De Marseille à Tuktoyaktuk

De Marseille à Tuktoyaktuk- [19/30] : Avec la route bitumée le plaisir de conduire ressuscite. Elle figure un long tunnel cerné de chaque côté par des milliers d’hectares de forêt, de résineux et autres feuillus : sapins baumiers, bouleaux, pins gris, mélèze… Mais, les moustiques, ou plutôt leurs cousins les maringouins, sont extrêmement nombreux et constamment sur la peau. Omar et Véro ne cessent de se flageller. Il faut ajouter d’autres insectes volants telles ces mouches noires, énormes, aussi furieuses que les moustiques, qui les assaillent quoi qu’ils fassent. Les Marseillais disposent d’une protection pour le visage, une moustiquaire ad hoc, mais elle est ridicule et les gêne plus qu’elle ne les protège.

À Fort-Nelson, c’est jour de marché, ils sont accueillis par un ciel très chargé et une température bien basse pour la saison : dix degrés. La pluie fine qui tombe tiendra plusieurs heures. Ils ont trouvé un emplacement derrière l’office de tourisme. Ils s’y rendent pour recueillir des informations sur la région et sur la route.

On leur suggère de ne pas rater les bains au parc provincial Liard River Hot Springs.  Ce sont les deuxièmes plus grandes sources chaudes naturelles du Canada, après celles de Harrison près de Vancouver.

Fort Nelson n’est pas ce qu’on appelle une ville ou un village des Premières nations. Autrement dit, ce n’est pas une ville autochtone, indienne. La majorité de la population est blanche et les habitations individuelles, mais aussi les immeubles de deux, trois, voire quatre étages comme l’hôtel de la chaîne Super 8, sont nombreux. 

Les deux compagnons apprécient les grilled chicken sandwiches et les cafés du bien nommé Fort-Nelson café, mais ils ne s’attardent pas. Ils reprennent la route après avoir fait le plein de diesel.

Dans cette région, bien qu’on soit loin des forêts denses du sud tempéré, la végétation est plus abondante que dans les TNO et la cime des arbres plus haute. On trouve beaucoup de trembles et de sapins aux couleurs vives. Au bout d’une centaine de kilomètres, sur l’Alaska Highway dorénavant, les paysages se font encore plus remarquables. Omar et Véro ont le sentiment d’être plongés dans des décors de cinéma avec cette différence que dans le Grand Nord ces décors et ces paysages on les respire à pleins poumons, sans artifice et en pleine lumière. La température est plus douce. Ils ont l’impression que la chaîne des Rocheuses est posée là, le long de la Highway.

Ce n’est évidemment qu’une illusion. Dommage que le ciel se couvre. Ils n’aperçoivent pas les sommets des montagnes, mais les bisons ont l’air encore plus robustes et ne se gênent pas sur la route, ils frôleraient les véhicules ! La circulation est toujours faible. La vitesse maximum autorisée, lorsque la route est bonne comme sur cette Alaska Highway, est de cent kilomètres à l’heure et tous les automobilistes respectent scrupuleusement les panneaux indicateurs, plus encore dans les villes et villages. Les Marseillais, qui sont habitués à d’autres vitesses, à d’autres types de conduites, ont quelques difficultés à s’adapter. Omar esquisse un sourire crispé. Il vient de penser au tohu-bohu de toutes sortes d’engins qui lui donne le tournis à chaque fois qu’il se rend à Oran. « Mon dieu ! » se dit-il. Omar se rend en effet, périodiquement à Oran, sa ville natale, et à chaque fois il supplie ses interlocuteurs de lui expliquer les règles locales de conduite. Personne n’a encore osé s’aventurer à avancer une explication rationnelle.

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