Le 25 juin 1992, je me trouvais dans le cortège du président Boudiaf

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Préalablement je me dois vous dire que la narration du cortège proprement dit (comment je me suis trouvé dedans etc.) commence ci-après à la 104° ligne, au 1720° mot, c’est plus juste. Alors, soyez patients et lisez ce qui précède qui est tout autant intéressant (je le pense et l’espère).

Cela s’est passé il y a 29 ans. Toutes les étoiles du Nord n’avaient pas suffi pour maintenir intact notre espoir cardinal et nos résolutions pacifiques qui allaient être contrariés, gravement blessés, pis encore qu’ils ne l’avaient été quelques mois plus tôt, à l’aube de la nouvelle année. Nous étions le dernier lundi de juin et notre pays et ses hommes allaient incessamment sombrer bien malgré l’écrasante majorité d’entre eux dans un gouffre de déraison qui attristerait le temps, un monde d’affres et d’épouvantes, une longue nuit, un cauchemar interminable, dont les premiers signes annonciateurs nous avaient été livrés disais-je six mois plus tôt, et pour certains depuis plusieurs années.

Nous allions voir ce que nous allions voir. L’horloge de mon bureau indiquait 13h30. Sur mes fiches d’identification de poste de travail que j’appelais FIP, j’ajoutais, rayais, surchargeais, rectifiais, revenais à l’indication initiale. Pour chaque poste de travail (plusieurs centaines) il me fallait proposer une évolution possible. Je croyais fermement que les grands patrons m’avaient proposé ce job de « chef de gestion de carrières » parce qu’ils me prenaient au sérieux, croyaient en mes compétences. Plaisanterie. « Le gaz est naturel. Il coule dans des tuyaux depuis le Sahara jusqu’ici. On ouvre les vannes et on remplit les méthaniers. Les dollars arrivent, coulant à flots, dans l’autre sens et dans d’autres tuyaux, opaques. Et on les distribue, avec ou sans le syndicat. Tout le reste est du festi » me répétait un vieux collègue qui en avait vu des vertes et des pas mûres depuis les premiers temps de la Camel. « Tous ces services de Personnel, de Carrières, de Moyens généraux, de Social et de et de… ça sert à rien, qu’à nous faire passer le temps ». Je ne le croyais pas. À tord.

Il était 13h30 ce lundi 29 juin. Max-Si-Ali (appelons-le Max-Si-Ali), notre syndicaliste-chef maison est entré comme une furie dans mon bureau, j’ai cru qu’il avait dans son élan déglingué les paumelles de la porte de mon bureau.

– Tu as entendu la dernière ?

– Quoi ? 

– Boudiaf, Boudiaf, a-t-il bégayé le souffle et les yeux aux abois, il a été liquidé ! 

– Euh ?

– En direct à la télévision… 

Et il a fait demi-tour vers l’extérieur aussi rapidement qu’il est entré en claquant la porte, pour aller porter la mauvaise nouvelle à tous les bureaux. Un brouhaha s’en est suivi, car d’autres collègues venaient d’apprendre la nouvelle et eux aussi ont décidé de s’en faire porteurs. J’ai abandonné mes FIP et mes courbes et mes stats, et suis sorti précipitamment, emporté par la folle nouvelle et c’est tout le complexe de liquéfaction qui se transformait en souk d’échange d’informations et de rumeurs.

La journée commençait, jusqu’à ce moment-là, ordinaire dans une usine ordinaire de la Sonatrach à Bethioua (Arzew). Max-Si-Ali passait son temps à récolter des informations et des rumeurs qu’il distillait après les avoir triées, alimentées. Max-Si-Ali a passé une grande partie de sa vie syndicale (il était technicien supérieur affecté à un poste fictif) à combattre contre vents et marées pour que « goffat el aïd » (1), au profit des travailleurs, soit reconduite chaque année. Le couffin qui nous avait été offert le mardi 9 et mercredi 10 juin était bien conséquent. C’était pour chacun ou le 9 ou le 10, le matin ou l’après-midi, selon le poste qu’on occupait, le service, le département, la sous-structure, tout était calculé et précisé à l’encre noire dans un grand tableau blanc Excel (42X30) démultiplié en autant d’exemplaires qu’il y avait de lieux d’affichage. Le tableau était scotché, punaisé ou agrafé à l’entrée des départements, des services, sur la porte du local syndical, et bien sûr sur la porte et les murs de la Coopérative syndicale). Deux gros tampons l’accompagnant : celui du Syndicat – encre bleue – et celui de la Direction – encre rouge  –, main dans la main et drôles de couleurs. L’aïd du mouton est tombé le week-end suivant. Max-Si-Ali était comme le père Noël, et rouge comme lui. Un grand syndicaliste, très apprécié – malgré tout – par tous les directeurs successifs. Les travailleurs aussi, mais ceux-ci n’avaient pas d’autres choix. Max-Si-Ali avait du mordant, du bagou, de la répartie, mais il ne fallait jamais évoquer devant lui les conditions de travail des chaudronniers, des manœuvres ou des saisonniers par exemple. Jamais évoquer les relations qu’entretenaient avec eux les petits-chefs, jamais évoquer les décisions unilatérales. Cela risquait de le rendre plus rouge encore.  

