« Assises nationales du Hirak » ce 8 mai à Kherrata.

APPEL de « RAJ » pour la tenue des Assises nationales du Hirak ce samedi 8 mai à Kherrata.

Un appel est lancé par l’association « Rassemblement Action Jeunesse » dont le président accorde un entretien à El Watan ce jour (lire plus bas).

Allez, je le dis sans prendre de gants, c’est du cash. Pour la réussite d’un quelconque rassemblement ou projet, il est impératif de se départir de son égo, de son arrogance et de son surplomb, hélas trop prégnants chez nos « élites », chez nos « intellectuels », que je désignerais plus justement, nos amis follement médiatiques. Un peu de bagout et un paquet de like et les voilà survolant sur un tapis, portés par une gloire éphémère oubliant voisins, camarades et échanges, ne répondant aux interrogations que par leur assurance, leurs certitudes à prendre ou à laisser. Cela frise la puérilité. Il faut que cela cesse si l’on veut la réussite de tous face à l’entêtement de ce pouvoir que l’on a cru l’année dernière avoir battu et qui plus que jamais a ressuscité encouragé par l’opportunisme de certains, par l’erreur d’autres et par la bénie Covid. Le pouvoir est décidé de mener à terme son recyclage idéologique, notamment par les élections législatives de juin prochain. Disons NON au recyclage, NON aux élections dans l’opacité et la violence et le même personnel politique. 

Plus que jamais le Hirak doit s’organiser et faire des propositions de sortie du marasme politique..

ah.

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EL WATAN, lundi 3 mai 2021

Propos recueillis par : Iddir Nadir

Entretien

Abdelouahab Fersaoui. Président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) : 

«La conférence nationale du hirak rapprochera les visions des acteurs du mouvement»

Dans l’entretien qu’il a accordé à El Watan, le président du RAJ revient sur les objectifs assignés à la rencontre nationale de «concertation» du hirak à laquelle il a appelé. «Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de capitaliser les deux ans du mouvement populaire, de nous rencontrer, d’échanger pour pouvoir rapprocher les visions des acteurs et des forces du hirak restés fidèles, créer des jonctions et des synergies. Nous avons pratiquement tous le même objectif, mais chacun l’exprime à sa manière», souligne-t-il.

°Dans un texte publié sur votre page Facebook, vous appelez à une «rencontre nationale de concertation du hirak», le 8 mai prochain à Kherrata (Béjaïa). La rencontre devrait permettre de faire «face aux manœuvres du pouvoir» et favoriser la mise en place d’un consensus politique ? Pourriez-vous nous en parler davantage ?

La troisième année du hirak doit être politique par excellence, car le retour des marches est important, voire indispensable pour maintenir la pression pacifique dans la rue, mais il est insuffisant. Le pouvoir joue la montre, sur l’usure et nos discordes, sans oublier le côté social qui impacte le quotidien des Algériens et Algériennes. Nous sommes à la croisée des chemins : il faut donner un prolongement politique aux slogans exprimés chaque vendredi et mardi par les hirakistes à travers une feuille de route consensuelle. 

Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de capitaliser les deux ans du mouvement populaire, de nous rencontrer, d’échanger pour pouvoir rapprocher les visions des acteurs et des forces du hirak restés fidèles, créer des jonctions et des synergies. Nous avons pratiquement tous le même objectif, mais chacun l’exprime à sa manière. Il est temps de construire des compromis et de se mettre d’accord sur une démarche rassembleuse bien claire qui va rassurer le hirak et lui donner un nouveau souffle.

Il s’agit d’une proposition d’une première rencontre de concertation du hirak qui sera sûrement suivie par d’autres : le contenu et le format seront l’œuvre d’un travail collectif. Le choix de la ville de Kherrata est important pour sa symbolique historique, révolutionnaire et hirakiste, c’est une ville rassembleuse qui a, à mon avis, la capacité d’abriter une telle rencontre, notamment dans le contexte actuel. 

D’autres rencontres vont suivre, elles peuvent être organisées dans d’autres villes aussi symboliques, comme Khenchela, Oran, Alger… si les conditions sont réunies. Concernant la date, il est important de travailler l’idée et la mûrir même au-delà du 8 mai prochain.

