De Marseille au Royaume Uni et Irlande….

De Marseille au Royaume Uni et Irlande…. mai, juin, juillet (en passant par Paris évidemment !)

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15 mai

7h30- JJ_ Le jour se lève et la mer azur nous nargue. C’est jour de grand départ…

17 mai

Bel après-midi sur France5 (enregistrement), puis un verre à « L’ Aulnay » à la mémoire de mon ami Mahmoud Bessaih.

19mai

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak vient de l’annoncer: le Centre Beaubourg, l’un des plus importants musées d’Art moderne et contemporain dans le monde, où je me trouve actuellement et où je me trouvais _ déjà _ lors de son inauguration au tout début de l’année 1977 (nous y avons suivi un cours avec Madeleine Rebéirioux devant le parvis en présence de non étudiants et de curieux très curieux), eh bien, ce magnifique Centre de la vraie grande Culture populaire, qu’on a appelé (par erreur ou incompréhension,) « L’Usine », fermera ses portes pour rénovation durant 5 ans à compter de décembre 2025

24mai

Je suis passé hier mardi 23 mai 2023 le long des quais du Nord-est parisien, venant de la gare du Nord ma station « d’entrée » dans la capitale. Quelques jours auparavant, j’avais rendez-vous au quartier très huppé des « Champs » sur la traverse entre Matignon et Marigny. Un autre monde. Il n’est pas le mien et ne l’a jamais été. Qu’à Dieu ne plaise. Des gens qui regardent les autres de haut, qui pas même vous toisent, qui passent le pas pressé sans jamais en faire un de côté, la tête mauvaise et la culotte souillée. C’est qu’ils (et qu’elles) font dans la dentelle, messieurs-dames. « Mais qu’y faisais-tu alors ? » pourriez-vous à raison objecter. « Obligations » vous répondrais-je alors, obligations. Revenons maintenant aux belles choses du nord-est. 

Je me promenais hier mardi dans les rues de Paris. Je suis passé devant les quais du Nord-est parisien. Celui de Jemmapes a bien changé, pas la façade du mythique « Hôtel du nord », albâtre, fatiguée. Qui l’accepterait ? Le temps n’invitait pas vraiment à la promenade, vent et grisaille, et cela tombait bien. Je me suis engouffré dans le café qui fait l’angle de la rue de la Grange aux Belles, le « Caoua ». Ne croyez pas que j’y suis entré par hasard. Non. Ce lieu qui a changé d’enseigne a marqué une partie de notre longue vie parisienne. Et le constat est amer. Le Pont Tournant n’est plus ni sa patronne « canal historique ». Son temps a passé et celui de Jeniya aussi. Ainsi que le nôtre, celui de tous nos amis oranais. Cela avait duré plusieurs années des 70-80. 

Les jeunes patrons m’ont dit du bien de « la vieille dame », Jeniya, qui leur a vendu le bar. Ce n’est d’ailleurs plus un bar mais une sorte de faux bistrot où l’on peut déguster un café, un laid chaud, une tartine, luncher et déjeuner sur le pouce. Au premier étage on peut même travailler (ou jouer) sur son ordinateur.

En ce temps-là, celui des années raï balbutiantes (merci Libé, merci Europe 1 !), la veille de l’inauguration du Salon du livre, au mois de mars de chaque année (ou presque), notre ami Razi prenait le train pour se rendre à Paris qu’il avait quittée pour le soleil du Sud. Il y demeurait généralement une semaine. La journée, durant le Salon, il arpentait ses allées à la recherche de nouveautés, à guetter l’arrivée des écrivains qu’il appréciait pour des interviews. Durant des heures. Sur un coin de table, entre un verre de peu importe quoi et un enregistreur, dans un brouhaha digne du bourdonnement du grand souk de Marrakech ou celui de Marseille, il préparait ses articles. La visite et le travail terminés, il errait dans la ville une ou deux heures durant, volontairement seul, à la recherche d’une respiration, d’un souffle, d’une inspiration. Le soir venu, elle le retrouvait ici même au Pont tournant. C’est ici, dans ce bar, que Razi aimait la rencontrer – lorsqu’elle ne faisait pas son cinéma – ainsi que quelques amis de jeunesse. Le Pont tournant avait longtemps été leur Mecque. Les amis s’y retrouvaient et ensemble refaisaient le tour du monde. Aujourd’hui tous les mars sont passés et les amis aussi. 

Si je suis revenu à ce qui fut Le Pont tournant, c’est pour y sentir l’arôme, les traces de mes amis, retrouver les souvenirs qu’ils y ont répandus. Nous sommes tous éparpillés. Le Pont tournant se trouve sur le quai de Jemmapes à Paris, et ce jour-là, j’y étais, Razi se demandait si sa Lolita arriverait à le situer ? Le bar-restaurant était à l’époque tenu comme un commandant tient son vaisseau ou un brigadier sa brigade. La tenancière était une fille du Bled, Jeniya la diablesse, la vraie, bent Saïda. Elle connaissait chaque client qu’elle désignait par son prénom et son origine. « Hé toi Razi fils d’Oran » ou bien « Viens que je t’embrasse Kader fils de Mascara. À tel ou tel, elle lançait parfois « Rak h’na weld el hlal ? » Toujours avec bienveillance, toujours avec cet accent qui oscille entre le parler fanfaron des parvenus de la côte ouest et le parler vernaculaire des hauts plateaux, à la frontière du feu. Jeniya était pour tous tout à la fois la sœur, l’amie, et pour d’aucuns, la mère. C’est dans ce bar que Razi retrouvait chaque année ses amis d’enfance et d’adolescence, au moment du Salon du livre. Elle, elle était jeune, trop jeune, et ses amis l’apercevaient comme cette la Lolita de Vladimirovith, maligne et luisante comme un ciel pur de mai plus que de mars au crépuscule ou à l’aube, qu’on ne quitte pas des yeux. En réalité elle était sucre perlé sa Lolita. Il l’aimait ainsi. 

Ils ont, ses amis et lui, subi les mêmes enseignants et suivi les mêmes cours durant de nombreuses années. Depuis la première année de collège à Oran jusqu’à Hammou Boutélis et lycée Lotfi. Ils ont fait les quatre cents coups ensemble, jusqu’à ce que le destin de chacun prenne son envol pour le Nord, pour telle ou telle raison, indépendamment des autres. Ils se sont perdus de vue durant de nombreuses années. Puis chacun d’entre eux – hasard encore de la vie – s’est retrouvé à 20 ou 24 ans dans la capitale française. La renommée du troquet de Jeniya les a aspirés, puis les a entraînés à un moment ou à un autre, vers lui, vers elle. 

