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Le Salon du livre de Paris honore la francophonie

La 26° édition du Salon du livre de Paris – 17 au 22 mars 2006 – a innové. Habituellement chaque année c’est un pays qui est à l’honneur. Cette année c’est la langue française, « langue de partage », qu’elle soit maternelle ou seconde qui est célébrée.

Le Salon du livre a inauguré à cette occasion « les francofffonies ! le festival francophone en France », un événement qui s’étendra jusqu’au mois d’octobre 2006, date de naissance de Léopold Sédar Senghor un des maîtres de la littérature francophone dont on fêtera alors le centenaire de naissance.

Plus de 50 pays dans le monde sont membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) dont 30 en Afrique ; une dizaine d’autres, essentiellement des pays de l’ancienne Europe communiste sont observateurs.

Avec 16 millions de personnes qui parlent le français, l’Algérie est le pays qui compte la plus importante population francophone au monde (après la France). Le pays n’est cependant ni membre ni observateur de l’OIF.

Durant ce salon, une quarantaine d’écrivains francophones ont participé à la fête du livre en animant des débats littéraires, des conférences ou en dédicaçant leurs ouvrages. La moitié de ces auteurs sont venus de pays d’Afrique, d’autres d’Europe du Moyen Orient du Québec, des Caraïbes… Outre les auteurs francophones, des écrivains français dont la langue première n’est pas le français comme le Martiniquais Raphaël Confiant ou le Réunionnais Jean-Jacques Martial ont de même participé aux différents débats et rencontres. De nombreux thèmes furent développés comme la francophonie au féminin, Senghor aujourd’hui, la notion du bien et du mal dans la littérature…

La plupart des auteurs entendus, s’accordent à dire – avec des nuances – que la discrimination entre les littératures d’expression française n’est qu’artificielle, géographique. La question de la relation qu’un auteur entretient avec la langue française a entraîné des débats très intéressants, parfois vifs et passionnés. 

Un lien, mais pas total

Pour Raphaël Confiant « Il faut distinguer la francophonie  institutionnelle, ses grands colloques ses grandes messes et la pratique d’une langue  que j’aime beaucoup mais qui n’est pas ma langue première. La langue est un lien mais ce lien n’est pas total. Le souci premier qui est le mien et qui ne m’abandonnera jamais c’est qu’il ne faut pas que la langue française, cette belle maîtresse que j’aime, efface ce que je suis. Je suis un descendant d’esclave, je ne peux l’oublier. Je serai libre lorsque j’aurai inventorié l’Histoire et la littérature de mon peuple ». Pour Dany Laferrière,  » un auteur quel qu’il soit est libre dans le choix de ses thèmes, de son  style. Tout écrivain porte en lui un petit carré à l’intérieur duquel il joue, il jouit. La question de la littérature se pose quelle que soit la situation de l’écrivain « .

Ecrivains d’abord

Dans l’entretien qu’ils nous ont accordé les jeunes auteurs Noëlle Revaz (Suisse) et Guillaume Vigneault (Québec) ne comprennent pas : « Ma première surprise  c’est qu’on parle beaucoup ici de littérature française et francophone et pour moi c’est comme de dire ‘‘il y a les oranges et puis il y a les fruits’’. Je ne comprends pas cette distinction. Je crois qu’on est des écrivains de langue française. Etre écrivain c’est par définition s’extirper dans une bonne mesure des déterminants géographiques, historiques, politiques qui nous entourent, donc avant d’être des écrivains Québécois, Marocains ou Suisses, on est d’abord des écrivains. Cette distinction entre un centre et une périphérie paraît quelque peu factice d’autant plus que si on regarde le nombre de locuteurs francophones il n’y a pas une majorité absolue en France, loin de là ».(G.Vigneault)

 « Le choix de la langue française ne m’a pas été donné, je suis née avec. Je fais ce que je peux avec la langue qui est la mienne. Parfois j’utilise le patois pour mieux exprimer une idée… Chaque langue a sa propre beauté. Les langues peuvent se retrouver sur l’esthétique. Je ne comprends pas ces distinctions de nationalité, elles me semblent vaines. Je crois très fort en l’individualité de chaque écrivain, on a chacun un univers et un monde… » (Noëlle Revaz ).

Ahmed Hanifi