Max-Si-Ali a couru donc comme une flèche pour être le premier à donner la mauvaise nouvelle comme un augure écrasé par les événements. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas seul dans le couloir, il a pris la direction de la Direction. Notre planète est sortie de ses gonds immémoriaux puis s’est arrêtée de tourner le temps d’une rotation. « Ils l’ont eu » me suis-je entendu dire. Toutes les télés du monde se sont brusquement tournées vers nous. Nous étions de nouveau le cœur d’un monde malsain et incertain. Elles ne parlaient que de ce terrible drame et le film de l’événement repassait en boucle. « Le chef de l’État algérien, Mohamed Boudiaf a été assassiné ce matin à Annaba, à 600 km d’Alger. Le président algérien était en train d’inaugurer une maison de la Culture… » a annoncé Paul Amar en ouverture du journal 19/20 de FR3. Des lots d’images, par dizaines, se bousculaient dans mon esprit.

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CLIQUER ICI POUR VOIR L’EXTRAIT DU JOURNAL TÉLÉVISÉ DE FR3

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(une autre émission (vidéo) consacrée à Boudiaf, « La marche du siècle » est à voir à la fin de cet article)

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Trois jours auparavant, Jamel (appelons-le ainsi) m’avait lancé des mots à l’oreille comme un reproche, des mots qui ont claqué à mes pavillons endoloris, comme encore aujourd’hui même si beaucoup d’eau, d’encre et de sang ont coulé sous les oueds, sur les papiers journaux et sur la terre des martyrs depuis. « Tu es devenu fou, tu l’as échappé belle ! » C’est ce qu’il avait susurré. « Tu t’es retrouvé dans le cortège ? mais tu es devenu fou, tu as pris un risque incalculable ! tu l’as échappé belle ! » J’ai eu beau lui expliquer que cela était le fait du hasard, rien n’y faisait, il répétait jusqu’à ce que sa voix s’éteigne « hbelt ya sahbi, hbelt ! tu es devenu fou mon ami ». J’ai déjà précisé que Jamel n’est pas le vrai prénom de mon ancien collègue et ami (il ne l’est plus). Si j’écrivais ici l’ombre de l’ombre de son prénom, ou pire encore de son nom, il me réduirait – 29 ans plus tard – à néant. C’est qu’il a toujours détesté d’assumer publiquement ses choix politiques. Il n’aimait pas les vagues et adorait les ombres. Les mots que Jamel disais-je, m’avait murmurés le 26 juin, claquent encore à mes oreilles comme un coup de fusil dans l’Arizona : « tu es devenu fou, tu l’as échappé belle ! » m’avait chuchoté l’ex ami à qui j’avais détaillé le récit de mon aventure quelques jours plus tôt. Il avait bien raison sur ce coup-là.

Aujourd’hui, 29 ans plus tard, je tremble encore de ma folie. Je vous explique. Mais d’abord qui est qui ? Jamel était un collègue dont j’appréciais les compétences et l’amitié sincère. Nous travaillions à la Sonatrach (1° entreprise d’Afrique). C’était un haut cadre de notre boîte. Pendant tout le mois de mars, c’était ramadan, nous avons préparé, ainsi qu’avec Belabbès (appelons-le Belabbès), le sous-directeur de la Production, une vidéo qui, trois mois plus tard, nous représentera au 10° Congrès international du Gaz à Kuala-Lampur qui a eu lieu du 25 au 28 mai 1992. Le sous-directeur (et ami aussi, de second ordre) m’avait chargé de m’occuper de la lecture du texte explicatif accompagnant le déroulé (présentations de l’entreprise, du Distributed Control System, du traitement des unités de dessalement de l’eau de mer : Thermocompression, etc.) Il a préféré que cela soit moi qui le lise parce que, me disait-il, croyant me faire plaisir « tu as l’accent parisien », à croire que Kuala-Lampur allait se transformer en un nid de concours d’expression parisienne. J’étais revenu de Paris quelques années auparavant m’installer au Bled, mais cela ne me ravissait pas particulièrement que l’on me flattât de l’accent qui était le mien, pas plus aujourd’hui en 2020 (un peu plus fleuri probablement par les galets des plages et les cigales des pinèdes). Cet accent ou un autre cela m’était égal, aujourd’hui plus encore, et son mot a glissé sur moi, sans effet autre qu’un haussement d’épaules redoublé.

