ALI MECILI

.

Ali Mecili à gauche avec Da El Mouhoub Naït Maouche (photo Libre Algérie- 07.04.2020)

Le 7 avril 1987, la SM faisait assassiner Ali Mecili, au coeur de Paris.

;https://www.youtube.com/watch?v=Lxoc8UxP4hQ

CI-DESSUS: « 8 avril 1987 Portrait de maître Ali MECILI, avocat d’origine algérienne, proche de l’opposition dans son pays, qui vient d’être assassiné à Paris. Images d’archives du « JA2 20H » du 26/10/86 de la manifestation de sympathisants des treize Algériens menacés d’expulsion, en présence d’Ali MECILI ; images d’archives d’Ahmed BEN BELLA en Algérie ; extrait de « Midi 2″ d’A2, aujourd’hui, dans lequel Ait AHMED, chef historique de la lutte pour l’indépendance, accuse les services spéciaux algériens d’avoir assassiné Ali MECILI ; interview de Me Michèle BEAUVILLARD (avocate) sur la personnalité de l’avocat Ali MECILI ; extrait d’une conférence de presse de AIT AHMED au coté d’Ahmed BEN BELLA (archives). politique; archive television; archive tv; ina; inna; Institut National de l’Audiovisuel; french tv Images d’archive INA Institut National de l’Audiovisuel » (INA.FR)

/////////////////////////////////////////////////////////////////////

ICI: émission spéciale CANAL + 30 juin 1999

________________________________

Lisez ce « spécial Mecili » de Libre Algérie de ce jour.

CLIQUER ICI POUR LIRE CE SPÉCIAL « LIBRE ALGÉRIE »

.

« Nous commémorons aujourd’hui (Mardi 7 avril 2020), le 33ème anniversaire de la disparition dramatique d’un homme exceptionnel, d’un militant hors pair et un repère politique de grande valeur pour le combat démocratique en Algérie. Dans un contexte mondial sans précédent, où l’ordre imposé par les hégémonies traditionnelles est fortement bouleversé, de par la crise sanitaire qui interpelle, tout individu est sur des lendemains incertains. L’Algérie, n’échappe pas bien sûr, d’autant frappée doublement, en plus de la crise que traverse la planète, ses recettes pétrolières se voient en baisse au fur et à mesure la crise du COVID19 perdure et perturbe le marché mondial des hydrocarbures, à cela s’ajoute l’instabilité du climat politique, depuis des décennies et davantage ces deux dernières.

Une commémoration, qui par la résilience nous devrions repenser le monde, à travers la mondialisation des droits de la personne humaine, de l’esprit de solidarité et d’égalité des peuples, au-delà des frontières tracées par l’économie de marché et les coalitions financières basées essentiellement par la spoliation des richesses des peuples les plus vulnérables, ainsi l’exploitation de l’homme par l’homme et pour l’homme. Un combat, longtemps mené par Ali.

N’ayant pas eu la chance de le côtoyer personnellement, feu Ali MECILI, pour les raisons que tout le monde peut savoir. J’ai eu à le connaitre, à travers ses écrits, témoignages de ses proches et du plus fidèle ami. J’ai particulièrement, par ailleurs, un sentiment de fierté d’avoir appartenu des années durant, en qualité de jeune militant universitaire à la section pépinière, portant son nom, une école où nous avions appris le sens le plus noble du militantisme, du combat démocratique et la véritable signification de l’épanouissement personnel sur le plan formation politique. Il m’est difficile de dissocier l’homme de son parcours de maquisard, de militant ayant été de tout temps pour l’autodétermination du peuple algérien, lui qui était pendant longtemps parallèlement à ses activités politiques, l’avocat des réfugiés africains, kurdes et iraniens… en France.

Dans son ouvrage, intitulé « L’Affaire Mécili », feu Hocine AIT AHMED, dans un passage il s’était posé la question : « Farouche ennemi, puis victime, du despotisme politique, Ali va-t-il subir longtemps encore le despotisme d’une légende ? ». Question posée en avril 1989, soit deux ans après le crime d’Etat, commis sur le sol Français. L’omerta sévit toujours, le nœud gordien de l’affaire Mécili, demeure non élucidé pour raisons d’Etats. Comme l’a si bien interprété par son fils « Yalhane », dans une de ses œuvres artistiques « Thagarra N-Ugrawlliw » « la fin d’un Révolutionnaire ».

