Élections en Algérie et commentaires, analyses…

8 JUIN 2021

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ALI BEN DRIS

ALGERIE

ELECTIONS LEGISLATIVES DU 12 JUIN 2021 

« Ok boomer ! » les opportunistes…

Nonobstant les quelques avancées politiques enregistrées par le formidable mouvement populaire du 22 février 2019 dont auraient pu profiter les travailleurs pour enclencher un processus de rassemblement et d’organisation afin de peser sur le cours des événements en tant que classe indépendante,

Nonobstant la multiplication des actions de protestation des citoyens excédés par la dégradation en continue de leurs conditions de vie et d’existence, et par l’incurie des autorités locales et nationales,

Nonobstant le développement des luttes sociales notamment dans la fonction et le secteur publics, et dans quelques entreprises privées où la présence de section syndicale est interdite (groupe Cevital à titre d’exemple),

Force est d’admettre que le temps n’est pas encore venu où le mouvement populaire imposera son identité ouvrière et ses propres aspirations démocratiques.

Cette réalité n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat de plusieurs décennies de libéralisme qui ont précipité le pays dans une crise permanente après la destruction de ses forces productives matérielles et humaines au profit d’une bourgeoisie rentière et d’une oligarchie immature, prédatrice et corrompue qui s’est hissée aux commandes d’une économie sans consistance productive, faite de bric et de broc et dominée par l’import-import, la spéculation immobilière et foncière, l’informel, etc., et d’une petite-bourgeoise opportuniste qui a prospéré dans un no man’s land économico-juridique dans lequel elle a su adapter sa voilure en fonction des événements qui ont marqué la vie politique du pays.

De plus, la reconfiguration géopolitique violente et chaotique qui s’opère dans le monde sous l’effet des contradictions inter-impérialistes, menace les États nationaux selon des agendas préalablement établis. Ainsi, à l’instar d’autres pays, l’Algérie après s’être émancipée de la tutelle coloniale, est désormais confrontée à la menace néocolonialiste. Car, en effet, de par ses richesses énergétiques et minières, et sa position géostratégique dans la région, le pays est dans la ligne de mire de la stratégie impérialiste globale de reconquête néocoloniale par le truchement du démantèlement des acquis nationaux arrachés par les luttes de son mouvement de libération nationale.

Pour ce faire, les États impérialistes occidentaux usent et abusent de la thématique droit-de-l’hommiste et, de plus en plus, de la thématique ruineuse de l’identitaire (et sa complainte victimaire) dans le but de piéger le pays dans les rets d’interminables tensions implosives entre identités religieuse, ethnique, régionale et nationale, et de supplanter les engagements émancipateurs qui ont façonné et uni des générations d’Algériens (et dans le monde).

C’est dans ce contexte improbable qu’a surgi le hirak qui, faute de direction révolutionnaire, s’est vite délesté de ses forces vives (les travailleurs et les masses populaires) pour se muer, au lendemain de la destitution de Bouteflika, en un mouvement antinational dominé par des forces extrémistes réactionnaires qui, à défaut de maintenir un statu quo qui préserverait les avantages obtenus par les oligarques et par la petite-bourgeoise opportuniste proche de la 3issaba, s’efforcent de déstabiliser le pays et ses institutions en appelant au rejet (sans succès jusque-là malgré l’emploi, dans certains cas, de violences verbales et physiques) des élections nationales. 

Il est donc impératif de se démarquer de cette attitude agressive et de ces méthodes fascisantes. La défense de l’État-nation est un enjeu de classe notamment dans un contexte de reflux de la lutte de classe. Dire cela, ne veut pas dire que c’est la nature libérale de l’État et du pouvoir qui a changé. C’est tout simplement rappeler la situation objective des classes sociales et la réalité du rapport des forces actuel. « Tant que vous n’avez pas la force de dissoudre le Parlement bourgeois et toutes les autres institutions réactionnaires, vous êtes tenus de travailler dans ces institutions précisément parce qu’il s’y trouve des ouvriers abêtis par la prêtraille et par l’atmosphère étouffante des trous de province; autrement, vous risquez de n’être plus que des bavards. », insistait Lénine.

Ainsi donc, les élections ne sont pas une fin en soi pour en faire une question de principe. Elles sont un moment politique conjoncturel et de rapports de forces. Elles renvoient à une conception de l’action politique réfléchie de sang-froid, inscrite dans le temps.

En l’espèce, même s’il est incontestable que la période que traverse l’Algérie est porteuse de réelles possibilités mais aussi de dangers, les élections législatives détermineront, en partie, la façon dont la politique du pouvoir s’appliquera, son degré d’ouverture ou de brutalité mais aussi le contexte politique dans lequel la classe ouvrière pourrait s’organiser et mener ses actions revendicatives et de reconstruction.

C’est pourquoi, abandonner ce terrain peut avoir de graves conséquences quand on observe comment les islamistes dits modérés et les modernistes libéraux occupent tous les espaces (politique, syndical, associatif) laissés vacants par les militants se prétendant démocrates, progressistes ou révolutionnaires qui croient, dur comme fer, que leurs cris d’orfraie et l’étalement de leurs humeurs sur les réseaux sociaux, est un acte politique mobilisateur.

La posture du rejet des élections, au prétexte de la « haine du pouvoir », est dommageable surtout pour la classe ouvrière qui sera de nouveau confrontée aux choix d’un gouvernement et d’une assemblée qui poursuivront les politiques libérales même enrobées de « social ». On le vérifiera au lendemain du 12 juin 2021. 

En attendant, « ok boomer ! » les ex-révolutionnaires convertis au libéralisme, les révisionnistes et les pseudos démocrates proches ou issus de la 3issaba, et les identitaires extrémistes inféodés aux cercles impérialistes, établis à Paris, Londres, Genève, Montréal et Rabat !

Adlène Meddi : très intéressante analyse : la mue du hirak aprés la chute de Bouteflika est un sujet peu analysé, quasi-tabousié par les relais porte-paroles (mais non représentants, n’est-ce pas) du Hirak. 

Ghania Mouffok : Adlène Meddi En tous cas le mérite de ce type d’analyse c’est de pouvoir identifier la matrice de pensée de son auteur qui se revendique de la gauche, et de Lénine, ses solidarités et ses detestations ce que j’appelle penser et faire de la politique, contrairement aux miévreries unitaires et aux groupes « d’acteurs et d’actrices » qui se proposent de « faire transition » « avec le système bien qu’illégitime », fi sabil Allah wa fi sabil El Watan, en « j’aime l’Algérie » mais pas trop les algériens et les algériennes si imprévisibles, cette masse indifférenciée ne devant « surtout pas s’organiser », ni voter, ni choisir mais ouvrant les portes « aux élus et aux élues » si lumineux sur Facebook et leurs médias – fermés mais si bien éclairés. Souvent je me demande: mais comment ont-ils pu penser, un seul instant, que cela « allait marcher »??? Quelle méconnaissance de leur société, quelle cécité; alors qu’elle venait de les convoquer à faire Hirak

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