°Quel écho a reçu l’appel parmi les militants et activistes du mouvement populaire ?

L’écho est très positif, je n’ai pas vu d’attaques contre l’idée, beaucoup d’activistes soutiennent la proposition. Il y a des questionnements très légitimes exprimés par certains militants et dynamiques sur le contenu et le format. 

Pour cela, je saisis l’occasion pour dire qu’il ne s’agit pas d’une initiative bien ficelée, au-delà de son caractère «première rencontre nationale de concertation», son contenu et la forme doivent être travaillés collectivement. On doit tous conjuguer nos efforts pour réussir une telle rencontre et amorcer ce processus de concertation dans le hirak. Même du côté de la ville de Kherrata, les hirakistes de la région sont motivés, d’ailleurs même eux avaient déjà l’idée et travaillent là-dessus. 

Actuellement, le hirak est dans l’attente d’un horizon politique, personnellement je le vois dans chaque marche où les manifestants-es expriment leur inquiétude sur l’avenir : «Les marches sont revenues, et après ?» entend-on dire.

Je considère que pour le moment, la conférence nationale du hirak est la voie la plus efficace pour donner un nouveau souffle au mouvement et concrétiser son objectif, le 8 mai prochain à Kherrata peut être un point de départ d’un processus.

°Des initiatives politiques ont été lancées par le passé «sans produire, comme vous l’attestez dans votre texte, l’impact recherché dans la société». Pourquoi, selon vous ?

Pour moi, les initiatives lancées par le passé n’ont pas échoué, elles ont permis à des dynamiques partisanes, syndicales, associatives et à des militants de se rencontrer et de produire des documents très importants qui vont servir à l’avenir comme documents de base pour l’élaboration d’un autre document consensuel portant les aspirations du peuple. Ces initiatives n’ont pas pu produire l’impact recherché dans la société pour plusieurs raisons.

Premièrement, nous ne devons pas oublier ce que nous avions vécu, c’était un désert politique. Le pouvoir, notamment durant les 20 ans de règne de Bouteflika, a cassé et atomisé toutes les forces autonomes dans la société. 

Le hirak a permis aux Algériens et Algériennes de se libérer et renouer avec le politique, de se rencontrer et d’échanger et surtout de se découvrir. Pour tisser à nouveau les liens de confiance et aller vers un large rassemblement, cela demande un peu de temps. 

Deuxièmement, le mouvement populaire a connu la décantation que je considère positive, beaucoup de partis politiques, dynamiques de la société civile et militants ont rejoint le pouvoir, il y en a encore qui tiennent le bâton par le milieu. 

Troisièmement, il y a aussi une question d’ego qui bloque, malheureusement, à chaque fois le travail de rassemblement, pour cela, il est temps que chacun de nous fasse son bilan. Aujourd’hui, personne ne détient la vérité ni la solution tout seul, nous voulons une Algérie pour tous et vivre ensemble dans le respect de la pluralité, de la diversité et de la différence. L’élite restée fidèle au hirak est appelée à faire des efforts pour jeter les ponts, chercher des compromis pour une feuille de route consensuelle en faveur du hirak. 

°Le régime a rejeté ces rencontres organisées durant les premiers mois du hirak, et certains de ses initiateurs ont été emprisonnés. Une explication ?

Jusqu’à présent, le pouvoir n’a affiché aucune volonté politique pour le changement. Il continue son entêtement et sa politique du fait accompli pour maintenir le régime en place avec quelques replâtrages. Ce ne sont pas les initiatives qui manquent, mais le pouvoir les a refusées et même diabolisées. Il n’a jamais considéré le hirak comme un partenaire et une opportunité ; au contraire, il l’a considéré comme un adversaire à abattre.

°Par ailleurs, le même pouvoir maintient sa feuille de route électorale. Mais comme pour les précédents rendez-vous, les prochaines échéances sont rejetées par des partis de l’opposition démocratiques…

Le pouvoir fait de la diversion et vise à recycler le régime en optant pour un replâtrage politique de façade destiné à la consommation internationale sans changer les réflexes et les pratiques. L’agenda électoral a montré ses limites. 