Mais je reviens à Boudiaf et à mon « échappée belle. » Deux semaines après la fête du mouton du 11 juin, le président Mohamed Boudiaf faisait une tournée d’inspection dans le pôle industriel d’Arzew (33% des richesses nationales). Comme pour de nombreuses personnalités, le passage par les complexes de transformation des hydrocarbures est obligé, ainsi que par le principal village Sonatrach (il y en a onze) appelé « Camp 5 » (800 « chalets » individuels, tout en bois comme là-bas en Amérique du Nord où ils ont été fabriqués avec jardin et infernal chiendent (sapristi de morbleu de chiendent inébranlable), garage, circuit de télévision intégré et tout, stade de hand-ball, de base-ball, dancing, pub… et même un étrange mur de pelote basque. Un village dans lequel vivaient environ 3000 habitants). Ce camp 5 où nous résidions se trouve au sud de Aïn-el-Biya, le village ancien, à mi-route entre Mosta et Oran. Un rite profane auquel n’échappe aucune haute personnalité surtout internationale. Le Camp 5 était un lieu privilégié par les hauts responsables.

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Dans mon agenda, à la date de ce jour-là, un jeudi 25 juin exactement comme aujourd’hui, j’avais écrit « Boudiaf chez nous » et tout le détail, à l’encre rouge indélébile, qui me sert aujourd’hui pour narrer ce temps ancien. En cette fin de matinée du dit jeudi 25, le soleil dardait nos velléités. Quelques nuages épars faisaient exception à la fête qui s’annonçait, des grains de sel blanc moutonneux. C’était en effet le début du week-end et en quelque sorte avec cette visite du président c’était un jour de fête. Il ne manquait que les pom-pom girls.

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« Les premières années au Camp 5 (appelé camp américain, car construit – comme les usines – par eux et pour eux sur des terres viticoles avec la bénédiction des Autorités prosternées) on se croyait à Kansas City je te jure » me disait un ancien, qui savait de quoi il parlait. Il avait fait plusieurs séjours au Kansas justement dans le cadre des formations des ingénieurs. Lors de la visite de Boudiaf, il n’y avait pas de pom-pom girls, ça ne se fait pas (l’esprit de certains étant parfois tordu), ni de pompons, mais tous les enfants du village (les écoliers ne portaient pas leurs tabliers roses ou bleus selon le genre) agglutinés de part et d’autre de l’avenue principale du camp en chantant, en braillant, applaudissant (comme ils pouvaient) faisaient mieux tenant chacun un drapeau rouge vert et blanc 15X20 tout neuf. Certains adultes à qui personne n’a rien demandé, jouaient à l’agent de police et priaient les enfants de se redresser ou de se calmer. Peine perdue. Les islamistes (on disait « boulahya », les barbus, un peu par moquerie) ne se sont pas déplacés, car ils n’aimaient pas Boudiaf. Au soir de l’innommable dans leur vilenie, les plus radicaux/radicales youyouteraient.

En fin de matinée, le cortège officiel est arrivé. Une trentaine de voitures, majoritairement des Peugeot 505 métallisées et sombres les plus sophistiquées. Je possède une voiture du même type, grise et vitres fumées, mais beaucoup moins rutilante. À vrai dire ma 505 avait pris quelques coups. Les phares, depuis qu’on avait tenté de forcer leurs caches pour les voler, je les ai attachés avec du fil de fer SNS galvanisé (3,50 mm), sous le capot. Tous les passagers sont descendus dès la barrière de sécurité du Camp franchie. Les chauffeurs se sont garés sur le parking jouxtant le kiosque à journaux, devant l’abri des camions de pompiers et tout le long de la première rue transversale et de part et d’autre. Les nombreux motards de la gendarmerie qui accompagnaient le cortège se sont dispersés un peu partout autour des Peugeot. Ils sont descendus de leurs engins, sans s’en éloigner, ainsi les chauffeurs des voitures. On a vu aussitôt briller de rouge une dizaine de bouts de cigarettes.

Le président est arrivé en costume bleu sombre avec une cravate bleue tachetée de points blancs, posée sur une chemise blanche, droit et fier comme le i majuscule d’une grande machine ou comme Lee Van Cleef, entouré d’une cohorte de gros bras, tous ‘enlunettés’ Ray Ban type Blues Brothers (il y avait plus chic pourtant) ou tendance tontons macoutes, et de responsables en tout : directeurs, sous-directeurs, chef de la Sécurité1, chef de la Sécurité2, 3, etc. faisant crépiter leurs Talkie Walkies pour frimer, Wali, chef de daïra (préfet, sous-préfet), maire, chef du Camp, Chef cuisinier, Chefs de départements, de services, de sections, d’équipes, Chef du Syndicat, son bras droit, son bras gauche, Chef de l’Union Territoriale et d’autres quidams. Bref, nous étions tous là. « Tu le vois ? » j’ai demandé à mon fils en le posant sur mes épaules, « là, le grand monsieur avec la main contre son oreille, il entend mal ». Malek avait sept ans. Le président nous a salués, dit sans chichi quelques mots ordinaires d’encouragement en arabe national (l’arabe de nos mères, de nos grands-mères, pas celui de la télévision) à des enfants en caressant une épaule, une tête, puis on l’a précipité dans les locaux de « l’Administration », près du grand et moderne restaurant et de la grande piscine, fiertés du Camp parsemés de mille et un fanions aux couleurs orange et noir de l’entreprise et de mille et un mini-drapeaux aux couleurs officielles du pays. Bien évidemment les bordures des trottoirs avaient été repeintes la veille en rouge et blanc, sur une partie du parcours. Peindre les bordures des trottoirs (toujours en rouge et blanc) quelques heures avant l’arrivée d’une haute personnalité est un sport partagé avec enthousiasme par tous les peintres et leurs chefs dans toutes les contrées du pays. Le lendemain, les traces de centaines de paires de chaussures forment des figures étranges sur le reste des trottoirs, sur le bitume, et marquent le passage des habitants peu regardants.

