Facebook, Twitter…

Bonjour à tous,

Six mois ont passé depuis que j’ai suspendu mes interventions sur Facebook. Je ne pouvais pas demeurer sur le réseau social. Le ronron était devenu intenable. 

Certains se souviennent de ce spectacle de fête foraine où des motards tournent à l’intérieur d’une boule de métal qu’on appelait La boule de la mort. Ils montent et descendent comme des fous, sans aucune issue que celle de tourner et tourner encore jusqu’au sifflet de l’ordonnateur tapis de l’autre côté du danger, hors de la boule, lui. Facebook m’a donné ce vertige inutile. Et puis l’on se rend compte que les Trolls sont plus nombreux que les gens de bonnes intentions. La plupart de ces Trolls (vous vous rappelez des « doubabs » ?) qui subsistent je suppose, sont malveillants. Ils ne construisent pas, ils cassent le débat, les échangent. Seules comptent pour eux les polémiques, les diversions. Beaucoup sont rémunérés, remerciés (d’une façon ou d’une autre). Mais Facebook c’est aussi des rencontres, des retrouvailles, de la joie, parfois pas. 

Il est important parfois de faire des pas de côté, des pauses, mettre à distance, pour faire le point, répondre à ses propres interrogations. Et surtout relativiser. Dans beaucoup de pays (notamment du Sud), les utilisateurs des réseaux sociaux sont une très petite minorité. Ces gens ne révolutionneront pas le monde. L’autre danger dans ces pays est la télévision qui propage le mensonge à longueur de journée. Et lorsqu’il y a 8 ou 15 chaînes c’est 8 ou 15 fois autant de mêmes mensonges répétés. De ces mensonges il en reste forcément quelque chose. Les Algériens en savent un bout.

Je reviens à la parenthèse. Ces pas de côté permettent de relativiser, de mettre en perspective, de se rendre compte combien l’homme, quel qu’il soit ne changera pas seul le monde, et combien il est petit, lui l’homme. Et combien ce réseau social et les autres débordent de vanité, de haine, parfois avec l’assentiment directs ou non de leurs propriétaires. L’exemple récent montre combien le patron de Twitter compte faire émerger tous les discours quels qu’ils soient y compris les plus nauséeux, au nom de la sacro-sainte « liberté d’expression » sans borne. C’est pourquoi j’ai définitivement clos mon compte après treize années de présence. Facebook suivra-t-il ?

J’ai mis à profit cette longue parenthèse pour voir du monde, voyager, écrire. Le monde est entrain de renforcer les aspects les moins heureux, de mettre en spectacle les côtés sombres de notre humanité. Les Droits fondamentaux de l’homme partout reculent. Depuis quelques décennies un renversement progressif des valeurs qui ont fait la fierté des hommes s’est produit.

Aujourd’hui le complotisme, les idéologies que l’on croyait définitivement balayées refont surface, avec des nuances, avec des acteurs et des victimes différentes. Le nationalisme est de retour un peu partout et les cloisonnements dangereux qui vont avec. En Europe, particulièrement en France (où nous vivons) le rejet de l’immigré, de l’immigré musulman, du musulman, de l’Arabe, du Maghrébin, de l’Africain est fortement médiatisé par des chaînes d’information comme C News ou BFM… profondément réactionnaires, sans déontologie, sans éthique, avec des objectifs toujours dictés par la seule cupidité. D’autres chaînes, publiques, sauvent souvent cet honneur perdu, heureusement.

L’accueil des réfugiés ukrainiens en Europe est une nécessité pour son honneur. Le rejet simultané et clairement assumé des nouveaux boat people africains et arabes est révoltant. Le choc est monstrueux. De nombreux Européens (et Français) se sont dit révoltés par cette différenciation de l’humanité selon qu’elle est blanche ou non.  

Quant à l’Algérie, c’est avec tristesse que je l’observe. Beaucoup de tristesse. Mais aussi, hélas, avec de plus en plus de détachement. 

Le racisme qui touche les Africains en Algérie est la pire de toutes les saloperies. On ne peut jeter la pierre à l’occident d’un côté et discourir comme une fripouille, un faquin, concernant nos frères Africains dénudés qu’on ne regarde même pas dans la rue, qu’on évite, qu’on blesse. 

J’observe l’Algérie qui m’a vu naître, grandir avec beaucoup de tristesse. Je suis devenu totalement allergique aux chaînes de télévision algériennes. Je continue de lire la presse papier que je trouve routinière et aseptisée. Il ne se passe (quasiment) presque rien, hormis les chiens écrasés et le bon dos du néocolonialisme, rien sur les responsabilités internes inhérentes à l’autoritarisme. Le régime s’enfonce dans l’aveuglement et la brutalité et on ne peut rien dire. Des jeunes filles et hommes sont jetés en prison pour un oui ou pour un non, les ONG et les partis politiques vivent sous la menace constante et les entrepreneurs honnêtes sur la défensive. Les maquignons qui s’étaient repliés quelque temps sont revenus pour agrandir leurs tanières. Les petites cupidités sournoises au raz du gazon qui virevoltent derrière eux reprennent elles aussi du poil de la bête et leurs trains-trains. Les pénuries d’huile, de pain et autres produits de nécessité première ne les concernent pas. Après avoir crié plus fort que nous tous « Jazair horra démocratia » en tête des cortèges, les voilà ces frappes héraults de l’Algérie neuve. La dine, la rassa, la mella. C’est très triste et très révoltant. 

Mais l’honneur et la dignité ont la vie dure. Un arrêt, une respiration, une pause, ne sont jamais des défaites.


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