Il y avait les froufrous des jupes et des jeans,
Il y avait les murmures banals ou affectueux,
Le sifflement des avions en papier
Et les regards alanguis.
Il y avait le crissement des chaussures pressées de quitter la salle,
Il y avait le gémissement des chaises déplacées sans ménagement,
« Eh m’sieur c’est sûr que les serpents à sonnette sont sourds ? »
Le clin d’œil au coin des lèvres et de l’interrogation.
Il y avait le tohu-bohu qui enflait dans la cour nue,
Il y avait le gazouillis que de l’autre côté
Les moineaux sur la pelouse caressée par le mistral
Adressaient aux élèves par-delà les fenêtres béantes et L’attrape-cœurs.
C’était hier peut-être même, déjà, avant-hier,
Vacarme des nombrils pubères égarés dans la nébuleuse
Jusqu’au jour de la restitution des armes,
« On vous oubliera pas ! »
Il y a désormais l’horloge grise du temps nouveau.
Il y a un autre soleil, bas, plus ambré qu’ocre,
La liberté de m’emmurer ou de plonger dans la grande bleue,
Rêver d’ours blancs au Nunavut ou de khat à Zanzibar.
Il y a l’immense territoire des lettres odorantes de l’H au W,
Il y a la marche quotidienne à travers la campagne chatoyante
Où se mêlent hibiscus, absinthes, genêts,
Lentisques et ravenelles.
Il y a la lune silencieuse, suspendue dans la transparence du vide,
Il y a ce discret scarabée sur ce sable iodé,
Au bord du bel étang de Berre éclairé,
C’est ici et c’est maintenant entre chien et loup.
Janvier 2017