« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl

« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl- mercredi 6.12.2023- 10/18

Après les animaux et les végétaux,  « le philosophe autodidacte » étudia les corps insensibles, qui ne se nourrissent ni ne croissent : feu, eau, terre, air (feta).Vus d’un certain biais, « il lui parut que ces corps ne font qu’un en réalité et qu’il en est de leur multiplicité comme celle des plantes et des animaux ». 

Hayy examina tous les corps vivants ou inanimés (jami’ el-ajsām hayyouha wa jamādouha) et il s’aperçut que les uns, comme la fumée (corps léger), tendaient vers le haut alors que d’autres, comme l’eau, une pierre (corps lourds), se présentaient vers le bas. Et rien ne peut empêcher le mouvement de ces corps sinon un obstacle. À ce niveau de son exposé, Ibn Thufaïl s’adresse directement à son « frère généreux, sincère, affectionné… » Il lui donne des exemples comme celui d’une pierre : « quand tu (la) soulèves, tu sens qu’elle te résiste, de toute la force avec laquelle elle tend vers le bas et cherche à descendre. » Hayy ne rencontra aucun corps qui fût dépourvu de l’une ou l’autre de ces deux propriétés, la pesanteur ou la légèreté. L’essence de ses deux propriétés est composée de deux attributs, le premier leur appartient en commun (c’est l’attribut de corporéité), le second les distingue l’une de l’autre. C’est cet attribut « qui fait que chacun des deux n’est pas l’autre », autrement, sans ce second attribut « ils ne seraient qu’une seule et même chose à tous égards. » Hayy examina tous les corps inanimés et vivants. Il vit que leur essence est composée d’une corporéité et de quelque chose d’autre. Il lui parut que l’esprit animal (logé dans le cœur) doit avoir aussi un attribut en plus de sa corporéité. Cet attribut est sa forme, son âme animale. « C’est ainsi que Hayy s’élève à la notion (aristotélicienne) de forme », écrit le traducteur.

Les plantes quant à elles possèdent « une âme végétative ». De même pour les corps inanimés. Hayy se saisissait de la préoccupation non par ses sens, mais « par un certain mode de spéculation intellectuelle. » Le monde spirituel se révélait à lui pour la première fois. Rien ne pouvait freiner la propension de Hayy à la compréhension du monde. Comme il l’a expliqué pour les propriétés de pesanteur et de légèreté, Ibn Tufayl écrit que l’esprit animal qui se trouve dans le cœur doit avoir un attribut, une qualité qui est à la source de toute sensation, d’opération représentative, de mouvement. Un attribut « qui est sa forme la plus spécifique, il est l’âme animale », enefs el-hayawāniya, et non plus « l’esprit animal », errouh el-hayawāni.

(à suivre)

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