« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl

12.18

« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl- vendredi 8.12.2023- 12/18

Plus Hayy observait, plus il découvrait, comprenait, plus il s’interrogeait. En étudiant individuellement chacune des formes qu’il connaissait, il a vu qu’elles sont toutes produites et que par conséquent elles ont toutes un Auteur, un agent, ou une cause. Toute chose s’explique selon quatre causes, disait Aristote (La Nature/Physique, chap. II), la forme en est une avec la cause matérielle, efficiente et finale. 

Les essences des formes écrit Ibn Thufaïl ne sont « rien de plus qu’une disposition du corps » à créer des mouvements comme par exemple l’eau qui, après avoir chauffé, se dirige vers le haut. « Cette disposition c’est sa forme, car il n’y a là qu’un corps, et certaines choses (des qualités et des mouvements) que perçoivent les sens ainsi que les causes efficientes qui les produisent ». Il en était de même de toutes les formes. Hayy voyait que ces actes qui naissaient des formes ne leur appartenaient pas, mais « à une cause efficiente qui produit par elles les actes qui leur sont attribués » (Fāîlo yefāl biha el-afāl el-mensouba ilaïha). Et Ibn Thufaïl de procéder à un rapprochement entre cette idée de Hayy et ces paroles (hadith qodsi) qu’exprima le Prophète Mohammed (S) : « Je suis l’ouïe par laquelle il entend, et la vue par laquelle il voit. » Il vint à l’esprit de Hayy d’approfondir cette notion, cette idée générale et confuse » (Quatremère « Le philosophe sans maître »), de mieux la connaître.

Il s’est mis à chercher parmi les objets du monde sensible qu’il n’a jamais abandonné, cet agent, cette idée générale et confuse. Il s’intéressa d’abord à tous les corps qui l’environnaient et qu’il avait toujours étudiés. Tous naissent, et tous disparaissent, périssent totalement ou partiellement : le feu, l’eau, la terre, l’air. Il fit pareil avec tous les autres corps qu’il trouvait. « Il ne voyait aucun qui ne fut produit par un agent ». Hayy entrait dans sa 29° année. « Il reconnut que le ciel et tous les astres qu’il contient sont des corps. » Il se demanda si ces corps célestes sont finis ou bien si leur étendue est infinie (l’espace). Ibn Thufaïl, par l’intermédiaire de son personnage, procède à une démonstration sur « l’absurdité d’un infini réel » qu’il emprunte à Ibn Sina écrit Léon Gauthier (op. cit.) Hayy se rend compte qu’un corps sans limites est « absurde, impossible, inconcevable. »

Lorsqu’il eut la certitude que le corps céleste est fini, il voulut connaître sa forme et ses limites. Il étudia le soleil, la lune et les autres astres jusqu’à atteindre à un degré élevé de la science. Il avait la conviction que comme le corps animal « la Sphère céleste est comme un objet unique dont les parties forment un tout. » Hayy ne cessait de gravir les hauteurs de la connaissance. Il se demanda ensuite si le monde, dans son ensemble, est une chose qui a surgi de rien, qui avait un commencement ou alors une chose éternelle, qui a toujours existé (le temps). 

« Toute la première partie des deux Tahafot (Incohérence), celui d’El Ghazali (Tahafot al falasifa) et d’Ibn Rochd (Tahafot at tahafot), est consacrée à la discussion, très étendue et très approfondie, du problème de l’éternité du monde, » écrit le traducteur, Léon Gauthier. « Toute la première partie des deux Tahafot, celui d’El Ghazali et d’Ibn Rochd, est consacrée à la discussion, très étendue et très approfondie, du problème de l’éternité du monde, » écrit le traducteur, Léon Gauthier. Les ouvrages en question sont, pour El Ghazali « Tahafot al falasifa » (Baghdad 1095) et pour Ibn Rochd « Tahafot at tahafot » (Andalousie 1179), écrit en guise de réponse et de « réfutation systématique ». 

(à suivre)

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