Le Pont tournant était un lieu que le Tout-Paris des Oranais affectionnait (et ceux de province aussi). C’est-à-dire le Tout-Paris des Oranais qui n’ont rien contre les bars ni contre les soirées embrumées. Jeniya est une des premières femmes maghrébines que Razi a connues en arrivant à Paris. C’était à la fin des années soixante-dix, bien avant qu’elle ne surgisse elle, Lolita. Quant à Jeniya, elle était incontournable. Aujourd’hui il ne s’avancerait certainement pas, il n’a plus l’âge de l’observation. Ni celui du courage. D’ailleurs, où peut-elle bien se nicher ? Aucun Oranais sérieux ne pouvait imaginer visiter Paris sans faire une halte chez Jeniya. Le Pont tournant était pour le groupe d’amis plus qu’un bistrot. C’était souk el-had, la gare Centrale d’Antwerpen, le port d’Amsterdam. Le Narvik définitif. Le Pont tournant était un havre de rencontres, d’échanges de nouvelles, un monument. Il l’est demeuré peut-être, pour d’autres gens. Pourtant le Pont tournant est un lieu ridicule dans son espace. Sa surface est si réduite au rez-de-chaussée, qu’au-delà de douze pèlerins de Paris ou quinze manchots d’Adélie, il affiche complet. Souvent, le samedi soir, certains clients se tenaient devant le rideau blanc à lanières en plastique de la porte ouverte, une semelle dedans, l’autre sur le trottoir. Le premier étage était réservé à la restauration. Couscous fin de Saïda midi et soir, six jours sur sept (avec en face la passerelle Arletty, nous n’avions qu’à imaginer la légendaire scène « est-ce- que j’ai une tête… » etc). Parfois, à l’occasion d’une fête ou sur un coup de tête – une humeur – elle l’offrait à tous les consommateurs présents. Une dizaine de tables. Sur les murs du rez-de-chaussée, une série de photos en noir et blanc d’acteurs et d’actrices des années cinquante rappelaient la proximité de l’Hôtel du nord (aux façades partiellement décrépies désormais) et le pont sur lequel Arletty s’époumonait gouailleuse jusqu’à perdre le souffle un jour du tournage « atmosphère, atmosphère… », jusqu’à la bonne prise. On connaît la suite.

Lolita avait le regard intense. Elle se positionnait face à Arletty toute en noir et blanc et l’observait sans discontinuer. Ce jour-là elle avait réussi à trouver seule Le Pont Tournant. Elle aimait bien s’approcher d’elle, de la légende. Elle aimait ses yeux charbonnés, la finesse de son visage, elle disait qu’elle était zouina. Elle enviait peut-être sa renommée, elle regrettait peut-être sa disparition. Que savait-elle de sa vie ? Elle dévorait les photos incrustées dans les cadres (0.60m X 0.80m) et parfois l’oubliait, lui, Razi, dont les amis lui demandaient si elle n’était pas lunatique. Il ne leur répondait pas, mais elle l’était en effet. Tout cela a disparu. La belle Garance, à demi-nue épinglée sans amour ni respect, dans une pose suggestive, émoustillait les yeux pourpres et l’air vaseux des clients. Il faut dire aussi que ce ridicule boui-boui (21 m2 au rez-de-chaussée, un peu plus à l’étage) était – l’air de rien – affectionné par Simenon, mais si, celui-là même avec son manteau, sa pipe et son canotier, comme Maigret. Simenon s’installait toujours au même endroit, à la dernière table, dit-on, et se mettait à griffonner des histoires à trembler debout. D’autres hommes du milieu artistique y prenaient un verre, parfois plus. Marcel Cerdan et Mouloudji figuraient en bonne place sur le mur, punaisés comme Arletty, sans pitié. Pas d’amour ni de respect pour eux non plus. Ils accueillaient de leur sourire éternel chaque client attentionné. L’un était accroché à gauche en entrant, près du juke-box (qui sature l’espace), l’autre au-dessus du comptoir, près de la guêpe. Celle-ci, Cerdan et Mouloudji « Quai d’Jemmapes, quai d’Jemmapes, pour respirer un peu d’air frais de ce bon vieux quartier. Passez la monnaie, passez la monnaie… », étaient souvent le point de départ de discussions infinies et agitées – because le houblon, la mousse, bien sûr – pour impressionner ou peut-être juste un prétexte pour inviter d’autres clients pas encore éméchés, locaux ou étrangers, venus à la découverte de l’Hôtel du nord mitoyen, prêts à festoyer avec Jeniya, qui finissait toujours par offrir sa tournée. « Tu sens bon Lolita », révélaient à l’autre, certains qui l’avaient à l’œil. Ceux-là, maladifs qu’ils étaient, aimaient souvent jauger du niveau de connaissances des uns et des autres. La Lolita répondait naïvement « Ci Mirac ». Miracle, son parfum préféré, parbleu ! C’était chez Jeniya. Dans ce trou où, au mois de mars lorsque se tenait le Salon du livre, durant de nombreuses années, Razi retrouvait quelques amis de jeunesse pour des moments de fête. Et elle, au centre, rayonnante. Puis, les années passant, ses amis sont devenus louches et insupportables. Le Salon du livre et les articles de presse, il les a abandonnés. Et elle, qu’est-elle devenue ? j’aimerais tant le savoir. Lui, Razi, habite à Stockholm avec Katarina sa compagne (qu’il a connue à Paris sur les quais de Jemmapes je ne plaisante pas) et leur jeune-fille, Éva-Housia. Il ne vient plus, à ma connaissance, au Salon du livre de Paris. Il ne donne presque plus de nouvelles.

Quant à moi, si, comme aujourd’hui alors que mars est passé, je reviens malgré tout en ce lieu qui n’est manifestement plus le nôtre malgré son nom, c’est pour y retrouver les traces de mes amis. Le quai de Jemmapes a bien changé, pas la façade du mythique « Hôtel du nord ». Le temps n’invitait pas à la promenade et cela tombait bien. Je me suis engouffré dans le « Caoua », mais Le Pont Tournant n’est plus. Son temps a passé et celui de Jeniya ainsi que le nôtre, celui de tous nos amis oranais. Cela avait duré plusieurs années, les plus belles à ce jour. La mémoire, Dieu merci est plus forte que tout. Pour l’heure. Et le présent offre à qui veut une nouvelle Jeniya, une nouvelle offre faite de caoua, de laid chaud, de tartine. À propos, je vous dis bonne journée, je me dirige derechef chez Tartine (ex Trartine). N’avez-vous jamais entendu parler de Tartine ? Non ? Vous ne savez rien de Paris alors ni de la rue de Rivoli. Bonne journée.

AH. 24.05.2023, retravaillé.