Mon fils Malek, et moi, ne pouvions rester plus longtemps, car nous devions nous rendre à Oran, au Stade du 19 juin pour assister à la finale de la coupe d’Algérie de football : JSK-ASO. Mon fils aimait beaucoup le football. À l’époque, il y jouait jour et nuit avec ses amis de la rue 7, de la rue 10, 33, 9… heureusement toutes bien éclairées dès la tombée du jour (ce n’est plus le cas aujourd’hui). On comptait trois lampadaires par section de rue. C’était assez pour courir derrière une balle en été… Bien sûr, comme en Amérique, on reconnaît les rues par le ou les chiffres qu’elles portent, les chiffres les nomment pour ainsi dire. Et comme il a été studieux durant sa toute première année scolaire, parole de maîtresse, je lui ai offert cette finale.

Le président et sa suite allaient eux aussi quitter le village. Les gardiens laissaient sortir les voitures, mais pas entrer. Sur la N11, la nationale ralliant Aïn-el-Biya à Oran, à hauteur de l’entrée de Gdyel, les gendarmes affectés à l’entrée est de la ville m’ont empêché de continuer. « Par là vous pouvez », m’a fait l’un d’eux. « Par là », c’est-à-dire par une piste à l’intérieur des terres, une route de terre étroite, parallèle à la nationale, au terme de laquelle on peut soit pénétrer dans la Forêt des lions et atteindre Kristel, puis longer la Méditerranée jusqu’à Oran, soit revenir sur la N11. La piste contourne Gdyel par le nord-ouest. Je l’ai pénétrée, longée. Une piste qui n’en est vraiment pas tout à fait une, heureusement peu utilisée ce jour-là. Je l’ai tant bien que mal suivie. J’ai roulé sur le flanc de la ville sans encombre. À la sortie ouest, à l’instant où je m’apprêtais à rejoindre la nationale, je suis tombé nez à nez avec les voitures de fin du cortège présidentiel, qui filait à très vive allure. La vitesse maximum officielle autorisée par heure était 80 km. Le cortège roulait à plus de 140 km, je le constaterais plus tard sur mon compteur.

J’ai emboîté le pas à la dernière voiture. Un motard de la garde, un motard retardataire, sorti de je ne sais où, a ralenti derrière moi, pensant certainement que je faisais partie du cortège et que j’avais pris quelque retard. Il n’a pas vu mon fils couché sur la banquette heureusement (ou pas). Cette facilité me donnait des sueurs. Je ne l’ai pas comprise (et ne l’ai jamais comprise depuis), mais l’heure n’était pas à ce type de réflexion. Mon véhicule était de même marque que nombre d’entre ceux qui formaient le cortège, de même marque, mais très poussiéreux. Me voilà, à mon corps défendant, « dedans ». Il me fallait dès lors assurer l’allure. C’est-à-dire rouler à très grande vitesse. Le motard a accéléré, s’est positionné sur ma droite et est demeuré à ma hauteur deux ou trois éternelles minutes à parler dans le micro intégré à son casque, puis décèlera pour clôturer le cortège. Un deuxième motard s’est adjoint au premier. Comme les véhicules qui me précédaient, j’ai activé les feux de détresse. Nous avons traversé Sidi-el-Bachir, Bir-el-Djir, comme des bolides, protégés par quantité de motards protecteurs. L’aiguille du compteur kilométrique vibrait pendant plusieurs minutes, je le jure, sur 160. Je ne me souviens plus, mais il est probable que j’ai récité la besmala. J’étais sur le point de basculer et je l’acceptais forcé. Basculer vers quoi, vers où je n’en savais fichtre rien, mon esprit s’embrumait (je ne suis pas dans la littérature ici, je vous le promets que c’est ainsi ou presque que les choses se sont passées). Je n’avais aucune solution de rechange. C’était à prendre ou à prendre. J’étais le dernier véhicule et derrière moi, deux motards clôturaient le cortège pour le protéger d’éventuels intrus. N’est-ce pas. Et je suais à grosses gouttes. Elles perlaient, amères, de mon front aux lèvres. Lorsque vingt minutes plus tard nous sommes arrivés à Point du Jour et Bernandville, une armada de policiers au garde-à-vous, un tous les cinq mètres, nous attendaient. Ils nous accueillirent, main droite à hauteur de la tempe, immobile et doigts serrés. Je devinais la précision du geste plus que je ne le voyais. Un salut que je ne méritais aucunement. Les mêmes gouttelettes de sueur froide continuaient de couler sur mon front, sur ma bouche, sur ma nuque et le long du dos. Comment sortir de ce qui m’apparaissait comme une souricière, un traquenard ou un pétrin et il devenait urgent que je m’en extraie. Je faisais des constats et me posais beaucoup de questions et je savais que je ne détenais pas de réponses. L’instinct l’emportait sur toute réflexion. Comment ai-je pu me retrouver dans ce guêpier ? « Nous sommes en danger » pensai-je, mon fils et moi. Je me devais hélas constater encore et encore que je n’avais de choix que de continuer. C’est que nous étions arrivés à Oran.  Le convoi roulait toujours à vive allure, beaucoup moins toutefois que jusque-là. Aucun véhicule en mouvement à des centaines de mètres à la ronde hormis ceux du convoi. Et le mien. Cité Les Falaises dite Sonatrach, le boulevard Champagne, Gambetta mon quartier, avec en contrebas Cova Lawa (cueva del agua) et c’est mon enfance et mon adolescence qui défilèrent en quelques secondes, la jetée, 1° canon, 2° canon, 3°, l’apprentissage de la nage, de la pêche, tous mes amis, le bidonville, le bouge épique de Mamia, Dakkiya… Nous avons ralenti au niveau du rond-point du lycée Lotfi-Max Marchand, que nous avons emprunté sur la gauche jusqu’à celui de l’Académie. Enfin le siège de la wilaya.