Le prochain rendez-vous électoral prévu pour ce 12 juin sera un autre échec du pouvoir qui s’ajoute à celui du 12 décembre 2019 et du 1er novembre 2020. Les élections ne constituent pas une solution, notamment dans le contexte actuel. 

Il est à rappeler que l’Algérie a connu depuis le pluralisme politique en 1989 des dizaines d’élections à tous les niveaux sans qu’il y ait le changement souhaité, la démocratie ne se résume pas à l’acte de mettre le bulletin dans l’urne, c’est un exercice permanent de la citoyenneté, des libertés et des droits.

°La répression s’est intensifiée ces derniers jours avec des dizaines d’interpellations, des gardes à vue et des placements en détention provisoire qui ont touché des activistes du hirak. Y a-t-il une explication à ce qui s’apparente à un nouveau tour de vis sécuritaire ? Les prochaines élections expliquent-elles ce nouveau cycle de répression ?

L’escalade de la répression que nous connaissons ces derniers jours est grave, inadmissible et même dangereuse. Le pouvoir est atteint d’une schizophrénie politique, il fait le contraire de ce qu’il déclare. Au moment où il consacre plusieurs articles dans le chapitre «Liberté et droits» de la nouvelle Constitution, il réprime les marches, interpelle et emprisonne arbitrairement des activistes pour leur opinion, des journalistes pour leur travail, mais aussi des universitaires et des intellectuels. 

Il harcèle judiciairement les partis politiques de l’opposition et les associations autonomes, il ferme le champ politique et l’espace public et il verrouille le champ médiatique. Avec cette approche sécuritaire et fuite en avant, le pouvoir prolonge la crise profonde et l’aggrave davantage. 

Cet entêtement renforce la rupture des Algériens et des Algériennes, fragilise ce qui reste des institutions de l’Etat, menace l’unité et la cohésion nationales et expose l’Algérie et la mène droit dans le mur. Le pouvoir doit faire aussi son bilan, cette approche sécuritaire et répressive pour faire passer ses élections n’ont pas pu faiblir la mobilisation populaire pacifique deux ans durant et ne va pas arrêter les Algériens et les Algériennes dans leur quête de liberté et de souveraineté, car les raisons qui ont fait sortir des millions d’Algériens dans les rues sont toujours d’actualité, et ça peut rebondir à tout moment. 

Le pouvoir est plus que jamais interpellé à cesser son entêtement et saisir l’opportunité du hirak pour amorcer un véritable processus de changement démocratique et pacifique du régime, le coût du changement du régime est beaucoup plus inférieur au coût de son maintien.  (AH : « plus inférieur » ?)

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Marche et rencontre «consultative» du Hirak le 8 mai prochain à Kherrata 

 

La rencontre des forces du hirak à Kherrata, à laquelle a appelé le président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui, se précise. Samedi soir, un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux a appelé «l’ensemble des citoyens à l’échelle nationale à participer massivement à la marche qui aura lieu le samedi 8 mai, et qui sera suivie d’une rencontre consultative préliminaire avec toutes les forces du hirak, s’inscrivant dans la rupture avec le système en place». 

Fersaoui revient sur l’initiative de tenir les «assises de concertation» du hirak, à l’occasion du 76e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, pour permettre au mouvement populaire de se doter d’une «feuille de route consensuelle». 

Fersaoui souligne : «Aujourd’hui, personne ne détient la vérité ni la solution tout seul, nous voulons une Algérie pour tous et de vivre-ensemble dans le respect de la pluralité, de la diversité et de la différence. L’élite restée fidèle au mouvement populaire est appelée à faire des efforts pour jeter les ponts, chercher des compromis pour une feuille de route consensuelle en faveur du hirak.»

Il estime que le pouvoir est «plus que jamais interpellé à cesser son entêtement et saisir l’opportunité du hirak pour amorcer un véritable processus de changement démocratique et pacifique du régime, le coût du changement du régime est beaucoup plus inférieur au coût de son maintien».

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