24 mai

Me voilà à la BNF F. Mitterrand. On me dit ça et là « arrête avec les souvenirs ! » Mais comment faire l’impasse sur ce qui nous a façonné ? Dans ce lieu j’ai passé des journées entières, entre 600 et 900 jours ! (Plus de deux années cumulées) durant 1995-2000. Ces photos pour remercier en quelque sorte…

1_ Dimanche 28 mai 2023_ 

Hier, samedi, j’ai parcouru les boulevards Magenta, Rochechouart, Clichy. Jusqu’à la Place et la colonne Moncey. Plusieurs tréteaux remplis de livres de toutes sortes. J’achète « Serguei Eisenstein » dans la série « Cinéma d’aujourd’hui (celui des années 60) pour un euro. Des jeunes du « Mouvement fédéraliste panafricain » se préparent à une marche de ce lieu jusqu’à la Place Stalingrad. Pour l’heure ils ne sont qu’une petite douzaine à distribuer des tracts.

Au Pathé Wepler on projette plusieurs films dont, en salle 2, Omar le fraise. J’ai rendez-vous vers 17h avec mon ami H. J’ai le temps de voir le film (15 € et pas de pitié pour tous ceux qui ont passé les plus hauts caps). Que dire du film ? Une comédie sympathique dans laquelle Réda Kateb, Benoît Magimel, Meriem Amiar sont magnifiques. Un film (franco-algérien) plutôt drôle. J’ai aimé les images du désert, de la mer, d’Alger et tous ses apprentis bandits abandonnés…

À la sortie, j’ai longé l’avenue de Clichy et de Saint-Ouen, jusqu’à la poste où plonge (si on veut) la rue Lamarck. Je la remonte jusqu’à la place Froment face à la caserne des pompiers et pénètre dans le bar Le Sap’heur, dont le nom est vraiment tiré par le bout des cheveux. Un 51 s’il vous plaît. Le serveur (patron certainement, Farid) est fort sympathique. Le clientèle m’a l’air aisée, intello à l’ouïe des discussions. C’est un petit bar, mais presque toutes les tables sont prises. J’ai pensé à Kamel Daoud. Il avait été interviewé ici-même par France Culture, il y a quelques semaines. Je l’ai perdu de vue (de lecture aussi) depuis le dernier SILA et son roman photo avec Depardon.

Il a écrit ce jeudi un article sur le point (son Postillon) qui ne peut laisser indifférent. Comme très souvent : « (dans les pays dits « arabes), On y préfère Bachar el-Assad au nom de l’appartenance et de l’identité invaincue, à Zelensky au nom de la liberté universelle. » Ce qui est formidable c’est que (en vrai intellectuel) Kamel Daoud ne laisse pas indifférent. Il est rugueux, pas lisse donc et « double-face ». S’il vous plaît. Un mot à son propos. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il écrit. J’apprécie nombre de ses idées. Pas toutes. Mais j’aime beaucoup ses articles car ils secoue le vieux cocotier. D’ailleurs aussitôt le lendemain (jour saint vous rendez-vous compte !) les gardiens du Grand temple, les nationalistes-radicaux (« Le harki », « la France, la France, la France », insultes et compagnie… lui sont tombés sur la tronche (vous savez ceux qui, par exemple, tiennent à leur poste…) Ils insultent, mais n’écrivent pas des textes argumentés.

– Hé monsieur, tu t’égares…

– Désolé, oui, merci. Je reviens à ma journée.

J’ai pris le métro et me suis rendu directement à l’Opéra Garnier. Un magnifique soleil surplombe la ville. Et un chanteur fait le bonheur de la foule agglutinée sur le parvis. (Au passage, la vidéo d’hier a été vue par plus de 300 personnes) 

Mon amie M. n’est pas disponible à cette heure, mais mon ami H. est arrivé à l’heure. Salamalecs…. 

Salut Paris…

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2_ Lundi, je découvre Calais, Sangatte et se sont des images insupportables qui me viennent à l’esprit. Celles de l’intolérance, de la xénophobie, de la haine… J’y suis, au bord de la plage. Le patron du café Alexandria et ses clients semblent pourtant fort agréables reprenant les refrains des plus beaux hits des années 70. C’est vrai que c’est dimanche de Pentecôte et les esprits sont à la joie.

La traversée vers Folkestone, ce matin de mardi est plus rapide que je ne la prévoyais. 35 minutes dans le Shuttle. Pour le reste…embouteillages à l’arrivée de Londres. Situation aussi infernale que celle de Paris. Un pot, deux autour de la City…

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3_ Jeudi 1° juin 2023

Nous nous sommes (C et A) égarés dans les méandres du métro labyrinthique de Londres. C’est pourquoi nous ne sommes allés ni à Piccadilly, ni à Soho visiter le magasin « Algérian

Coffee Store ». 

Bristol se réveille sous un ciel maussade et un vent vif, piquant. L’Avon qui la traverse attend que les clients se pressent sur ses embarcations ou sur ses rives et les centaines de parcs qui l’entourent. Le soleil est agréable. Les touristes ne se précipitent pas encore dans ses marchés colorés. C’est la ville de Carry Grant et de Hannah Murray.

Visites des quais, des marchés, boats…

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4_ Dimanche 4 juin

Ah, Bristol. Ah Bristol disais-je… Si la nouvelle (bonne) reçu à Bristol se confirmait, je serais très heureux. J’y reviendrai (éventuellement). Bristol est (aussi) le pays du papier-cartonné dit « bristol » où il est né. Cette belle ville est aussi celle de Edmund Burke, un homme d’État, et philosophe du 18°, profondément conservateur. Passons donc.Nous voilà à Cardiff, la ville du rugby par excellence (Le Cardiff Rugby FC), mais comme je n’y connais rien… Déambulations dans le cœur de la ville très dynamique et jeune… Un petit tour en péniche, visite du château.

Swansea est plus petite, mais très touristique. On a retenu la superbe marina où est statufié pour toujours Dylan Thomas. Le théâtre, le musée, des places, des rues… portent le nom du grand poète, un des plus grands du siècle dernier. Après la visite du Centre qui lui est dédié, nous avons pris un verre au « No Sign Bar » où il était un client régulier (dit-on), avant de détruire son corps à New York. Il eut le temps d’écrire une épitaphe : « After 39 years, this is all I’ve done »

Loin de la confusion, telle est la voie 

Tel est le prodige que l’homme sait 

Loin du chaos parviendrait la joie. 

Cela est la beauté, disions-nous, 

Enfants émerveillés par les étoiles, 

Cela est le but, cela est le terme. 