Tout autour de l’immense escalier de l’entrée officielle, je ne pouvais compter les policiers en tenue, innombrables, ni deviner les autres en civil. Les chauffeurs des premières voitures ont pénétré dans le sous-sol de la préfecture. Les autres se sont débrouillés tant bien que mal pour stationner par-ci, par-là, écrasant sur les trottoirs et terre-pleins alentour fleurs et autres végétaux. « Nous sommes sauvés » ai-je pensé. Puis j’ai ajouté à haute voix « normalement » ce qui a fait réagir Malek. Il a dit « papa ! » Je lui ai répondu « chut ».

Il a dû rêver. À hauteur du 110 rue Mouloud Feraoun (ex René Bazin), il fait angle avec le boulevard du 5 juillet, j’ai braqué sur la droite et avancé de quelques mètres sur le boulevard très pentu, me suis arrêté devant le rideau baissé d’un garage sur le fronton duquel il était écrit « Le Froid d’Algérie » en lettres capitales orange à l’identique des volets des fenêtres des appartements de l’immeuble. J’ai désactivé les warnings puis éteint le moteur. Mon fils qui jusque-là dormait allongé sur la banquette arrière, s’est réveillé un peu perdu et a tenté de se redresser. Il avait dit « papa ! » sans rien ajouter. Là je lui ai lancé « dors Malek, dors encore un peu ». Je suis resté immobile un temps qui m’a paru infini. Dans le rétroviseur extérieur gauche je voyais un policier s’avancer vers nous, un sifflet à la main, Malek s’était laissé tomber. Lorsqu’il est arrivé à hauteur de mon véhicule, le policier a jeté un regard sur la plaque d’immatriculation, me sembla-t-il, puis il s’en retourna, ne nota rien. J’avais entre temps ouvert ma portière, fait mine de vérifier l’état de la roue avant gauche, celui de la roue arrière gauche, puis je l’ai refermée. J’étais moi aussi un peu perdu. J’ai demandé à Malek qui gesticulait de rester calme, mais c’est moi qui devais le demeurer. Nous ne sommes pas sortis du véhicule, pas dans l’immédiat. J’ai attendu que mon esprit revienne à de meilleures dispositions et que les autres véhicules – certains se sont garés comme moi sur le boulevard du 5 juillet, mais en double file pas comme moi – se fussent vidés de leurs passagers, une dizaine de minutes, avant de repartir, avec le maximum de douceur. J’aurais plané. Si j’avais pu nous rendre transparents, je n’aurais pas hésité. J’ai laissé avancer la voiture en direction du Front de mer.

Et c’est à hauteur de la station-service Naftal en face du lycée Lotfi, qu’un autre policier qui n’avait probablement rien à faire, me demanda de lui remettre les papiers du véhicule alors même que j’étais à l’arrêt attendant que le feu tricolore passe au vert. Je me suis exécuté sans même demander les raisons d’un tel abus ridicule, ce n’était pas le moment. Il a fait mine de lire le permis de conduire, l’attestation d’assurance, la carte grise. Derrière, plusieurs voitures s’impatientaient en klaxonnant. Le policier ne leur a pas prêté attention. Il m’a dit « li vites hadou, fimi ? » Exact, les vitres avant de mon véhicule étaient fumées, son interrogation n’était pas nécessaire. J’ai répondu « oui ». Il a ajouté « normalement tu les changes », puis « ah Sonatrach ! » Il a dû déchiffrer mon poste de responsabilité. Il a gribouillé quelque chose sur un bout de journal, et a fait alors en me tendant les papiers « Roh, roh ». Je suis parti lorsque le feu m’y a autorisé, tout droit alors qu’il était plus raisonnable de tourner à droite.

