06.10_ La haine des musulmans

DEUX TEXTES:

1- Dieudonné, Zemmour et les médias français

2- Islamophobie et antisémitisme chez Zemmour et Drumont. Extrait du livre de G. Noiriel

3- J. Attali contre le souverainisme

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DIEUDONNÉ _ ZEMMOUR et les médias

Dieudonné et Zemmour tiennent depuis des années un même abject discours de haine. Le premier à l’encontre des juifs, le second contre les musulmans. Tous deux ont été condamnés par la justice.

Les médias français ont depuis longtemps banni Dieudonné, mais continuent d’accueillir Zemmour.

Lorsqu’on les accuse de pratiquer le deux poids deux mesures, ces médias s’offusquent ou se taisent. Ces comportements, ces prises de position délibérées des médias, mais aussi de la classe politique y compris aux commandes de l’État et des élites médiatiques et autres, qui pratiquent (depuis très longtemps) ce deux poids deux mesures, alimentent chez les musulmans un fort sentiment d’injustice et de la frustration. Ils ont pour conséquence de conforter chez eux (les musulmans) le rejet de ces élites, de cette classe politique. Ils les éloignent du champ de la citoyenneté. Ils participent d’une certaine façon (et je pèse mes mots) de la radicalité chez nombre de jeunes français «  »issus de l’immigration » » exclus de la Cité (comme avant eux leurs pères, leurs grands-pères ces invisibles) ou abandonnés à sa périphérie ou encore au rez-de-chaussée, devant un ascenseur social qui leur est bloqué.

Quant à l’élite musulmane (ou perçue comme telle), qui se compte sur les doigts de deux mains, elle se cantonne dans un silence outrageux, lorsqu’elle même n’est pas ostracisée par les dits-médias et élites non musulmanes. Ses membres sont soumis au chantage. D’autres sont opportunistes ou carriéristes, nous disons khobzistes. (à la seule recherche du pain nourricier).

Dans mon roman « LE CHOC DES OMBRES » (qui traite de la haine), Charly Pinto _ l’avatar de Zemmour, de Finkielkraut, de Richard Millet, de Céline et d’autres et qui propage le même discours de rejet, de haine que celui de ces personnages à l’encontre des musulmans _ est abattu devant la radio qui l’emploie.

Lire pp 286 et plus du roman.

Cliquer sur ce lien http://ahmedhanifi.com/le-choc-des-ombres/ puis sur l’autre lien en bas de la page qui s’affichera (page 286 et plus)

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– Islamophobie et antisémitisme chez Zemmour et Drumont. Extrait du livre de G. Noiriel

« Dans la dernière partie de ce chapitre, je voudrais montrer que tous les éléments de la matrice décrite dans les pages précédentes se retrouvent dans les propos qui s’en prennent aux juifs (dans le cas de Drumont) et aux musulmans (dans le cas de Zemmour). L’un des buts essentiels de leur histoire de France, c’est de prouver, en effet, que ces derniers ont toujours représenté un danger mortel pour l’identité chrétienne de la France. » (G. noiriel)

Cliquer ici pour lire l’article de G. Noiriel

3° – « Derrière le souverainisme, se cache trop souvent la haine des musulmans. » J. Attali

Quand on parle de « souverainisme », beaucoup de gens veulent croire qu’on ne parle, en Europe, que d’une maîtrise des importations et d’un refus des disciplines communautaires. En réalité, dans la plupart des cas, ceux qui en font l’apologie parlent en fait ainsi à mots couverts d’un refus des migrants, et plus largement, d’un refus des musulmans.

Rien ne serait pourtant plus terrible, dans la société française, que de laisser dénoncer impunément la présence musulmane, et de transformer une (légale) critique de l’islam en un (illégal) racisme anti-africain (et en particulier anti-arabe).

D’abord, les discours ainsi tenus sont faux. Il n’y aucun envahissement de la France par l’Islam ou par l’Afrique. Les migrants non européens ne représentent pas, en solde net annuel, 450.000 personnes, comme le prétendent les extrêmes, mais moins de 185.000 personnes, (et encore, en tenant compte des naturalisations, qui en représentent la moitié), soit moins d’un demi pour cent de la population française. 