Tout est dit, c’est-à-dire, une fin tragique pour un homme ayant fait et payé de sa propre vie le prix, pour une lutte des plus nobles, menée non pour soi, mais pour que cesse la tyrannie des plus forts sur la dignité humaine. Le combat pour faire la lumière, et rendre justice sur cet ignoble assassinat est plus qu’un devoir de tout militant engagé, pour l’idéal démocratique pour lequel Ali, est tombé sous des balles assassines, comme le témoigne sa lettre laissée où il disait : « Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie. ».

Trente-trois ans durant, le despotisme de la légende est subi encore par Ali, sa famille et amis, à ce jour le meurtrier présumé, court toujours en toute liberté. Plus que jamais le combat pacifique pour l’instauration d’une véritable démocratie en Algérie, doit continuer, rendre justice et faire honneur à la mémoire et le combat d’Ali.

Il fut l’artisan du séminaire de mars 1979, il était le pionnier du combat démocratique de l’Algérie postindépendance, au moment où certaines formations politiques ont préférée l’autodissolution, après l’échec cuisant d’une politique dite d’entrisme. Un séminaire ayant éclos le printemps Berbère.

Il était également l’artisan de la conférence et de la déclaration de Londres, en décembre 1985, une vaillance inédite dans l’Algérie indépendante, qui à l’époque a réussi à rassembler l’opposition autour d’un projet permettant au peuple de recouvrer sa souveraineté à travers l’élection au suffrage universel d’une assemblée nationale constituante. Il est à rappeler à travers son engagement au profit de la construction d’une véritable alternative démocratique, des générations de militants se sont succédé pour reprendre le flambeau de son noble combat, et de la structuration d’une opposition réelle au système politique né après la crise de l’été 1962.

L’œuvre de feu MECILI, à travers son long parcours ne peut-être résumée en des lignes, car elle est salutaire, exceptionnelle et une source référentielle pour ceux et celles qui sur le terrain des luttes, essaient de travailler, d’apporter leurs pierres pour la construction de l’Algérie démocratique, telle que conçue et portée par les valeurs de Novembre et l’esprit de la Soummam. Un militant peut se tromper, ne doit jamais tromper !

A travers les différentes étapes de l’histoire de l’engagement politique, depuis le mouvement national algérien, en passant par la nuit coloniale, jusqu’au dernier soulèvement populaire de février 2019, ayant à une naissance inévitable d’une révolution citoyenne joyeuse. Des hommes et des femmes ont chacun à leur manière, ont contribués tant bien que mal à l’édification d’un Etat de droit, ce chemin était loin d’être un long fleuve tranquille, traversant des crises multidimensionnelles et cycliques, dont beaucoup ont succombé à la dialectique de la violence/corruption. Une dialectique orchestrée et organisée, dans la seule optique d’accroitre le discrédit sur la chose politique, des militants évitant l’émergence d’une véritable classe politique crédible, en laissant place aux apparatchiks, charlatans et certains clowns malléables au besoin, seulement pour perdurer la longévité d’un système politique à travers de fausses représentativités, fausses élections et de fausses organisations.

Pour preuve, au lendemain des manifestations de Kharatta et de Khenchla, avant que le soulèvement révolutionnaire ne gagne la totalité du territoire national le 22 Février, des mois durant l’ensemble de ces appareils balayés par une vague de manifestations pacifiques, avant de voir la majorité de leurs responsables gagner des places dans les prisons qu’eux-mêmes avaient construits. En définitif, il ne peut y’avoir de véritable changement sans une alternative démocratique sérieuse, qui traduira en actions politiques les véritables aspirations des algériennes et algériens, à travers des institutions démocratiquement élues, consacrant l’alternance au pouvoir comme principe démocratique fondamental.

Aujourd’hui, plus que jamais, les risques d’une paupérisation galopante, le fossé des inégalités se creuse davantage, et les équilibres régionaux sont plus que menacés, tous ces ingrédients sont réunis non seulement pour remettre en cause l’ordre établi, mais nous envoient au même moment des signaux d’alarme pour que l’espèce humaine risque de s’éteindre, si elle n’arrive pas à se résoudre dans la résilience pouvant assurer l’accompagnement des populations et des catégories les plus fragiles dans le processus du changement post-crise.