J’ai glissé une cassette audio « Douha aliya » et j’ai accompagné  Cheb Mami, parfois à tue-tête, contrariant Malek, tout le long du trajet « Jibouli mali jibouli mali mali mali dak ghzali ! » : Front de mer, flanc est du lycée Lotfi, RTA, Casoran, le cimetière et enfin El Hamri. Le « Stade du 19 juin » était bien rempli, plein comme un œuf. Il devait être 14 heures. C’est Malek qui a présenté le billet à l’entrée, porte A. Nous nous sommes installés dans les tribunes, à moins de cent mètres des tribunes officielles et du ‘‘président du HCE’’ Mohamed Boudiaf, que nous distinguions difficilement, mais que nous distinguions. Je le montrais du doigt à mon fils, « il est là, regarde, là, là, tu le vois ? » Mais lui, ce qui l’intéressait c’étaient les joueurs sur le terrain. Comme nous tous, il ne savait pas que nous ne le reverrions plus jamais. Le match s’est déroulé sans incident, l’ambiance des grands rendez-vous battait son plein.

Globalement les spectateurs penchaient pour l’équipe kabyle plus expérimentée. Bien que plus faible, l’équipe de Chlef, l’ASO, ne s’est inclinée qu’à la toute dernière seconde, suite à une erreur de son gardien de but.  La JSK a donc battu l’ASO par 1 à 0.

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CLIQUER ICI POUR VOIR UN EXTRAIT DU MATCH JSK 1_ ASO 0

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Pardonnez-moi maintenant cette digression. Le nom du stade, « 19 juin 1965 », renvoie au jour où Boumediene a fomenté un coup d’État contre Ahmed Ben Bella, le président en titre alors, qui, l’avant-veille, assistait, ironie cruelle de l’histoire, dans ce même stade qui s’appelait alors « Stade Municipal », à une rencontre amicale entre l’Algérie et le Brésil, gagnée par celui-ci 3 à 0.

C’était le jeudi 17 juin 1965 devant 45.000 spectateurs, ébaubis de vivre une importante page d’histoire de leur tout pays tout récemment libéré (2). Deux jours tard, Ben Bella était renversé par son ministre de la Défense. La dictature s’imposera durant une quinzaine d’années. Des jours et des semaines et des mois, je raconterai dans le détail ce match entre l’Algérie et le Brésil auquel j’ai assisté, médusé : « j’ai vu le roi Pelé ! »  Je l’ai vu le roi faire du stade son théâtre d’acrobaties : coups de tête, dribbler, feinter, jongler, lever les bras au ciel, sauter, sprinter et marquer (lui à la 19°, Didi à la 29° et Gerson à la 81°). J’ai vu le roi Pelé, mais j’ai couru jusqu’à l’hôtel où résidaient les Brésiliens pour le voir de nouveau, le fameux hôtel Martinez. Et j’ai revu Pelé et toute l’équipe, Manga, Didi, Garrincha, Dja Santos…

Hôtel Martinez, Oran

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CLIQUER ICI POUR VOIR UN EXTRAIT DU MATCH BRÉSIL 3 _ ALGÉRIE 0

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J’étais un fanatique de foot, heureux. L’hôtel a été détruit depuis. Il est en construction depuis plus de… quarante ans. On est loin du travail à la chaîne et les enveloppes « 10% » s’accumulent. Il n’y a jamais de limites à la corruption lorsque l’opacité est la règle la plus démocratique, la plus partagée. À l’âge que j’avais, le coup d’État m’était passé haut par-dessus la tête, pas l’atmosphère plombée qui s’en est suivie. J’ai mis plusieurs semaines à me remettre de mes émotions. 

Revenons si vous le voulez bien au jeudi 25 juin 1992. Quand on connaît la suite des événements, quand on sait, rumeurs aidant, que la vie de Boudiaf devait initialement, sur ordre de quelques militaires, s’interrompre le 2 juin à la salle des fêtes de Aïn-Témouchent ou le 25 juin à Oran devant la Préfecture, je peux trembler encore et sans façon et dire que oui, mon ancien ami Jamel avait vu juste, je l’avais « échappé belle ». Il aurait suffi d’un dérapage, d’un simple contrôle d’identité comme celui qui m’a été infligé… à la suite de l’assassinat programmé s’il eut eu lieu,  pour que mon nom eût été étalé en une de tous les canards enchaînés. Là, je m’avance un peu trop loin et au gré de mes fantasmes, mais à l’époque cela ne m’avait même pas qu’effleuré l’esprit je vous le dis. Honnêtement, j’avais une grande estime pour Boudiaf (une autre fois, je raconterai ma proximité de jeunesse avec les premiers cercles du PRS non loin de mon prof, Krim, c’était à Vincennes dans les années 70).