N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres, 

Traduction d’Alain Suied. (in www. Esprits Nomades)

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Vendredi 9 juin 2023

Un saut de la poésie de Swansea à son faux passé de Far West et ses vallons et ses fermes et ses herbes verdoyantes presque artificielles. Puis au mythe de Liverpool. Double mythe : Foot et Musique : Moi évidemment, je suis plutôt Musique : It’s been a hard day’s night, and I been working like a dog/ It’s been a hard day’s night, I should be sleeping like a log/ But when I get home to you I’ll find the things that you do/ Will make me feel alright…

Lundi 12 juin 2023

Après que la fureur du quartier des Beatles à Liverpool et celui des clubs de foot fut tombée, on a poursuivi notre route, l’esprit de nouveau revigoré, plein de chants de supporters et de Révolver, Yellow Submarine, Imagine, Hey Jo, Michelle… Nous voilà Édimbourg (Edinburgh ou en gaélique Dùn Èidin… tiens tiens… on dirait que cela vient de chez moi…) célèbre ville universitaire (notamment dans le domaine de l’informatique, médecine…) Ne pas oublier le Scott Monument édifié en l’honneur du grand écrivain né à Édimbourg, Sir Walter Scott. (1771-1832)

Célèbre aussi pas son château du 10° siècle, par son Parlement… On y trouve également l’une des plus importantes bibliothèques du Royaume-Uni. Magnifique ville, très animée ces jours chauds de juin (malgré un vent irrégulier, frais : vous vous recouvrez et découvrez sans arrêt. Il fait chaud, il vente. Il fait chaud, il ne vente plus… Mais la fête est partout surtout sur les hauteurs, dans la vieille ville. Un dernier mot, n’oublions pas les maîtres à penser Adam Smith ! et David Hume Philosophe des Lumières écossaises… Mettons-nous à leur (partielle évidemment, partielle) lecture (ou relecture)… Bon courage !

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LIVERPOOL

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Jeudi 15 juin 2023

Il y a tant de choses à dire à propos du voyage en cours. Il y a tant et tant, mais les mots ne se bousculent pas, comme pour ne pas rajouter à la charge combien lourde. L’épuisement n’est jamais loin, et se manifeste même, après une mobilisation quasi non-stop de plus de 45 mois (hors vacances). Un lecteur me demande de « voyager en silence , nous on a mal de ne point voir, dit-il, ce monde », mais je trouve qu’il a tort, que partager est une belle façon d’atténuer les frustrations. Je pense que le « service minimum » à l’égard de ceux qui lisent (même sans réagir) est une nécessité. Alors voici la suite (légère donc) de ce safari sans animaux (ou presque !)

Nous avons poursuivi sur Perth. Nous y sommes entrés par le long pont qui enjambe la Firth of Forth qui ouvre sur la Mer du Nord. Un lieu important concernant la conservation de la nature.

Nous y avons traîné quelques heures dans cette ancienne capitale (pendant trois siècles) de l’Écosse (l’état d’Australie Occidentale porte ce même nom). Trois photos par ci, trois autres par-là : La Fergusson Gallery, Église méthodiste, Cathédrale Minian’s, Cinemax Playhouse, , La rivière Tay…, Canal Street, South Street, Hight Street.

Nous avons grimpé le Grampian Mountains jusqu’à Braemar et intégré le Cairngorms National Park et Tomintoul qui entame « la route du Whisky et ses distilleries à l’exemple de Dofftown et Cairgellachie…. Nous en avons visité deux (distillerie de Glenfiddish Whisy et The GlenGrant dont la production est expédiée (à 85%) en Italie, ainsi qu’une tonnellerie Speyside Copperage. Les visites sont, selon les propriétaires, gratuites ou payantes. La route est magnifique et le soleil omniprésent s’est égaré du grand sud, jusqu’ à la grande ville du nord, Inviness  (ou : Inbhir Nis) où nous arrivons.

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Samedi 17 juin 2023

De Inviness nous retenons le joli grand pont Le North Kessoc en face duquel nous nous sommes installés (South Kessoc). Puis un grand tour dans Inverness City Centre et ses nombreux pubs, restos… Le Loch Ness évidemment plus tard et son fantomatique monstre que nous avons déniché, bien sûr (voir photo) dans la ville de Fort Augustus célèbre pour ses écluses « calédoniennes ». Ne pas oublier que le terme de « Calédonie » désigne initialement le pays de l’Écosse. Plusieurs petits villages longent le Loch, chacun avec ses particularités. Beaucoup de touristes et de circulation.

Le plus beau des villages s’appelle Mallaig, à la pointe de la mer des Ibrides ; En face se trouve l’île de Skye qui, elle-même donne sur les « Na H-Eileanan Siar » (western Isles). Le tableau de l’ensemble est merveilleux. Il a plu quelques gouttes en fin de journée… Nous rencontrons ici et là des gens super sympathiques, notamment Patrick le Corse immigré à Dufftown qui nous a raconté ses succès et déboires dans le pays de madame Nicola Strugeon récemment arrêtée pour détournement de fonds…, Le Marseillais de la Ciotat enchanté avec sa compagne de l’Irlande plus que de l’Écosse, des alsaciennes rencontrées dans un café et celles (Alsaciennes) qui nous ont pris pour des touristes anglais… Et voilà Oban qui se prendrait pour elle-même, n’était ce « b » qui se prendrait volontiers pour un « r » et la ville pour Oran. Belle ville cette Oban avec ses mouvements portuaires, sa belle crique telle une peinture de Justyna Kopania.

Le monstre …

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Jeudi 22 juin 2023

Nous avons quitté la sage, pour ne pas dire quelconque, ville de Oban à une lettre d’Oran. Sur notre route tout le long, des moutons moutonnent. Il y en a partout, bien sur pattes, bien dodus. Aucun n’est porteur d’angoisse et vit sa vie tranquille… Nous également.
À Lochgilphead au moins un horodateur ne fonctionne pas, « Machine out of order ». Et c’est lui qui nous intéresse. Si j’ai un conseil amical à donner aux voyageurs qui viseraient cette contrée : « ne ratez surtout pas Crinan, à la pointe du Knapdale face à l’île plate nommée (oui, oui) « Jura ». À peine quelques dizaines de présents (résidents et autres), pour ceux qui aiment une comparaison, je dirais idem que Franine (bien avant Kristel/est d’Oran) et aussi jolie, autrement jolie, sans la montagne mais le vert beaucoup plus éclatant.
Plus bas, la ville plutôt morte de Lochgilphead. Nous étions il est vrai dimanche. Et dimanche c’est leur vendredi (après-midi) ici. Plus sympa est Invenaray avec ses longs murs blancs, à l’espagnole, et son église (ce jour-là ouverte aux pauvres auxquels on livrait pour pas cher ou même rien, des sacs de nourriture).
Stireling est une ville populaire, avec des monuments très connus comme l’hôtel, ancien collège, ses vendeurs de cornemuses et pubs sympathiques plus feutrés, moins bruyants, que les bars.
Nous sommes arrivés à Glasgow, à la gare Queen Street par le train. Nous y resterons quelques jours. Nous avons visité quelques quartiers le long de la River Clyde avec sa « Court » pas belle, ses beaux ponts suspendus, sa mosquée (turco-asiatique) sur Gorbals street, le Merchant City et City centre évidemment. 

