la sienne et celle de Tachan, de Ferré, de Moustaki, de Béranger et d’Arlette et Alain aussi à leur manière à Presles, à la Courneuve ou à Paris même. On a tort d’ignorer (quelle bêtise !) cette partie importante de la France faite de bonté, d’amour, de générosité. Cette partie de la France si proche des peuples du sud. Anne et les autres étaient mon autre pays, celui qui m’a accueilli. Ils étaient ma France. J’avais vingt ans et le cœur rempli de ressentiment et de pleurs. Anne et les autres nous invitaient à leurs tables et estrades que nous n’avons jamais désertées. La table des luttes de l’amitié, de la fraternité. Certes il y eut des hauts et des bas. Anne est restée dans nos cœurs, comme Tachan, Ferré et les autres, avec, le temps aidant des relectures imposées par les expériences individuelles et globales, mais le socle est toujours là, vivace. Je me souviens du concert qu’Anne Sylvestre avait donné au cœur de Levallois-Perret, juste en face du « Grand Bazar » (place Henri Barbusse, aujourd’hui grand marché couvert) où j’avais été embauché à temps partiel (pour cause d’études). Je venais d’arriver d’un pays qu’un dictateur barbelait à tout va. Je buvais ses paroles, tout autour de moi c’étaient sourires de bienvenu : José, Fernand, Mustapha, Catherine L. et Catherine P, Anne (une autre), Katherine D. et Alain (un autre), Denis et Lisbeth. Je ne vous oublierai pas. Vous m’avez tous accueilli les bras grands ouverts. Cette France-là que vous portiez est aussi la mienne. Aujourd’hui Anne n’est plus. Elle est partie avant-hier lundi 30 novembre. Elle avait 86 ans.

« Je n’ai plus personne à Paris
L’un après l’autre ils sont partis
Partis de corps ou bien de cœur
Partis se faire aimer ailleurs
Et c’est dommage »

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Je n’ai plus personne à Paris

Je n’ai plus personne à Paris (2 fois)
Je croyais avoir des amis
Oui, de ceux que ne déracine
Aucun orage

Je n’ai plus personne à Paris
L’un après l’autre ils sont partis
Partis de corps ou bien de cœur
Partis se faire aimer ailleurs
Et c’est dommage

Qu’ils aient laissé ce vide en moi
Et tout ce froid

Tant va l’ami, tant va l’amour
Tant vont les nuits, tant vont les jours
Qu’à peine les a-t-on connus
Qu’à peine les a-t-on tenus


À peine avait-on commencé
De les faire coïncider
Avec ses rêves, avec sa vie
Qu’il faut, avant d’avoir servi,
Plier la nappe

Je n’ai plus personne à Paris (2 fois)
Moi, j’aimais tant les inviter
L’un après l’une ont déserté
Vers d’autres tables
Qui leur servira ces repas
Que sans eux, je ne ferai pas ?
Et ma tendresse, avec mes vins
Resteront à vieillir en vain
Inconsolables
De n’avoir pas su leur donner
Goût de rester

Tant sont tissés de tous nos jours
Que le moindre de nos détours
Nous fait perdre un ami, souvent
Et ce n’est jamais le suivant
Qui le remplace

Et l’on apprend, avec le temps,
À faire taire en soi l’enfant
Qui, pour qu’on veuille l’écouter,
Aimait partager son goûter
Après la classe

Je n’ai plus personne à Paris
Et je crois que j’ai bien compris
Je garde mes chagrins pour moi
Et je crois, je crois cette fois
Bien être adulte

De vous, je n’attendrai plus rien

Mais si vous trouvez le chemin
Qui vous ramènerait chez moi
Il est possible que la joie
Qui en résulte
Emplisse les rues de Paris
Me rende quelqu’un à Paris

www.parolesnet


Le temps d’un aller simple (extrait)

Grandir en Algérie aux temps bénis (disent-ils) des Grands Frères et de Boum, le petit père du peuple.