Les camarades et moi avions un grand respect pour Boudiaf, mais nous pensions qu’il avait en quelque sorte perdu le Nord, comment pouvait-il être si naïf ? « Nous » c’est-à-dire au moins une partie des partisans du FFS, notamment de la wilaya d’Oran dont j’étais un des membres actifs et le candidat aux législatives avortées de décembre 1991 pour la circonscription d’Arzew (3). Nous lui reprochions d’avoir accepté de se laisser ainsi alpaguer, prendre au piège par des généraux sans scrupules et sans le moindre état d’âme, ceux-là mêmes qui ont monté de toutes pièces un fantomatique, mais néanmoins dangereux et pompeux « Conseil National de Sauvegarde de l’Algérie », ceux-là mêmes qui ont extrait de sa tranquille retraite marocaine Si Tayeb El Watani (nom de guerre de Boudiaf), ceux-là mêmes qui, avec les islamistes radicaux, parfois même main dans la main « khawa-khawa » dit-on (« dit-on », car il n’y a jamais eu d’enquête), précipiteront la nation dans l’impensable, ceux-là mêmes, anciens DAF (4) qui hurlaient à qui voulait les entendre qu’ils étaient prêts à sacrifier une partie de la population. En mai 1992, Smaïn Lamari déclarait devant de nombreux officiers supérieurs à Châteauneuf : « je suis prêt et décidé à éliminer trois millions d’Algériens s’il le faut pour maintenir l’ordre que les islamistes menacent » (5). Celui-là même dont une ‘‘indiscrète’’ vidéo a filmé les salamaleks et tapes dans le dos dans le maquis avec le leader de l’armée islamique du salut (AIS), grand assassin devant l’éternel.

Le CNSA a été monté le 30 décembre 1991 « dans le bureau du ministre de l’information M. Abou Bakr Belkaïd » (Louisa Hanoune) en présence de la direction de l’UGTA, de cadres de l’administration publique et de membres du patronat et bien sûr des Ombres en vareuses. Ce Comité a été agréé le lendemain 31 décembre. Une célérité jamais observée en Algérie, inouï, 24 heures, alors qu’habituellement il fallait plusieurs mois ou années pour créer une organisation, association, c’est dire les connivences ‘‘miltaro-démocrates’’. Nombre de ces ‘‘démocrates’’ se sont cramponnés à cette bouée de sauvetage kaki poreuse, comme on ronge un os.

Cela s’est passé il y a 29 ans. El Watan titrera le lendemain de l’assassinat de Boudiaf, mardi 30 juin 1992 : « Le complot », Le Soir d’Algérie : « Tué par la haine », Le Matin : « Ils l’ont assassiné ». « Ils »… « Ils », ou trois lettres pour éviter Serkaji. Trois lettres pour ne pas affronter l’éthique. Trois lettres pour une génuflexion salvatrice (pensaient-ils).

Cela s’est passé en 1992. Cela a commencé en 1992. Nous avons depuis badigeonné de nombreuses plaies, par la force du temps, toujours douloureuses, malgré ce temps. Il nous faut avancer, mais une Commission nationale indépendante « Vérité et Justice » s’imposera tôt ou tard, comme en Afrique du Sud ou comme en Amérique latine. Au troisième jour suivant l’assassinat, le vendredi 2 juillet, la Police des frontières passait au crible ma 505 durant plus d’une heure, coffre, habitacle, intérieur des portières en utilisant de longues tiges métalliques, une perche-miroir pour voir sous la voiture, un aimant… Avec Jamel nous avons pris la route la veille à 19 heures en direction d’Alger. J’ai omis de préciser que Jamel était un coco-stal (il ne le criait pas sur les toits). Oui, j’avais des amis stals et nous étions toujours en guerre froide ouverte. Il me faut préciser ici que je désignais tous les admirateurs du Grand Archipel comme des stals, même s’ils n’avaient pas le Petit Père des Peuples froids dans leur cœur. Admirer le Grand Archipel me suffisait pour les stigmatiser « entre nous ». À hauteur de la forêt de Miliana, mon stal et moi n’en menions pas large. Nous avions eu des glaçons dans le dos sur des kilomètres. Je me souviens qu’une fois les pieds sur l’autre rive de la Méditerranée avoir regretté notre folie (la deuxième en moins de dix jours pour ce qui me concerne). Sur tout le trajet entre Oran à Alger, nous avons dû croiser en tout et pour tout une vingtaine de véhicules et passé sans encombre cinq barrages militaires. Je me demande encore aujourd’hui comment nous avons fait pour traverser sans encombre la forêt de Miliana. Nous étions la seule voiture sur près de 100 km, de la forêt du Zaccar à El Affroun. Aucun véhicule, aucun contrôle. Nous sommes arrivés au cœur de la nuit à Alger. Nous avons dormi quelques heures, dans la voiture, non loin du port. Dès cinq heures du matin, les véhicules arrivaient de plus en plus nombreux pour l’embarquement. Lorsque notre tour pour la fouille est arrivé, les hommes de la sécurité portuaire étaient persuadés que nous n’étions pas tout à fait blancs, Jamel et moi. Ils ne comprenaient pas que l’on traverse une partie du pays pour prendre le bateau à Alger afin de rejoindre Marseille trois jours après l’assassinat du président de la République alors qu’il y a des départs pour Marseille à partir d’Oran. Ils n’ont rien trouvé malgré le renfort de deux autres douaniers. Nous avons repris notre respiration lorsque nos passeports nous ont été restitués par des douaniers dans le regard desquels coulaient des incendies. Cela nous était presque égal. Nous avons passé toute la traversée à bord du Zéralda, en compagnie de Denis Martinez et de sa compagne à se raconter des blagues plus que nos aventures. J’ai gardé de lui un grand soleil noir, dessiné au dos d’une carte postale. Je le retrouverai un jour.