L’exposition Bansky (la 1° exposition officielle depuis 10 ans) à la Galerie d’Art Moderne de Glasgow (photo) vient d’être annulée. Et vous savez quoi ? Nous n’en avons absolument rien à cirer. Autrement dit: « And you know what ? We have absolutely nothing to wax about » (cela se dit-il ainsi?). Tout ce qui tourne autour de cela est gonflant (gonflant pour son compte à lui le p’tit malin et ceux de ses ouailles)… allez, oust ! (et France Inter devrait elle aussi, aller se coucher avec ce type d’informations merdiques (pardonnez-moi). Oui, car grâce au wifi nous réceptionnons 24/24 depuis le premier jour nous sommes assez au courant des choses et même des pôv moutons du Sud, toujours crédules et naturellement naïfs devant des millions de couteaux plus ou moins aiguisés. Encore quelques villes et villages du sud-ouest écossais et puis, bye bye Scotland…
(Vous comprendrez pourquoi ces comptes-rendus sont brefs, ramassés et directs). 

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Mardi 27 juin 2023

En arrivant à Belfast, j’ai eu une pensée forte pour Bobby Sand et les siens « Je me tiens sur le seuil d’un autre monde tremblant. » Il est mort en mai 1981, cinq jour avant l’arrivée de Mitterrand. Nous habitions alors dans le désert. Nous avions quitté « définitivement » Paris un an auparavant. La lutte des indépendantistes Irlandais (ah Vincennes et ses faux Irlandais !!) nous touchait particulièrement… je pense à un texte. Le temps de le préparer…

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Merc 28 juin 2023

Alors que je m’apprêtais, hier mardi 27 juin à pénétrer dans Belfast (Larne), je me remémorais ces paroles du nationaliste irlandais Bobby Sands, prononcées à 27 ans, au début de sa longue et tragique grève de la faim (66 jours) : « Je me tiens sur le seuil d’un autre monde tremblant. » Ces paroles je les lis de nouveau aujourd’hui à travers un beau livre de Sorj Chalandon, « Mon traître ». Je vous les donne telles quelles et vous laisse avec l’aïd, que je vous souhaite bon. Nous disions « îd el-kbir ». Extraits :

« J’ai vraiment cru à la paix pour la première fois le lundi 22 août 1994. J’étais à Paris. La ville avait déjà son voile de septembre. Il pleuvait fin et frais. Après être allé à Belfast, au début du mois, j’avais pris quelques jours chez des parents en Mayenne. J’étais aussi allé visiter un ami à Mirecourt, un vieux luthier qui se contente aujourd’hui de trembler. J’étais heureux de retrouver mon atelier. Je rangeais l’établi en sifflotant. Lorsque le téléphone a sonné, je l’ai regardé sans un geste. C’est comme si je savais. Depuis des semaines, l’Irlande bruissait de l’incroyable nouvelle. L’IRA, l’armée républicaine, avait décidé de déposer les armes. Pas de les rendre, comme l’écrivaient les journaux. À qui l’IRA pouvait-elle donc rendre les armes ? Elle n’était ni vaincue ni exsangue. Il n’était pas question ici de reddition militaire mais de courage politique. Déposer les armes, les détruire, accepter de neutraliser son arsenal sous le contrôle d’une commission internationale indépendante, voilà ce que l’IRA proposait. En échange, Sinn Féin – son aile politique – serait associé au processus de paix. En échange, les protestants, unionistes, loyalistes, orangistes, tous devraient accepter de partager le pouvoir avec les minoritaires catholiques. Le temps des concessions grimaçait au fond des armes.

_ Tony ? C’est Tyrone. C’est fait, Tony. C’est pour mercredi minuit. Tu viens ?

J’ai éclaté en larmes. Je serrais mon téléphone à deux mains et je pleurais. C’était fait. La trêve, le cessez-le-feu, peu importe les mots qui seraient mis dessus par d’autres. C’était fait. Je viens ? Mais bien sûr, je viens. Quelques chemises dans un sac, ma casquette de pluie, le premier avion pour Dublin. J’ai tremblé jusqu’à ce que j’arrive à Belfast. J’ai tremblé vraiment, comme un jeune homme avant le bonheur. Tyrone et Sheila étaient à la gare. J’ai couru vers eux. Jamais, je n’avais couru comme cela vers personne. Je courais le long du quai vers Sheila et Tyrone, mon sac à l’épaule. Je courais vers les portes de la gare, vers la ville, vers son odeur de tourbe et de mouillé. Je courais en riant. Sheila, et Tyrone, puis Sheila encore, puis tous trois soudés, passant de bras en bras et de lèvres en peau au milieu de la gare, des regards amusés. Et puis j’ai reculé, j’ai pris Tyrone par les bras, je l’ai regardé, mon front presque à toucher le sien.

_ C’est fait ? C’est sûr ? 

_ Demain minuit, a répondu Tyrone. La cessation complète des opérations militaires. 

_ C’est ça, le communiqué ? Cessation complète ?

_ Tyrone a hoché la tête en souriant. Il m’a pris par l’épaule, lui à ma gauche, Sheila à ma droite, et nous sommes rentrés à la maison.

Juste avant minuit, le mercredi 31 août 1994, nous sommes allés dans la rue. Tyrone avait mis une chemise blanche et une cravate de laine verte. Sheila avait passé la soirée à rouler ses bigoudis. C’était comme si nous sortions. La rue était pleine de familles silencieuses. Des gamins étaient juchés sur les murs. De vieilles femmes conversaient à voix tranquilles. Un blindé, un deuxième, encore un. Pas une pierre, pas un cri. Même les hélicoptères nous semblaient de trop. 

_ Minuit ! a crié Tyrone en levant le poing.

_ IRA ! IRA ! IRA, a scandé la foule. 

Les voitures klaxonnaient. Des jeunes frappaient dans leurs mains en chantant. Une dame s’est signée au passage d’un prêtre qui observait cette humanité comme s’il venait enfin de retrouver sa trace.

J’ai regardé Tyrone. Il avait dans les yeux comme un sourire inquiet. Il m’a dit que ce serait encore long, mais que nous venions de faire le plus dur. En remontant, nous avons croisé des visages d’hommes. Certains étaient fermés. La trêve avait été décidée par le Conseil de l’Armée républicaine irlandaise. Et par lui seul. Contrairement aux règles militaires aucune convention n’avait été réunie par la direction pour voter la cessation du combat. Les hommes du rang ont appris la nouvelle à l’extérieur de leurs unités. Les politiciens du Siin Féin était persuadé que le temps était venu de renoncer aux armes. L’IRA avait décidé de faire vite. Tant pis pour les procédures. Ces visages fermés disaient le scepticisme. Pendant des jours, Tyrone a rencontré beaucoup de ces combattants. Certains étaient tentés par la dissidence. Il les a ramenés les uns après les autres, rappelant que la trêve était un ordre et qu’ils étaient soldats.