Là, la militance est multiforme, où chaque citoyen est mis face à ses responsabilités doit prendre acte, par quelconque moyen pacifique en sa possession, que ce soit, pour mener ce noble combat, qui est celui du militant !

Pour mettre le « militant » face à ses responsabilités historiques, que de mieux que cet appel, de feu Ali MECILI, daté du 13 Mars 1966.

MILITANT! Te voilà de nouveau mis face à tes responsabilités de militant révolutionnaire. En fait, ton combat n’a jamais cessé et il ne cessera tant que l’Algérie vivra sous le règne de la terreur, de la torture et des prisons.

Tu as le devoir impérieux, où que tu sois, de reprendre le combat contre la dictature, de mener comme par le passé une lutte sans merci contre tous ceux qui ont méprisé ton Peuple, lui ont refusé le droit de choisir librement ses authentiques représentants, de choisir librement son avenir politique. Plus que jamais tu lutteras pour la libération de tous les détenus politiques, pour sauver l’Unité nationale et préparer l’unité des forces révolutionnaires, sauvegarder les conquêtes et les acquis de la Révolution, recréer l’impulsion de la base et l’enthousiasme des masses en redonnant la parole au Peuple et à tous les révolutionnaires. MILITANT! Ne cède pas aux provocations et à la propagande criminelle des ennemis de la Révolution et de la Démocratie. Le Peuple Algérien met tous ses espoirs en toi pour hâter la chute des dictateurs et restaurer la légitimité populaire.

L’Histoire nous a déjà donné raison. Forts de l’expérience des années de lutte, en corrigeant les erreurs commises, nul doute que l’Avenir verra le triomphe de nos principes.

L’opinion nationale et internationale peut désormais situer clairement les responsabilités. Le pouvoir issu du 19 juin n’ a ménagé aucun effort pour briser une Paix que tous les Algériens appelaient de tous leurs voeux. Devant l’Histoire et devant les Hommes, ceux qui ont oeuvré dans ce sens portent une très lourde responsabilité dont ils devront répondre un jour. Vive l’Algérie, vive la Démocratie !

Hachimi ARAB »

In : http://librealgerie.info/2020/04/07/mecili-ou-lesprit-du-militant/

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

CLIQUER ICI POUR LIRE sur mon blog des articles sur ALI MECILI AVEC VIDÉOS

OU CLIQUER ICI

///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

ALI MECILI AU CONGRÈS DU MDA, EN MARS 1987 À PARIS_ 16 JOURS AVANT SON ASSASSINAT PAR LA SM.

Ci-dessous capture d’écran de FB

.

____________________________

.

PAR TARIK MIRA

J’ai commencé à fréquenter plus assidûment Ali Mecili après l’accord de Londres entre Ait Ahmed et Ben Bella signé le 19 décembre 1985 pour instaurer la démocratie en Algérie. Il fallait donner une voix à cet évènement politique entre deux chefs historiques de la lutte de libération nationale. Le journal « El Badil » était d’obédience benbelliste stricto sensu et ne pouvait pas, en aucune manière, être le porte-parole de l’accord. Il fallait élargir le spectre médiatique d’autant qu’à cette époque, l’accord de Londres suscitait davantage d’hostilité que d’empathie. En tout cas dans les milieux qui sont supposés être proches de nous sur le plan politico-idéologique.

Ali Mecili, partisan résolu de cette alliance, ne craignait pas cette défiance et était persuadé que ce tandem est le seul qui arrivera à renverser le régime du parti unique. En lui rapportant un jour l’opinion hostile de nos proches amis sur le plan politico idéologique, il me répondit un peu énervé : « que veulent-ils ? ». « Ce texte est de Hocine, entièrement écrit par lui. Pas une virgule n’a été concédée », poursuit-il. Et, enfin, conclut-il, « c’est la seule déclaration de cette dimension où ni l’islam ni l’arabité ne sont cités. Tout est basé sur les valeurs et principes universels ». J’apprendrai plus tard que l’absence des deux notions avait en effet suscité des réticences au sein du Mda et, finalement, levées.