Mon fils et moi sommes rentrés épuisés du stade ce lundi-là, 29 juin 1992 à la tombée du jour. Malek s’est enfoncé dans le canapé flétri avec un jus d’oranges et 50 grammes de Caprices. En deux cils, trois pressions sur le vieux bouton de la vieille télé américaine, il avait traversé l’écran. La Petite maison de la prairie était son dernier refuge. Nous étions à l’aube d’une longue nuit macabre.

Ce dernier mot. Depuis cette traversée, nos routes (Jamel et moi) ne se sont jamais plus croisées. Je n’ai jamais plus eu ni le désir ni le courage de reprendre langue avec celui qui a été un ami et qui un jour de 1994 m’avait dit spontanément , un jour de massacres, un jour de beuverie (donc de réalité profonde) en me fusillant du regard « lorsque j’entends les mots ‘‘Droits de l’homme’’ j’ai envie de tirer ». Et le temps s’est dilaté, a passé, a tamisé. Aujourd’hui, nombre de ces Ombres en vareuses que Jamel vénérait, nombre de ces Issaba qui le faisaient rêver d’une Kolyma locale pour les gueux, croupissent en prison, sont en fuite à l’étranger ou suffoquent 666 pieds sous terre en lui faisant un bras d’honneur. Je lui pardonne.

Ahmed Hanifi, écrivain

Jeudi 25 Juin 2020

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 (1) : « Goffat el aïd » est un couffin alimentaire annuel offert gracieusement par la direction (et par le Syndicat) aux travailleurs à chaque fête du mouton. Il contenait 1 gros bidon d’huile, 1 bouteille de vinaigre, 1 paquet de semoule, de farine, de lentilles, de riz, de sucre, 250gr de café, 2 packs de lait, 2 boîtes de sardines à la tomate ‘‘Ammi Mokhtar’’, 1 boîte de « loubia grini » (haricots égrenés), de harissa, 2 boîtes d’allumettes, 1 plaquette de cubes Jumbo, des patates et des oignons et tous les sigles qui vont avec : Soalco/Jucoop, Enafla/Ofla, Sélecto, Enapal/Onaco, Oaic, Cofel, Eriad/Sempac, Snta… Je ne me souviens plus si le contenant en fibres de palmier nous était, lui aussi, gracieusement offert.

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« El goffa »

(2) : Lire ici : http://www.2022mag.com/algerie-0-bresil-3-lecon-de-samba-pour-les-verts/

(3) : Depuis le coup de force appelé « Putsch des militaro-démocrates » du 11 janvier 1992, nous ne nous réunissions plus de manière régulière. Les intimidations étaient fréquentes (convocations par la police, suivis sur la route nationale…, « conseils de collègues bien intentionnés », coups de téléphones anonymes…) L’Hebdo libéré de A. Mahmoudi (de la SM) ne cessait de tirer à boulets rouges sur le FFS « les 3F+ France » (14/01) et son leader « La supercherie Aït-Ahmed » en faisant appel ( sur 9 pages le 25/11) à un groupe d’extrémistes très modernes (Bakhta, Boucherak, Chergui…) et aux accointances très spéciales, et qui défendaient l’idée de la création par l’ANP d’un Bantoustan à la frontière saharienne (hors champs pétrolifères) dans lequel on eut parqué tous les mal-votants opposés à leur modernité à défaut de les éradiquer ces mal-votants.

(4) : DAF, « Déserteurs de l’armée française », c’est le nom donné aux hauts gradés de l’armée algérienne (Khaled Nezzar, Mohamed Touati, Abdelmalek Guenaïzia, Larbi Belkheir, Mohamed Lamari…) Ils ont déserté les rangs de l’armée française peu avant l’indépendance algérienne, pour rejoindre l’Armée de libération nationale.

(5) : La déclaration de Smaïn Lamari est extraite de « Chronique des années de sang » (Mohammed Samraoui)

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(ajouté ce jour, mercredi 15 mars 2023)

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