Le lendemain, Belfast républicain s’est drapé des couleurs nationales. Nous avions pris place dans une cavalcade de voitures qui descendaient Falls Road en klaxonnant. Sheila conduisait. Tyrone avait le corps passé par la portière ouverte. Il appelait les uns, les autres, saluait les trottoirs sa casquette à la main. J’étais derrière, mon drapeau à la fenêtre. Je chantais la Marseillaise en riant. Devant nous, il y avait un camion de charbonnier. Tyrone est sorti de la voiture en me demandant de la suivre. Il a rejoint le camion. Il a sauté sur la plate-forme en bois, aidé par les gamins qui s’y trouvaient. Je suis monté à mon tour, agrippant les mains qui se tendaient. Tyrone était debout, poings sur les hanches. Il semblait contempler sa ville, son peuple, son combat de simples gens. J’étais à côté de lui. J’agitais mon grand drapeau à la manière d’un ouvreur de parade. Les voitures se suivaient lentement. Chaque trottoir, chaque porte ouverte, chaque fenêtre s’agitait en main de joie. À côté de moi, un jeune homme regardait mon ami. Il m’a demandé si c’était Tyrone Meehan, le grand, le fameux, le vieux prisonnier. J’ai dit que oui. Que c’était bien lui. Le jeune républicain m’a tendu la main. Je l’ai prise. Nous nous sommes félicités d’être là, avec lui, en ce jour du début de tout. » 

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Jeudi 29 juin 2023

Hier, jour d’aïd, tout à fait ordinaire ici à Belfast. Nous prenons une Baklaoua à défaut d’une brochette de Melfouf chez un restaurateur palestinien au cœur de Belfast, dont le nom de la boutique se nomme, comme il se doit, Eddirah. J’ai peut-être forcé un peu, mais j’ai associé son nom à ce jeune palestinien, Mohamed al-durah, tué par la horde de l’armée israélienne le 30 septembre 2000. Le patron ne m’a rien dit de contrariant. Belfast est divisée en plusieurs quartiers dont Shankill, Gaeltacht, Queen’s, Cathedral Eastside, Titanic, Divis… Nous n’avons pas pu tous les visiter, mais ceux de City Hall, de Titanic, de Cathedral et de Divis (ouest), nous les avons bien arpentés de long en large. En deux mots, le Titanic, dont il est beaucoup question ces jours-ci (et qui a coulé en 1912) a été construit ici. Vous comprendrez que toute une industrie du commerce de ce paquebot soit mise en place dans cette ville voir cette construction, en 3000 toiles métalliques, qui symbolise la proue du paquebot et la compagnie, ainsi que la sirène du paquebot reproduite à l’identique juste devant.

Un égaré vendeur de frites, admirateur (est-ce sûr ?) de Poutine s’est mis sur notre chemin…. Alors, va pour une photo souvenir. Des photos il y en eut beaucoup, mais nous ne pouvons toutes les afficher.

Nous nous sommes rendus dans les quartiers de lutte des années IRA. Nous avons traversé Castel street, Devis street et Falls road. De longues façades proposent des fresques du combat des républicains, qui n’était pas quoi que l’on dise, un combat religieux. Je n’y crois pas. Les traces sont très nombreuses, l’atmosphère complètement pacifiée. Dieu merci. Les héros le demeurent quoi que l’on fasse. Les identiques combats ailleurs dans le monde pour la liberté, notamment palestiniens, sont très fortement présents ici.

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Lundi 03 juillet 2023

Vendredi nous sommes arrivés à Derry. Une très belle ville d’une centaine de mille d’habitants. Longtemps elle a été appelée « Londonderry » au grand dam des locaux. Elle est traversée par la « River Foyle ». Le temps est pourri (pluie abondante, par intermittence avec le soleil…) et les gens sont en T shirt, en short, en chemise courte, en sandales, alors que nous sommes en manteau, pull, parapluie…et tout le barda… Il fait quand même moins de 18 degrés ! (ah Marseille, Marseille, tu nous manques !)

Un grand pont piétonnier (et pour les deux roues) construit pour réconcilier les deux populations Protestante et catholique, enjambe la rivière Foyle. Il forme un immense « V ». Comme à Belfast, tout un quartier garde les traces des années noires. De grandes fresques ornent les boulevards et les immeubles alentour. Mais il y a également des quartiers qui ont soutenu l’armée britannique, ce sont les « loyalistes » (photo « Londonderry West Bank Loyalists)…Nous avons visité le « Muséum Free Derry » ainsi que les monuments dédiés à la structure dite « H » de la prison de Long Kesh où furent emprisonnés les dix combattants de l’IRA durant de nombreux mois, morts des suites d’une longue grève de la faim en 1981. L’amitié entre l’Irlande et la Palestine est, ici aussi, hautement revendiquée, ainsi que la réunification avec l’Irlande « européenne ». La pratique religieuse est (me semble-t-il) assez répandue, les églises sont remplies (MAIS LA DISCRÉTION EST LA RÈGLE). Et même dans la rue on peut assister à des prières (photo), sans besoin de tintamarre… Aucune récupération idéologique, politique… n’est possible. Les Irlandais ont un haut niveau de culture générale. Nous avons assisté à un festival de musique à l’occasion de l’ouverture du mois de juillet… Une autre fois (peut-être) je vous parlerai du comportement (incroyablement civique) des conducteurs automobiles alors que nous n’avons à ce jour pas vu la tête d’un seul policier, gendarme… Une autre fois (peut-être).

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Mardi 4 juillet 2023

Nous sommes en Irlande dans le Connemara (au sud de Leenaun à l’extrême ouest de Dublin). Irlande, pays des géants Joyce, Wilde, Service, Shaw et Beckett notamment et évidemment. Et, comment dire, comme demain c’est un grand jour pour les Algériens – 5 juillet, rendez-vous compte ! (61 ans d’ indépendance !)– j’ai pensé à ce poème de Beckett (écrit directement en français) que je reprends autrement, dans la bouche de Fadia la narratrice, dans un de mes livres, parus en 2012, « La folle d’Alger ».

Je vous donne à lire un extrait de Comment dire de Beckett, puis à lire, voir, supposer un extrait de mon roman, celui de l’expression de la folie de Fadia…

« Comment dire : folie — folie que de — que de — comment dire — folie que de ce — depuis — folie depuis ce — donné — folie donné ce que de — vu — folie vu ce — ce — comment dire — ceci — ce ceci — ceci-ci — tout ce ceci-ci — folie donné tout ce — vu — folie vu tout ce ceci-ci que de — que de — comment dire — voir — entrevoir — croire entrevoir — vouloir croire entrevoir — folie que de vouloir croire entrevoir quoi — quoi — comment dire —… » (S.B.)