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« (Je me souviens d’un temps lointain où je trouvais nos saisons haïssables dans leur uniformité écrasante sous un soleil invariant. Torride. Le temps semblait figé devant l’horreur. Les thermomètres made in China étaient bloqués. Nous n’avions le choix qu’entre deux modèles aussi désuets que mal formés. Nous lisions dans les journaux entre deux lieux communs : « Ciel bleu éclatant de pureté. Températures : trente et un degrés sur les côtes, quarante-cinq à Bidon V. Mer calme couleur turquoise. Pas de vent. » Et cetera. Quels que soient les journaux ou les saisons, nous y lisions les mêmes rengaines comme des leitmotive sans qu’il ne vînt jamais à l’esprit des journalistes l’idée de demander leur avis — une seule fois — au ciel à la mer au vent au temps. Sans qu’il ne leur vînt jamais à l’esprit l’idée de regarder les éléments dans les yeux. Certains quotidiens nous promettaient tous les jours grâce à l’horoscope, un avenir radieux. « Mais mon cher ami l’horoscope symbolise l’ouverture sur le monde, sur le Cosmos » ironisaient sous cape des opposants politiques. Une ouverture trouble peignée d’une encre fangeuse. Les quotidiens politiques étaient les plus prolixes, combattants-zélés, tous les jours invariablement, plus royalistes que le roi. De leur sanguine ils adressaient entre les lignes des mises en garde ou des missions. Plus tard, de nombreuses années plus tard on procéda à un recyclage concomitant du papier du matériel du calame et des journalistes, qui vieillirent, se remarièrent et eurent beaucoup d’avantages en nature. Ils devinrent alors les plus ardents défenseurs des libertés surveillées. C’était le temps immuable de mon adolescence, celui du silence. Nous vivions sans précipitation, point pour économiser quoi que ce fut, non. C’était ainsi. Lorsque quelqu’un parlait, nous lui tendions le cou et aussi l’oreille. Car la voix était toujours basse. Nous avions toujours peur de déranger. Nous avions toujours peur. Avant de parler ou d’écouter, nous retenions notre respiration et comptions jusqu’à sept. Nous étions sommés de réprimer, de refouler tout sentiment pensée émotion conviction ou parole obliques, sous peine de. Besoin de survie. J’avais mal à mon être d’adulte précoce dans un monde lâche. Les Grands Frères — que nous désignions ainsi par commodité : LGF — cognaient sur tous ceux qui ne respectaient pas leurs horaires, leur calendrier. Ils nous poussèrent en dehors de nos espaces de nos terres de nos limites de nos êtres. Exils. Ils nous ont contraints l’apprentissage de leurs formules affûtées comme des yatagans. 1984 n’était plus un horizon. Un jour l’acrimonie déborda du vase de ma haine rentrée et se répandit sur le limon de mes pensées. Peu de temps après, je décrétai à la suite d’autres qui me guidèrent, que les formules imposées par LGF, ressassées à l’excès — elles fardaient mal la tyrannie — se valaient. Alors, petit à petit de plus en plus, nous nous sommes mis à détester ces vigiles de la pensée ainsi que leurs mots constrictifs. Progressivement nous bannîmes quelques-unes de leurs expressions puis d’autres mots, puis au bout du compte tous les mots d’alors. Nous grandîmes dans une telle atmosphère de haine de soi qu’un jour je suppliai mes amis et les autres de m’appeler autrement. Un ami que j’avais mis dans la confidence me dit sur un ton ironique, « c’est cela c’est cela ». Je le pris au mot. Je lui pris son mot à rebrousse-poil, je l’inversai et lui dis : « Je suis hors de moi. Dorénavant mon nom est Alec. Razi ne répondra plus ». C’est ce que je lui dis. C’est durant cette période noire, encerclée barbelée vigilée que je perdis la joie somme toute naturelle de dire la vie. Acculé, je me suis métamorphosé et muré dans le silence verbal comme le fit en son temps Lucius à Talassa. — La fable ancestrale raconte-t-elle la vie d’un homme modifié en âne ou bien celle d’un âne transformé? Après une mûre réflexion, je décidai néanmoins de ne pas demeurer entièrement muet. Il