99% d’entre eux s’intègrent parfaitement dans la nation ; ils font des études, fondent des familles, parlent en français à leurs enfants, créent des entreprises, deviennent professeurs ou médecins. Les mères musulmanes et africaines ne sont pas de moins bonnes mères que les autres françaises ou résidentes en France. Et les musulmans ne sont pas beaucoup plus pratiquants que le sont aujourd’hui les fidèles des autres monothéismes. 

L’islam n’est pas une menace pour la France ; il en est une composante depuis le 8ème siècle. C’est même par lui, et par les philosophes juifs, que la pensée grecque est arrivée en France au tournant du premier millénaire. Et jamais le monde ne s’est mieux porté que quand Judaïsme, Chrétienté et Islam travaillaient ensemble à faire triompher la raison sur l’obscurantisme. 

Bien sûr, on doit tout faire pour faciliter l’intégration des migrants, favoriser la réussite de leurs enfants ; et s’opposer à toutes les tentatives religieuses, d’où qu’elles viennent, pour imposer une conception du monde, ou un mode de vie, contraires aux règles de la laïcité, non respectueuses des droits des femmes, ou plus généralement, violant les lois de la République. Ce n’est pas le cas en France de la quasi-totalité des gens de foi, quelle que soit leur foi. Et en particulier ce n’est pas le cas des musulmans.

Ces discours hostiles aux musulmans de France sont mortifères.

En particulier quand ils viennent de juifs, qui devraient ne pas oublier que l’antisémitisme vise à la fois les uns et les autres. Il faut donc à tout prix dénoncer les discours délirants, d’Éric Zemmour, de William Goldnagel, ou même, dans de trop nombreuses de ses déclarations, d’Alain Finkielkraut ; et de tant d’autres. En particulier, il est triste de voir des descendants de juifs d’Algérie oublier le rôle magnifique que les musulmans algériens ont joué pour soutenir et protéger leurs parents, aux temps horribles de l’antisémitisme triomphant en métropole et plus encore en Algérie, sous Vichy, sous Giraud, et même sous de Gaulle. 

Il ne serait pas de l’intérêt de la communauté juive française que les musulmans de France en viennent à penser que leurs concitoyens juifs se joignent à ceux qui veulent les chasser du pays, alors que les deux communautés sont encore considérées par d’autres Français, comme des nouveaux venus indésirables. Ce serait aussi faire le jeu de ce qui aimerait importer en Europe le tragique conflit du Moyen Orient.

La France ne se résume pas à un passé, souvent insupportable, ni à une histoire, souvent critiquable. La France n’est pas à prendre en bloc, à vénérer en tant que telle. Elle doit savoir critiquer son propre rôle dans l’esclavage, dans le colonialisme, dans la xénophobie, dans l’antisémitisme, dans la collaboration, dans la destruction de la nature. Elle ne doit pas céder à ces fantasmes de « grand remplacement », se souvenir qu’elle porte le nom d’un peuple envahisseur, et qu’elle est, depuis son origine, le lieu privilégié d’installations d’innombrables peuples, dont chaque Français, d’où qu’il vienne, est l’héritier.

Elle ne doit pas oublier non plus que ce qui se cache aujourd’hui derrière le « souverainisme » désigne en fait la même xénophobie, la même fermeture, la même absence de confiance en soi que les idéologies anti-italienne, anti-polonaise, anti-arménienne, et antisémites des siècles passés.

La France est un devenir, dont le passé ne peut être pris en bloc, mais doit être soigneusement trié, selon des critères que, justement, la République française a contribué à construire. 

La France n’est grande que quand elle est ouverte, accueillante, sûre d’elle-même. Quand elle se construit, siècle après siècle en confiance, dans le brassage et l’intégration d’idées et de familles nouvelles, venues enrichir la communauté nationale.

j@attali.com http://www.attali.com/

4 octobre 2019

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