Pour lui, ce genre de critiques n’a d’autre but que d’éliminer politiquement son mentor Hocine Ait-Ahmed qui, rappelons-le, trois mois auparavant, soit le 22 septembre 1985, avait été écarté de participation au meeting, tenu à la salle de la Mutualité, à Paris, pour exiger la libération des détenus d’opinion, principalement les fondateurs de la LADDH, dont le Secrétaire général, était Hachemi Nait Djoudi, cadre du Ffs.
Après la signature de l’accord de Londres, s’entrouvrit la possibilité de lancer un journal d’informations tourné vers la démocratie. C’est à cette occasion que j’ai eu à fréquenter davantage Ali Mecili. Ce fut une période courte et dense. Je l’avais, un jour, accompagné, à Créteil, invité par les militants du Mda pour animer une conférence afin de promouvoir encore la démarche des deux chefs historiques, hier adversaires résolus ; aujourd’hui, réunis pour l’alternative démocratique. Au retour de cette conférence nocturne, il m’a conseillé de ne pas foncer tête baissée et de me ménager. Paroles prémonitoires !

Pour avoir plus de soutien à la démarche de Londres, Ali Mecili organisa un diner-débat le 19 mars 1987 au « Jugurtha », rue Saint André des Arts, à Paris. La toile d’un redéploiement politico-médiatique commençait à se préciser. Il me dira, le lendemain : « j’espère que Hocine saura transformer l’essai ». Parabole venue du rugby qui veut dire que tu marqueras des points supplémentaires par la pénalité accordée après le franchissement de la ligne d’essai.

A « Libre Algérie », Ali en tant que rédacteur en chef était chargé de l’éditorial principalement. Malheureusement, il n’avait dirigé que deux numéros avant qu’on l’assassine lâchement, dans le hall de son immeuble.

La veille et l’avant-veille de son assassinat, nous avions déjeuné ensemble pour parler du journal : qui sont les gens susceptibles de nous rejoindre et comment le financer ? Je l’avais même accompagné jusqu’au palais de justice. Il m’a raconté dans le menu détail la défense des benbellistes, en instance d’expulsion vers l’Algérie et qu’il a sauvés in extremis de cet arbitraire dicté par la logique policière. Il ne savait pas à cet instant qu’il sera le prochain sacrifié sur l’autel de la collaboration des services. Il ne s’empêchait pas d’évoquer avec humour l’interrogatoire d’un benbelliste lorsque le policier lui dit : « Alors, t’es terroriste ! » ; l’autre qui lui répond avec une naïveté déconcertante et en même temps véridique : « Non, je suis grutier ». Et,
Ali éclate de rire par l’évocation de ce surréaliste et absurde échange ! 

Il était heureux d’avoir sauvé des griffes du régime de modestes militants, engagés pacifiquement dans le combat politique. Son inquiétude, il me l’avait exprimée qu’une fois lorsqu’il est passé à la télévision en qualifiant le régime algérien d’assassin. Il m’a alors dit : « je crois que je suis allé trop loin ».
J’ai appris son assassinat vers 22h00, en cette journée funeste du 07 avril 1987. A l’époque, il n’y avait pas de téléphone portable. C’est Mohamed Benlhadj qui me l’a appris en me joignant à mon domicile. Il m’a dit : « Ali vient d’être assassiné ; Hocine a cherché à te joindre ». J’étais bouche bée, sonnée par l’énormité de la nouvelle et sidéré car, à cette époque, on ne croyait pas que le régime allait reprendre des méthodes expéditives de cette nature, pratiques normalement disparues. On se trompait, et l’avenir le confirmera.

Je garderai le souvenir d’un homme sensible, affable, aimant la chose publique, passionnément attaché à Hocine Ait Ahmed. Il y avait comme un amour filial entre les deux personnages. 

Quand on m’a demandé d’évoquer le souvenir d’Ali, je n’ai pas hésité mais que dois-je apporter de plus car, normalement, tout a été dit avec les livres de Hocine Ait Ahmed et de Michel Naudy consacrés au personnage et à l’affaire elle-même. J’ai donc voulu quelque chose de plus émouvant à mes yeux, comme par exemple son premier éditorial à Libre Algérie. Je cherchai dans mes archives et je suis tombé sur le manuscrit de l’oraison funèbre prononcée par Hocine Ait Ahmed. Il me l’avait envoyée pour la publier dans Libre Algérie. Et, sauf erreur, l’éloge funèbre a été édité sur ce support le mois de mai 1987….

TARIK MIRA

In: Libre Algérie 7 avril 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
30 ⁄ 15 =