« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl

« Hayy ben Yaqdhân » d’Ibn Thufaïl- lundi 4.12.2023- 8/18

Sa curiosité naturelle le poussait à élargir ses observations. Il se mit à examiner toutes sortes d’animaux et de plantes de l’île. Il ne rencontra aucun être semblable à lui. Il ne lui vint pas à l’idée qu’il y avait une autre terre que cette île.

Un jour le feu se déclara « par voie de frottement ». Hayy s’en approcha et lorsqu’il tenta de s’en emparer « il lui brûla la main ». Il eut l’idée de prendre un bout de bois partiellement consumé jusqu’à son abri. Le feu lui faisait du bien. Il lui tenait compagnie, « il remplaçait la lumière et la chaleur du soleil ». Comme les flammes se dressaient toujours vers le ciel, Hayy « acquit la conviction que le feu était du nombre des substances célestes qu’il apercevait ». Il expérimentait les flammes sur différents objets, coquillages et autres animaux marins. Il appréciait leur goût qu’il découvrait. Aussi, il étendit ses expériences aux animaux terrestres comme les oiseaux et prit l’habitude d’en manger la chair.

Il en vint à penser que la chose disparue de la gazelle, qui l’abandonna, cette chose, « cette grande chaleur qu’il ressentait en lui-même », est de nature identique au feu ou très proche. 

Il poursuivit ses expériences et prit un animal vivant qu’il disséqua. Son cœur était rempli « d’une vapeur chaude, d’un air semblable à un brouillard blanc ». Hayy ressentit dans ses doigts une ardente chaleur. Il se posa tant de questions, se demanda comment les animaux recevaient cette vapeur chaude dont il était certain qu’elle est le moteur de la vie. Elle est l’âme ou l’esprit dont le rôle « dans le gouvernement du corps » de l’animal est semblable à celui de l’homme. Ibn Thofaïl utilise ce terme de « rouh » (arwah, rouhani) dans le sens d’âme ou d’esprit (esprit animal) chez tout être animé. Hayy eut la conviction que « tout individu d’entre les animaux est un, grâce à cet esprit, qui a pour origine un centre unique » distributeur aux différents organes qui en dépendent et qui sont « ses serviteurs, ses instruments ». 

Selon les fins on utilise le nez, les membres, l’œil… dont la fonction est l’odorat, le mouvement, la vision… Ces fonctions ne sont possibles que grâce à « des conduits qu’on appelle nerfs » qui se nourrissent (directement ou non) du cœur. Dès lors que le conduit est « obstrué ou coupé », l’action de l’organe correspondant cesse. « Le corps tout entier devient inerte et tombe dans l’état qui est la mort. » Hayy achevait sa 21° année. Il se perfectionnait dans tous les domaines : habitat, chasse, vêtements en imitant mieux les animaux. Enfin, il réussit à domestiquer chevaux, ânes… qui décuplèrent toutes ses possibilités.

Il effectua d’autres recherches sur « tous les corps de ce monde de la génération et de la corruption » : les animaux, les minéraux, la terre, l’eau, la neige, la flamme… Le vocable ‘‘corruption’’ est à entendre au-delà du sens commun (encore que…) la corruption comme « une altération progressive et inéluctable des êtres naturels. » D’abord Hayy s’aperçut qu’ils étaient constitués de divers propriétés, modes d’action et mouvements (changements). Il vit qu’ils possédaient des caractères communs et d’autres différents. Les premiers ne font qu’un et les seconds sont multiples. Toutes choses dont il approfondit l’étude.

Tantôt il considérait dans les choses leurs particularités, tantôt il remarquait que ses propres organes, nombreux, étaient « tous joints les uns aux autres ». Ils formaient un ensemble unique, même si leurs fonctions étaient diverses. Diversité qu’ils recevaient de cet esprit mentionné en supra, « esprit qui constituait l’essence véritable ». Les organes n’étaient que des instruments.

(à suivre)

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