« On entend un bruit sec. Peut-être celui de la chute du micro ou du magnétophone qui continue toutefois d’enregistrer. Une voix dans l’appareil s’excite. Les paroles sont peu audibles. Sur fond de commentaires de la télévision on devine ces mots: « tu es au courant… tu sais… est-ce que tu sais ? » Fadia rit à gorge déployée et crie « j’ai entendu, oui j’ai entendu, louange à Dieu, Seigneur de l’Univers ! » On discerne difficilement « ta fille… ta fille… naissance… garçon appelé Amine… Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce qu’on entend ?… Allô, je viens te chercher !… » On entend des bruits de pas, rapides, lourds. Ils sont ceux de Fadia. Puis un autre bruit sec, lourd, accompagné d’un gémissement et d’une prière. Elle a dû glisser.

Fadia pleure, gémit, répète plusieurs fois: « el- hamdou lillahi rabbi el-alamine, » Louange à Dieu Seigneur des mondes, Louange à Dieu Seigneur des mondes. La prière est suivie d’un youyou étrange qui déchire pauvrement l’air. On entend des va-et-vient, comme des portes qui s’ouvrent et se ferment. Elle dit: « Mon fils, mon petit-fils, Amine! » Et toujours les commentaires identiques de la télévision: « akadet wassaïlou eldjazaïria qtiyel el-aqid Ali Cheklal el-moussemma Samir… » Et Fadia qui fredonne étrangement : « kifech n’qol, la vigne a perdu ses feuilles. Kifech n’qol, comment dire que, demain, dire que demain, Houda, demain, toi, demain toi Houda, ton frère Amine, 3023 jours, où est ton frère, toi demain, Houda. Mon petit-fils Amine. La vigne a perdu ses feuilles, elle les retrouvera bientôt. » Elle semble lire, peut-être improviser, joyeuse. Elle répète « demain, comment dire que, comment dire, ton frère Houda, 3023, tu es la vigne, ton frère la feuille. Je n’ai pas de haine, non, je suis heureuse, je suis heureuse.

Non je n’ai pas de haine. »

Et de nouveau des portes qui s’ouvrent et qui claquent. Et de nouveaux youyous étranges, de nouveau étranges. Les pas s’éloignent puis reviennent. Fadia semble danser maintenant. On entend « allô, allô ? » Et la cadence des pas, le claquement des doigts, des mains, qui marquent le rythme de la chanson. On entend Idir et Fadia qui l’accompagne :

Ayefk agimners isqaâdas afus a lalla

Yebwid asalas sakham ella j’duda

Aya Azwaw sou mendil awragh

La la la lalla la la

Aya Azwaw sou mendil awragh

La la la lalla la la … »

Mercredi 5 juillet 2023

Autour du Connemara (Clifden), Irlande- 05.07.2023

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11 juillet 2023

Nous sommes à Portlaoise ET IL PLEUT, IL PLEUT !

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Chères langues !

Chères langues !

Parlons langues. Nous sommes au Royaume Uni et en Irlande (précisément aujourd’hui à Portlaoise dans le Comté de Laoise. En gaélique on dit « Port Laoighise » (bonjour Lahouari !) Le gaélique est parlé en Écosse et en Irlande du Nord (une variante, le scot d’Ulster). Le Gallois en Pays de Galles. Dans toutes les régions l’anglais et certaines de ces langues (selon les régions) sont officielles. En Irlande la langue anglaise est « auxiliaire » du gaélique (irish) qui est LA première langue officielle et obligatoire à l’école primaire. Ces langues du peuple sont partout (chacune dans sa région, parfois elles traversent plusieurs d’entre elles). Ces langues, partout reconnues, sont utilisées non pas CONTRE, contre l’anglais qui lui est presque partout officiel, pas même contre leurs gros méchants colonisateurs anglais (1800- 1921)ou contre je ne sais quoi ou qui, mais de fait. Elles sont une réalité vernaculaire, de fait. Le celte et le gaélique existent depuis plusieurs milliers d’années avant JC, cinq à sept ou 8000 ans. Personne n’oserait y mettre le moindre grain de sel, ou de division. Ces langues, officielles ou non, sont partagées dans la vie quotidienne, que ce soit dans les médias (Télé, journaux, radios…) sur le fronton des offices publics, mais aussi dans les marchés, les commerces, dans les stades, les écoles, les cafés… partout à côté de l’anglais. On utilise même tantôt l’anglais, tantôt sa langue (ou son autre langue) maternelle. Et nulle part le gaélique ou une autre langue maternelle ne constitue un obstacle pour quiconque, pas même au niveau des panneaux de signalisation ! (photos)

Toutefois, la pratique de ces langues, même si elle résiste comme elle peut, est de plus en plus (passivement) concurrencée par l’anglais qui s’impose presque « naturellement » dans toutes les strates de la société du fait des techniques et du monde tel qu’il va. Comme dans le monde entier. Mais ces langues premières résistent disais-je grâce à des hommes comme Mairtin O Cadhain dans le Connemara, grand défenseur de la langue des Gael ses ancêtres (photo).

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9 juillet

Un extrait de Oscar Wilde sur l’Art et 2 photos de barques…

« Un artiste est un créateur de belles choses. Révéler l’Art en cachant l’artiste, tel est le but de l’Art. Le critique est celui qui peut traduire dans une autre manière ou avec de nouveaux procédés l’impression que lui laissèrent de belles choses. L’autobiographie est à la fois la plus haute et la plus basse des formes de la critique. Ceux qui trouvent de laides intentions en de belles choses sont corrompus sans être séduisants. Et c’est une faute. Ceux qui trouvent de belles intentions dans les belles choses sont les cultivés. Il reste à ceux-ci l’espérance. » 

Oscar Wilde- Le portrait de DORIAN GRAY

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Vendredi 14 juillet 2023

Fêt-nat ? alors, à nous deux (trois) Dublin !, à nous Baile Átha Cliath ! Trois ou cinq jours n’y suffisent pas. Pas plus sept ou dix. Une grande ville plutôt calme pour une capitale. Un million et demi d’habitants quand-même. La pollution est toute relative et les embouteillages idem. Le soir, disons vers 17-18 heures, les cafés et les bars/restaurants se remplissent. Le cœur palpitant de la ville est sans doute le très jeune et remuant quartier de Temple-bar (rénové, anciennement dit-on « malfamé ») et ses chanteurs de rue et ses bars remplis de Guinness brassée dans la ville-même (photo).

