Asie centrale, Mai 2022

Mardi 24 mai 2022

Nous sommes arrivés le matin à 7h30, comme prévu à Tachkent. Mais à la gare Janubiy qui se trouve au sud. Nous connaissons l’autre gare, celle qui se trouve près de la cathédrale orthodoxe, mais pas celle-ci. Nous sommes à peine réveillés d’un long trajet (près de mille km), correct mais fatigant néanmoins. Le train était chargé. Un taxi nous emmène jusqu’à notre Guest-House, la Gulnara au nord de la ville, près du Bazar Chorsu.

Nous avons rendez-vous au milieu de l’après-midi avec le responsable de l’Alliance française. Nous nous égarons dans le quartier Al Mazor. Nous faisons alors appel à des résidents qui parlent anglais pour nous aider. Ici on parle peu l’anglais, moins encore le français. Finalement, un jeune se dévoue pour nous accompagner jusqu’à la porte de l’Alliance, après avoir téléphoné pour avoir des précisions, car dire « 112 » ne suffit nullement. Il n’y a pas de plan détaillé de la ville, moins encore des quartiers dont les habitants eux-mêmes ne connaissent pas le nom des boulevards et principales rues. Un ou une employée de l’Alliance lui donne les renseignements nécessaires. Le jeune me tend son téléphone. Le directeur, M. DA, me dit « à tout à l’heure ». Nous arrivons enfin, très fatigués. Les boulevards de la capitale sont interminables et très larges. La circulation automobile est infernale. Nous sommes arrivés les tympans aussi épuisés que les talons.

Une dame tout de rouge vêtu et très enthousiaste nous souhaite la bienvenue en français cela va de soi. Nous traversons un petit couloir avant de pénétrer dans la salle principale constituée de plusieurs bibliothèques en bois de teck remplies de livres. Sur l’une d’elles sont fixés une demi-douzaine de drapeaux français. Dans l’espace en U qu’elles forment, il y a plusieurs tables et chaises multicolores dominées par le cyan. Au fond des fauteuils en skay de plusieurs couleurs dans lesquels nous invite à nous asseoir une personne qui se présente comme « K., je suis franco-finlandais ». Le monsieur semble être en charge de la bibliothèque et sûrement plus. Abruptement, il nous dit que le responsable, monsieur DA, est en rendez-vous à l’extérieur. « Allait-il revenir ? » « je ne sais pas » dit notre hôte. Pourtant il nous a bien donné rendez-vous. V. me demande si j’ai soif et aussitôt le gars lui lance « allez à la fontaine, là-bas » en montrant l’entrée de la bibliothèque, sans daigner se lever ou offrir un quelconque geste de courtoisie.

Je lui parle de ce que j’ai fait, de mon enseignement auprès des jeunes et des moins jeunes, ainsi que des ateliers d’écriture, encore aujourd’hui à l’occasion (le dernier que j’ai animé, c’était à Oran en février dernier dans le cadre de Eloquentia. Sur ce, il me demande si je comptais revenir le lendemain pour assister au club de conversation à 18 heures. Je lui précise l’objet des échanges avec son directeur monsieur DA. Ce monsieur K. me répond que cela n’est pas possible. De plus en plus, il s’exprime comme le véritable responsable des lieux. Il me dit que pour organiser un atelier (certainement pas de trois heures, ni même deux heures) il faut du temps et que j’aurais dû m’y prendre bien avant. Il ne me semble pas être au courant des nombreux échanges (courriels via WhatsApp et Gmail) que j’ai eus avec son officiel directeur.

Il ajoute que c’est la fin de l’année et que les étudiants sont difficilement mobilisables. Il faut un temps de communication assez long dit-il. Et puis, Camus et les modernes, ils ne connaissent pas, contrairement aux classiques poursuit-il. Il ne semble pas maîtriser le sens ni le contenu de ce que sont les ateliers d’écriture créative. Il me propose de revenir en discuter. Je ne saisis plus ce à quoi il veut en venir, aussi, je monte d’un cran en lui répondant que nous sommes sur le départ et qu’un atelier pour débutants n’a pas besoin d’une préparation supérieure à deux ou trois heures, d’autant que je dispose dans mon ordinateur de nombreux dossiers de plusieurs niveaux, prêts à l’emploi et modulables selon les publics. Il suffit d’un cinquième de rame de papiers et d’une imprimante et de beaucoup de volonté des responsables (ceux d’ici). Je lui ai ajouté que j’ai animé des ateliers d’écriture créative à destination de publics extrêmement variés comme des Algériens du grand sud, des Asiatiques (Cambodgiens, Thaïlandais, Khirghizes…), des Africains du Sud etc.

J’ajoute sèchement que manifestement ses propos ne sont pas ceux d’un subalterne, mais d’un responsable à la place du responsable lequel fuit cette proposition de collaboration au dernier moment sans l’assumer. Je ne sais comment, une jonction se fait entre ce qui se passe au fil de la discussion et les années de grandes bureaucratie en Algérie, celle des années Boum (et plus). Hé ben ici j’ai l’impression d’avoir affaire à un guichetier de la mairie des deux lions d’Oran à l’époque des grandes pénuries.Bref, sur le champ je me lève et quitte sans lui accorder quelque forme d’importante que ce soit. Évidemment il est demeuré scotché près des fauteuils. Un jeune étudiant, présent a (certainement) tout entendu dans son coin.

Des jeunes (assez fréquent) nous demandent d »où nous venons…

Extraits d’échanges

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