n’y eut pas de dilemme. Il me fallait changer, devenir tacticien. J’entrepris d’échanger autrement qu’avec des paroles : Le regard, le geste le corps furent mis en branle. Je me suis mis à marcher. À faire le tour de notre quartier puis celui de deux autres, puis trois et plus. Comme ça. Pour le sport et la sueur. Pour marcher. Seul. Tous les jours. Pour ne rien avoir à dire : Gambita, Miramar, L’bled, Satatouane, Sananès ; les misérables Tirigou et L’hamri puis Bilair. Et que tous les pardons soient sur nous… La même boucle renouvelée. Une mise en mouvement circulaire que Les Grands Frères nous imposaient au détriment du bon sens et des lois universelles ! Seul. Du point de départ à mi-parcours je marchais normalement, comme tout un chacun. Puis j’accélérais l’allure. Par moments elle s’emballait et m’emportait à ses côtés, par d’autres je trichais, je courais. De temps à autre des passants qui finirent par me repérer me saluaient lorsque je les croisais. « Yaatik essaha khouya », bravo mon frère ! Ils m’enviaient probablement, mais le vocable « frère » fortement compromis, m’indisposait, m’irritait, me vexait même. D’autres gens, ceux-là en uniforme, exigeaient systématiquement que je change de trottoir. Lorsque j’arrivais au zoo je m’arrêtais un temps. Ses occupants m’attendrissaient, nous avions des rancunes communes envers nos gardes-chiourmes. Ils me comprenaient. La place de nos responsables se trouve ici. « ICI » pensais-je fortement face aux yeux noirs, tendus, des singes affamés. Je pouvais penser tout ce qui me passait par la tête, ils souriaient. Pas bêtes les singes ! Nous sommes loin du paradoxe d’ailleurs ! Ces primates, eux, ne mettent pas instinctivement et gratuitement des bâtons dans une fourmilière ! Nos dirigeants oui. Voilà ce que je pensais et ça j’aimais bien qu’ils le comprissent. Parfois je leur chuchotais des certitudes toutes molles — exceptionnellement en effet je prononçais quelques mots, quelques sons parce que, eux. Ils tendaient l’oreille la main et les bras, souriaient puis épluchaient mes offres, mais ils ne répondaient pas, ne répétaient pas. Ils souriaient. Et ils souriaient ! Le moment venu nous nous quittions sur des clins d’œil complices. À hauteur de la prison, plus exactement entre la prison et le grand cimetière chrétien je faisais mon choix : tricher jusqu’à la maison où, enfin, dans ma certitude relative protégée, je laissais libre cours au torrent quotidien de signes, jusque-là réprimés. Il me fallait me délester de toutes les horreurs du jour. Car j’appris aussi à coucher des signes. Ils se déversaient alors, ils inondaient les pages de mon cahier à spirale case après case — marge incluse — ligne après ligne page après page jusqu’au bout de la nuit. Jusqu’au bout de mes doigts endoloris. Nul n’en savait rien. Intime. Mon cahier hébergeait mon espace et mon temps, mon temps intérieur propre. Je construisais ma vie d’homme terrorisé par un quotidien noir, autour de mon cahier oasis comme d’autres bâtissent des villages autour des bains-maures ou des lieux de culte. Mais cela est une autre histoire et ce n’était pas Paris. Nous sommes marqués à vie.) »

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Évidemment, cet extrait n’est qu’une parenthèse parmi les nombreuses autres parenthèses dans le livre, qui traite précisément de ceci : Un homme (Alec/Razi) vit l’expérience de mort imminente (EMI) très probablement à la suite d’un sérieux malaise qui le saisit à la sortie d’une soirée dans un restaurant de Stockholm, une soirée forte en émotions qu’il vient de passer avec sa fille (Eva-Housia) et la mère de celle-ci, Katarina ancienne compagne retrouvée. Il n’y a pas d’intrigue. Tout est connu, dit, dès la première page. Alors qu’il est allongé dans une ambulance Razi est emporté par son passé. L’histoire prend donc la forme d’une sorte de spirale en folie. Je l’ai écrit au cœur des années 1990.

« Le temps d’un aller simple », ed Marsa Paris. 2001.

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