Nous avons hâte, comme le Bloom de Joyce, de parcourir les quartiers presque sans but (inexact) en marchant. Le max. Nous avons l’habitude. De O’Connell Street à Custom House quarter. De Saint Stephen’s Green à Old City, pour finir – évidemment – à Temple-Bar, les pieds en compote. Mais je ne peux non plus faire l’impasse du célèbre Dalymount Park le poumon (en cours de modernisation et d’agrandissement, pendant deux ans encore) du non moins fameux club très engagé des Bohemians FC de Dublin. On a commencé dans le centre de la ville par la mairie et le château qui la jouxte. Sur la O’Connell Street, de très nombreux bus à impériale vont et viennent sans discontinuer entre le monument du dit personnage historique au Musée des écrivains et la tour Parnell (dédiée au nationaliste Charles Stewart Parnell). Nous sommes passés devant la statue de James (Jim) Larkin (1874- 1947) un des fondateurs du parti Labour irlandais (avec James Connolly et William O’ Brian). J. Larkin et sa célèbre reprise de la Boétie (1530- 1563) : « Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : Levons-nous ! » (en remplaçant « tyrans » par « grands » (erreur ?) La Boetie (1530- 1563) a précisément déclaré : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

Sur la Liffey River qui traverse Dublin d’est en ouest, à hauteur du quai Custom House, une scène poignante de familles à l’époque de la « Grande Famine » (1845 à 1852), les visages émaciés, les regards vides comme hallucinés fixant l’infini et désespérant Ciel. Plus loin une réplique du célèbre bateau « Jeanie Johnston Famine Ship ». Nous avons pris le pont Samuel Beckett qui a la forme d’une harpe, situé à quelques centaines de mètres de là. Magnifique.

Entre le mémorial de la Famine et le pont, on a gravé cette déclaration de Joseph Wresinski, un des fondateurs de ATD quart Monde et initiateur de la lutte contre l’illettrisme (photo) ô combien actuelle :

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré… »  Au Saint Stephan’s Green des animateurs (ou guides ?) transmettent à des jeunes cette mémoire de la Famine irlandaise (et ses conséquences migratoires etc.)

Bien évidemment nous ne pouvions rater le Centre Joyce et le Musée de la littérature irlandaise. (de nombreuses de photos) et dans la foulée ne pas remercier les guides qui nous ont accompagnés étage après étage. Comme nous ne pouvions passer à côté du Merrion Square (il y avait – coincidence- une belle fête avec stands « kebbabs », « falafels »…) et le mémorial dédié au frasque Oscar Wilde.

Sur notre chemin, nous sommes passés devant le Palais du gouvernement au moment ou un fonctionnaire quittait son emploi sur son vélo.

Nous sommes rentrés sur les genoux après un verre au « Busquers » dans le quartier… Temple-bar, évidemment. On ne quittera pas Dublin (ou l’Irlande) sans mettre en avant la sympathie des Irlandais, toujours disponibles et leur conduite automobile extrêmement zen (ils ralentissent au passage des piétons en ralentissant à plus de trois mètres du dit-passage !) Au Musée littéraire les employées se sont pliées en quatre pour nous donner le maximum d’informations sur les auteurs Irlandais, sur leur vie, leurs œuvres…  Mais on quittera ce pays avec soulagement, s’il n’était question ici que du temps : exécrable. Pluie, sur pluie tout le temps 25 heures sur 24. Sans oublier le vent parfois.

Nous n’avons pas compris leur insistance à s’habiller léger avec des temps pareils !

Pour finir je voudrais vous offrir cet extrait de Ulysse de Joyce, c’est un monologue de Mrs Bloom, Pénélope… Unmonologue de 40.000 mots sans ponctuation (qui commence et finit par « Oui » un « Oui femelle » ) qui restituent le flux de conscience de Mrs Bloom, étendue sur son lit, cherchant le sommeil qui ne vient pas. Le monologue commence en page 1057(Gallimard/Folio) pour s’achever en page 1135, soit 79 pages sans une seule ponctuation. Un flux.

PENELOPE

Oui puisque avant il n’a jamais fait une chose pareille de demander son petit déjeuner au lit avec deux œufs depuis l’hôtel des Armes de la Cité quand ça lui arrivait de faire semblant d’être souffrant au lit avec sa voix geignarde jouant le grand jeu pour se rendre intéressant près de cette vieille tourte de Mme Riordan qu’il pensait être dans ses petits papiers et qu’elle ne nous a pas laissé un sou tout en messes pour elle et son âme ce qu’elle pouvait être pingre embêtée d’allonger huit sous pour son alcool à brûler me racontant toutes ses maladies elle en faisait des discours sur la politique et les tremblements de terre et la fin du monde payons-nous un peu de bon temps d’abord et quel Enfer serait le monde si toutes les femmes étaient de cette espèce-là à déblatérer contre les maillots de bain et les décolletés que bien sûr personne n’aurait voulu la voir avec je suppose qu’elle était pieuse parce que aucun homme n’aurait voulu la regarder deux fois j’espère bien que je ne serai jamais comme ça c’est étonnant qu’elle ne nous ait pas demandé de nous couvrir la figure mais tout de même c’était une femme bien élevée et ses radotages sur M. Riordan par ci et M. Riordan par là je pense qu’il a été content d’en être débarrassé et son chien qui sentait ma fourrure et se faufilait pour se fourrer sous mes jupes surtout quand d’ailleurs j’aime assez ça chez lui malgré tout qu’il soit poli avec les vieilles dames comme ça et les domestiques et les mendiants aussi il n’est pas fier parti de rien mais quelquefois si jamais il attrapait quelque chose de grave c’est bien avons manqué le bateau à Algésiras le veilleur qui faisait sa ronde serein avec sa lanterne et O cet effrayant torrent tout au fond O et la mer écarlate quelque fois comme du feu et les glorieux couchers de soleil et les figuiers dans les jardins de l’Alameda et toutes les ruelles bizarres et les maisons roses et bleues et jaunes et les roseraies et les jasmins et les géraniums et les cactus de Gibraltar quand j’étais jeune fille et une Fleur de la montagne oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles Andalouses ou en mettrai-je une rouge oui et comme il m’a embrassée sous le mur mauresque je me suis dit après tout aussi bien lui qu’un autre et alors je lui ai demandé avec les yeux de demander encore oui et alors il m’a demandé si je voulais oui encore oui dire oui ma fleur de la montagne et d’abord je lui ai mis mes bras autour de lui oui et je l’ai attiré sur moi pour qu’il sente mes seins tout parfumés oui et son cœur battait comme fou et oui j’ai dit oui je veux bien Oui

ahmedhanifi@gmail.com

Dublin, 14.07.2023

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19 juillet 2023

Les danses de la Mer…

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