De Marseille à Tuktoyaktuk

La suite de l’histoire

De Marseille à Tuktoyaktuk- [20/30] :

Lors des nombreux échanges que Véro et Omar avaient eus à Yellowknife, on leur avait recommandé fortement de s’arrêter à Liard River Hots Springs. Ils se souviennent des paroles de Jean-Pierre, « surtout ne manquez pas les bains. » Ils y arrivent alors que la nuit envoie ses premiers signes, même s’ils sont insignifiants. Liard River Hots Springs est un endroit qui comprend un terrain de camping, mais surtout des thermes aménagés en pleine forêt. Les bains sont plus ou moins chauds selon qu’on choisit l’un ou l’autre des trois bassins. Omar a songé à hammam Bou Hanifia, la station thermal de Mascara, et a souri. Leurs sens sont exaltés par cet environnement vert, par tant de beauté naturelle, généreuse et éclatante. C’est magnifique et le corps trempé dans de l’eau à quarante degrés en sort revigoré et prêt à toutes les extravagances si tant est que les Marseillais en aient les moyens. Dans le lounge qui fait face aux thermes, ils s’offrent deux succulents fishs and ships. Ils décident de passer la nuit au sein même du camping. Le matin du dimanche, ils prennent de nouveau un bain très chaud avant de continuer, toujours vers l’ouest. Véro lui lance « on a fait la moitié du chemin ! encore un effort et le minaret de la mosquée du soleil de minuit pointera son bout ! » « On a fait un quart de la route tu veux dire, il en reste trois autres. Il ne reste que 1930 kms !  et sans parler de l’escapade en Alaska ! » lui rétorque Omar. Peu avant d’arriver à Watson Lake, ils assistèrent en contrebas de la route, à la lisière de la forêt, à un combat initiatique et fraternel de plusieurs minutes entre deux oursons.  « Ils sont trop près » s’inquiète Véro. À Yellowknife, avant de prendre la route, Marc leur avait montré où se trouve dans le Westfala le vaporisateur « Chasse-ours ». Ce sera le seul moyen de défense devant un ours agressif. « Il provoque chez l’animal une détresse respiratoire et des larmoiements » les avait rassurés Marc. 

Ils virent aussi un caribou, des chèvres de montagnes, des bisons et des chevaux sauvages ou semi-sauvages. Watson Lake est un village qui se caractérise par des centaines de poteaux (ou totems) sur lesquels sont accrochés d’innombrables objets comme des chaussures, des chapeaux, des colliers, mais surtout par sa Sign Post Forest, une forêt de plaques de toutes sortes, plus de soixante-dix mille dit-on, sur lesquelles on peut lire des noms de villes, des numéros de plaques minéralogiques, des mots doux… Ils s’y arrêtent pour prendre un café dans la station mitoyenne et inscrire leur nom sur un bout de carton d’emballage qu’ils prennent soin de protéger avec un plastique transparent avant de le pendre à un poteau, après y avoir écrit au feutre indélébile bleu « Véro H. & Omar C. from Marseille » et ajouté en rouge leur adresse électronique et la date. L’après-midi est largement entamé. Ils font le plein d’essence et reprennent la direction des États-Unis. À Rancheria, ils font une halte pour admirer ses cascades. Une plateforme en bois est suspendue sur Rancheria river. Pour la traverser, il n’y a pas d’autre possibilité que celle d’emprunter le pont. Sur un grand panneau, on peut lire : « The boardwalk takes you through a dense stand of black and white spruce. This forest is a good example of the boreal or northern forest that extends cross Canada… » Véro prend des photos des deux côtés de la rivière. Le crépuscule les rattrape à Teslin. Ils poussent jusqu’à Carcross, au nord du soixantième parallèle donc. Tout autour d’eux ils aperçoivent les formes de nombreuses dunes. À l’époque glaciaire, de grands lacs recouvraient les lieux. Aujourd’hui seul le sable témoigne de cette période lointaine. Il forme sur trois kilomètres carrés « le plus petit désert du monde ».

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(‘‘La suite au prochain numéro’’, le [21/30])

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