Décès de l’écrivaine Yasmina Gharbi Mechakra

Un article de LIBERTÉ, 29 novembre 2020

Une battante s’en va

L’auteur de Sonia, le calvaire au féminin s’est éteinte dans la soirée de vendredi 27 novembre à Annaba, au lendemain de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, son combat de toujours. Yasmina Gharbi Mechakra s’en est allée à l’âge de 82 ans non sans avoir apposé une empreinte indélébile dans la narration poignante des supplices subis par ses semblables et sans pour autant manquer à son devoir et sa vocation première, l’enseignement de la langue française, qu’elle épousa dès 1958 dans son village natal Meskiana, dans la wilaya d’Oum El-Bouaghi. Pendant 34 ans, elle sillonnera avec son défunt mari, également cadre de l’éducation nationale, pas moins d’une dizaine de bourgades avant de s’installer définitivement à Constantine où elle conclura une carrière affirmée d’éducatrice dispensant la formation et la bonne littérature à plusieurs générations.

Son implication dans son environnement social pour ce bout de femme a été totale, afin de briser le silence sur les atrocités des harcèlements et violences subis par les femmes. D’abord, en s’investissant dans le mouvement associatif voué à la prise en charge des femmes victimes de violences verbales et physiques, exclues du domicile familial ou encore harcelées sur leur lieu de travail. Et ensuite, à travers la narration par le trait aussi émouvant qu’accessible, le don de la pédagogue qu’elle fut pendant plus de trois décades y est perceptible, qui accoucha en 2017 de son roman Sonia, le calvaire au féminin. Un livre qu’elle dédia à toutes les femmes qui ont fréquenté le centre d’écoute Nedjma : “Celles qui sont venues pour ‘vider leur sac’ parce qu’elles n’en pouvaient plus…” L’ouvrage qui recèle “une transposition d’histoires vécues pour tenter de faire toucher du doigt, à tous les négateurs, la réalité de la violence faite aux femmes et aux filles”. “J’ai tenté de donner une histoire à ces femmes anonymes qui ne veulent pas subir, j’ai d’ailleurs voulu l’appeler La rebelle, je voulais un personnage qui s’indigne et proteste”, avait-elle commenté son propre écrit.

En 2015, Yasmina Gharbi Mechakra avait également écrit un premier roman Le chemin des lumières, un témoignage sur la ville de Meskiana d’où elle est originaire, à travers l’histoire d’une famille happée par un drame de la vie. La défunte, qui a été inhumée hier au cimetière de Zouaghi à Constantine, n’est autre que la belle-sœur de l’écrivaine de renom, la regrettée Yamina Mechakra. 

Kamel Ghimouze

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